Les premiers versets de la parachath Toledoth sont consacrés au récit de la stérilité de Rébecca et à celui de la naissance, après vingt ans d’espoir et de prières, de ses fils Jacob et Esaü.
Le récit biblique contient maints récits de naissances tardives d’enfants venus au monde après de longues périodes de stérilité de leurs mères :
– Sara (Berèchith 11, 30 ; 18, 1 à 15 ; 21, 1 à 7).
– Rachel (Berèchith 30, 1 à 8 ; 22 à 24).
– La mère de Samson (Choftim 13, 2 et suivants).
– ‘Hanna, la mère de Samuel (I Samuel 1, 1 à 20).
– La Sunamite (II Rois 4, 8 à 37).

Ces récits rapportent généralement les souffrances endurées par ces femmes à cause de leur infécondité, l’annonce d’une naissance imminente par un ange ou par Hachem (dans le cas de la Sunamite, par le prophète Elisée), et la venue au monde de l’enfant attendu, avec souvent une explication de son nom.
Une différence sépare toutefois Rébecca de ces autres femmes : Elle est la seule dont les souffrances pendant sa grossesse sont mentionnées dans la Tora : « Ses fils se heurtaient dans son sein. Elle dit : S’il en est ainsi, pourquoi suis-je là ? Elle alla consulter Hachem » (Berèchith 25, 22).

Elle savait qu’elle portait des jumeaux, mais ce n’est pas là que résidait la raison de ses souffrances. Tamar a donné elle aussi naissance à des jumeaux (Berèchith 38, 27), mais sans que soit mentionnée une douleur quelconque. Remarquons d’ailleurs que la gémellité est vue d’un bon œil dans la Bible (Voir notamment Cantique des cantiques 4, 2 et 6, 6).

C’est que lorsqu’elle passait devant les « portes de Tora » de Chem et de ‘Evèr, Jacob se mettait à courir et « heurtait » pour sortir. Et lorsqu’elle passait devant les « portes de l’idolâtrie », c’est Esaü qui se mettait à courir et « heurtait » pour sortir (Berèchith rabba 63, 6, cité par Rachi).
Et pourtant, objecte le Maharal (Gour Aryè Berèchith 25, 22), le penchant au mal n’exerce son empire sur l’être humain qu’à partir de sa naissance (Sanhédrin 91b). Il n’avait par conséquent aucune raison de se manifester pendant la grossesse de sa mère. En fait, répond-il, ce n’est pas ce penchant qui animait Esaü dans le sein de celle-ci, mais l’influence de sa nature profonde : l’idolâtrie a exercé sur lui sa domination avant même qu’il fût né.

 

Haftara de la veille d’un roch ‘hodèch –
La symbolique des trois flèches

Pour informer David des intentions, malveillantes ou non, du roi Saül, son père, Jonathan a convenu avec lui d’un « code » : Il tirera trois flèches à proximité de la cachette où se sera dissimulé son ami. Selon que ces flèches tomberont en deçà ou au-delà de lui, celui-ci saura s’il doit s’enfuir ou si, au contraire, il peut réintégrer le Palais royal.

Pourquoi ce subterfuge ? Jonathan aurait pu pourtant s’adresser directement et de vive voix à David. En outre, en faisant intervenir une tierce personne, le jeune garçon chargé de ramasser les flèches, il mettait la vie de celui-ci en danger. Certes, ce jeune garçon n’était pas dans la confidence. Mais si les choses devaient tourner mal, il aurait pu risquer lui aussi de se voir accuser de lèse-majesté.

En réalité, comme l’explique Malbim (ad I Samuel 20, 20), cet épisode doit être compris dans sa signification symbolique. Le mot « flèche » (חץ) évoque dans la littérature rabbinique la parole calomnieuse (לשון הרע), appelée également « triple langage », en ce qu’elle porte atteinte à trois personnes : à celui qui l’émet, à celui qui l’entend, et à celui sur le compte duquel elle est prononcée.

Or, Jonathan se refusait à émettre la moindre calomnie sur son père. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il lui a fallu trouver un moyen d’avertir David qui le mette à l’abri de ce péché grave. C’est ainsi qu’il aurait imaginé cette manière détournée d’avertir David.

Jacques KOHN zal’