Le livre des « Juges » partie XIX

Gédéon – quatrième partie

Le mode de recrutement des soldats de Gédéon : leur façon de boire.

 

Deux façons de boire

Gédéon s’installa avec ses hommes, au nombre de trente-deux mille, à proximité du camp des Midianites, établi dans la vallée de Yizre’èl, près de la colline de Moré (tout près de l’actuelle Afoula). Comme Hachem ne voulait pas que son armée puisse s’attribuer plus tard le mérite de sa victoire, Il ordonna à Gédéon de renvoyer dans leurs foyers ceux qui avaient peur d’affronter l’ennemi, après leur avoir lancé la proclamation prévue dans Devarim 20, 9. Vingt-deux mille hommes s’en retournèrent chez eux. Puis, le nombre de combattants étant encore trop important, Il lui demanda de diriger ses soldats vers la source voisine de ‘Harod (située près de l’actuel kibbouts du même nom) et de les trier en les y faisant boire.

On observa alors deux sortes de comportements : celui des hommes qui lapaient l’eau (dans leur main) comme le font les chiens, et celui des buveurs qui se courbaient sur leurs genoux pour boire. Ce sont les premiers, au nombre de trois cents, qui ont donné la victoire à Gédéon, alors que les seconds ont été aussitôt démobilisés.

Selon la Guemara, cette guerre constituait une mitswa ; il était donc indispensable que les combattants soient en état de sainteté. Les vingt-deux mille hommes qui durent rentrer chez eux étaient inaptes à accomplir cette mitswa, s’étant interrompus « entre les tefiline de la main et celles de la tête » (Sota 44b – voir Rachi ad loc.).

Quant au choix des combattants selon leur façon de boire, expliquent les commentateurs (voir Radaq ad 7, 4), elle tient à ce que ceux qui se sont agenouillés ont témoigné par là de leurs tendances à l’idolâtrie, alors que les autres ont échappé à tout soupçon de ce genre.

Une autre raison est suggérée par Yehouda Elitsour (Séfèr Choftim – Collection Da‘ath Miqra) :

Ceux qui ont bu en s’agenouillant ont probablement déposé sur le sol leur bouclier assujetti à leur bras gauche, et leur javelot – ou leur épée – portés du côté droit. Puis ils se sont inclinés sur les genoux et ont trempé leurs visages dans l’eau. Dans une telle posture, ils auraient été à la merci de l’ennemi s’il les avait attaqués par surprise. Ils n’auraient pas pu le voir s’approcher, ni n’auraient eu à leur portée immédiate une arme pour résister. Le temps de retrouver leurs équipements, ils auraient été neutralisés.

Quant à ceux qui ont bu comme le font les chiens, on peut se les représenter de la façon suivante : Ils ont probablement fléchi un seul genou, retenant leur bouclier et déposant les armes tenues de leur main droite. Puis ils ont, de cette même main, recueilli de l’eau de la rivière et l’ont portée à leur bouche. Dans cette posture, ils sont restés attentifs à ce qui les entourait, de sorte qu’ils auraient pu résister à une attaque inopinée : Leurs boucliers étaient tenus en main et ils auraient pu saisir aussitôt leur javelot ou leur épée et les utiliser. Il n’y avait aucun risque que l’ennemi pût les prendre par surprise.

A suivre…

Jacques KOHN Zal