À Chavouot, nous avons reçu la Torah qui nous permet d’accéder, grâce à l’accomplissement des mitsvot, au olam haba, au monde futur. De nombreuses histoires relatent l’abnégation de certains tsaddikim qui étaient prêts à renoncer à leur monde futur pour le bien d’autrui. La parabole suivante traite d’un cas un légèrement différent… :

Dans la ville de Sloutsk, habitait un riche docteur qui avait abandonné le chemin de la Torah. Un jour, il remarqua que le boucher s’apprêtait à fermer sa boutique alors qu’il était encore tôt. Piqué par la curiosité, il s’adressa au boucher qui lui dit qu’il allait prier min’ha à la synagogue. « Il est vrai que je perds quelques clients, mais je gagne le olam haba. » Le docteur ricana et lui dit : « Mais il n’y a pas de olam haba ». Le boucher rétorqua « Peut-être que pour vous, il n’y en a pas. Mais quant à moi, j’espère y accéder ». Le docteur, offensé par la réponse, lui proposa le sien pour un rouble, et l’affaire fut conclue.

Quelques années plus tard, la femme du docteur se présenta à la boucherie, et raconta au commerçant que son mari décédé lui était venu en rêve. Après avoir expié ses nombreuses fautes, il méritait le olam haba pour avoir sauvé beaucoup de vies, parfois bénévolement mais il s’avéra qu’il l’avait vendu… Sa femme supplia le boucher de reprendre le rouble et d’annuler la vente, mais le boucher refusa. Elle alla chez le rav de la ville, l’illustre Ridvaz, et ce dernier invita le boucher à se rendre le lendemain à la grande synagogue de la ville, où siègera le tribunal en session spéciale, à cause de la singularité du cas. Le lendemain, toute la ville se pressait dans la synagogue. Après avoir entendu les deux côtés et délibéré avec les autres Dayanim de la ville, le Ridvaz rendit un verdict composé de trois paragraphes.
– Le monde futur est une récompense pour ceux qui ont œuvré en ce monde, et ne peut en aucun cas être vendu ou transféré de main en main. Le boucher doit donc restituer le rouble à la veuve.
– Le docteur, en se moquant du olam haba, a perdu la récompense de ses bonnes actions, comme stipulé dans le Talmud (Sanhédrin 90a), et ne mérite donc pas le monde futur.
– Cette session du Tribunal a causé un grand Kiddouch Hachem pour toutes les personnes présentes, et l’origine de cette sanctification du Nom Divin étant le docteur, et ne serait-ce que pour cette raison, il mérite donc d’être admis au olam haba…. (Maxime des Pères 5, 18)

Par Chalom C