« Moché convoqua toute la communauté des enfants d’Israël et leur dit : “Voici les choses que l’Éternel a ordonné d’observer” » (Chémot 35, 1) Rachi rapporte que cela se passa le lendemain de Yom Kippour, lorsqu’il descendit du mont Sinaï.


Le Sifté Cohen, l’un des disciples du Ari hakadoch, ajoute que les femmes furent également présentes, afin d’apprendre les nombreuses hala’hot qui les concernent. Les enfants furent aussi invités à assister à ce rassemblement, dans le but de les habituer à venir à la synagogue, plutôt que de vagabonder dans la rue…
Rabbi Moché Tourk zatsal, l’un des illustres enseignants du ‘Hinoukh Atsmaï, racontait la parabole suivante.
Le ‘Hinoukh Atsmaï, à ses débuts, était dépourvu de moyens financiers. Le peu qu’il possédait servait à ouvrir de nouvelles institutions, et le budget était incapable de couvrir le salaire des enseignants. Ainsi, il arriva que pendant de nombreux mois d’affilée, les enseignants ne reçurent pas leur salaire. Voyant que la situation empirait et qu’aucune solution ne se dessinait à l’horizon, le corps enseignant se réunit. L’éventualité de faire la grève fut soulevée, mais elle fut aussitôt rejetée par l’ensemble des enseignants. Comment abandonneraient-ils des enfants sans leur prodiguer des cours de Torah ! « Le monde n’existe que grâce au mérite de l’haleine des enfants qui étudient la Torah ». S’agirait-il de construire le Beth Hamikdach, il serait interdit d’annuler un cours de Torah des enfants.
Soudain, quelqu’un proposa une initiative à laquelle personne n’avait pensé : « Faisons la grève des études profanes enseignées l’après-midi ».
La proposition fut aussitôt acceptée, mais les dirigeants du mouvement de protestation arguèrent qu’en tant que ‘harédim, il conviendrait de proposer cette décision à un Grand de la Torah, afin de recevoir au préalable son accord.
Rabbi Moché Tourk se présenta chez rabbi Yossef Cahaneman, l’illustre roch yéchiva de Poniewez, et lui raconta combien il était difficile pour les enseignants de subvenir aux besoins de la famille, sans recevoir de salaire pendant de nombreux mois. Rabbi Yossef Cahaneman fut très ému par l’abnégation des instituteurs qui malgré les difficultés, continuaient à enseigner avec méssirout néfesh.
Lorsqu’il fut mis au courant de la décision qui avait été adoptée, il se leva soudain, toisa son interlocuteur avec son regard éclatant, puis il s’écria en larmes : « Et les enfants, où seront-ils pendant l’après-midi ? Dans la rue… ?»
Les enseignants regagnèrent leurs postes, et continuèrent à enseigner, après la leçon magistrale du roch yéchiva.
Par Chalom C., en partenariat avec Hamodia.fr