Les discours de Rav Chalom Schwadron zatsal (1912-1997) étaient réputés pour être incisifs et pleins d’effervescence, en particulier ceux qu’il prononça pendant plus de 40 ans dans la vieille synagogue « Zikhron Moché » à Jérusalem. Dans l’un d’eux, il raconta cette intéressante discussion avec la vivacité qui le caractérisait…

« QUELQUES JOURS avant la fête de Chavouot, l’un de mes fidèles auditeurs s’était présenté à moi, visiblement troublé par mon propos. Certains principes du judaïsme le laissaient manifestement perplexe et il m’exposa son problème comme un véritable réquisitoire : « Rav Chalom, vous autres les rabbanim avez l’habileté d’orienter chaque chose dans la direction que vous voulez lui donner… J’ai tant entendu parler bien des rabbanim sur l’importance de l’étude de la Torah et sur le fait qu’elle constitue le centre de notre vie. Toutes ces paroles m’ont parfois paru quelque peu exagérées, mais je suis néanmoins prêt à les accepter… Mais à présent, vous nous exposez tout un discours sur la fête de Chavouot, et vous la présentez comme le jour du Don de la Torah : vous vous y êtes à nouveau étendu, notamment sur l’importance de l’étude de cette nuit-là. Or à présent je ne comprends plus rien ! Comment êtes-vous parvenu à ramener une fête une fois de plus… à l’étude de la Torah ? » Reprenant à peine son souffle, il poursuivit sa tirade : « Qu’est-ce que cette fête représente- t-elle au juste ? Le jour où la Torah fut donnée, c’est-à-dire où les enfants d’Israël reçurent les Dix commandements. Or qu’y est-il dit ? ‘Ne vole point, ne tue point, honore ton père et ta mère’ etc., sans qu’aucune mention de l’étude de la Torah n’y apparaisse ! Expliquez-moi donc comment êtes-vous parvenu à raccorder une fois de plus ce thème avec l’étude de la Torah ? »

Je lui répondis alors en ces termes : « En réalité, votre remarque semble tout à fait pertinente ! Lors du Don de la Torah, nous n’avons reçu que l’injonction des Dix commandements. Et par conséquent, comment se fait-il effectivement que la fête de Chavouot soit ainsi centrée autour de l’étude de la Torah ? Néanmoins, ajoutais-je aussitôt, ce lien semble incontestable, comme le révèle ce passage du Talmud (Traité Pessa’him, page 68) qui raconte : ‘Rav Yossef disait le jour de Chavouot : Qu’on me serve un jeune veau, car si ce n’était la contribution de ce jour, combien de Yossef trouverait-on dans la rue !’ [Autrement dit, s’il n’y avait l’étude de la Torah, lui-même aurait été un homme parfaitement ordinaire – Ndlr].

En outre, cet aspect de la Révélation du Sinaï semble incontournable : pour quel motif ce jour célébrait-il le Don des mitsvot, alors que la majorité d’entre elles ne furent transmises qu’au courant des quarante années suivantes, et alors que certaines d’entre elles avaient déjà été ordonnées auparavant ? Si ce n’était qu’à l’égard des Dix commandements donnés au mont Sinaï, nous n’aurions certainement pas célébré ce jour avec tant de réjouissances !» Je conclus alors ma réponse par une dernière remarque : « En réalité, il convient de comprendre pour quelle raison les Dix commandements furent ainsi accompagnés par tant de feu et d’éclairs ! Si ce n’était effectivement que la formulation de dix mitsvot générales qui était survenue en ce jour, pour quelle raison le don des sept commandements de Noa’h ne fut-il pas accompagné lui aussi par autant de solennité ? Toutes ces réflexions nous conduisent nécessairement à comprendre qu’à travers la Révélation du mont Sinaï, un événement nettement plus important survint : c’est incontestablement en ce jour que la Torah fut donnée au peuple d’Israël. Et c’est à ce moment précis que la Torah fut ‘arrachée’ des Cieux pour être donnée ici-bas aux hommes !

En effet, jusqu’à ce jour, les hommes se contentaient d’étudier une Torah ‘céleste’, qui ne leur appartenait pas au sens propre et à laquelle ils ne pouvaient s’identifier intimement ; c’est donc bien en ce jour-ci que la dimension entière de l’étude de la Torah nous fut réellement offerte, et depuis lors, lorsque nous nous attachons à l’étudier, c’est notre propre Torah que nous étudions ! C’est ainsi que la Science divine est devenue une part inhérente de notre être, et c’est en l’étudiant que l’homme parvient à s’élever, comme l’énonce Rachi dans ce passage du Talmud : ‘C’est en étudiant abondamment la Torah que je me suis élevé’ ! ».(*)

Y. BENDENNOUNE
(*) Extrait du livre « Haggadat Rav Chalom »
(page 448).
26.05.2009 – Hamodia page 23
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