Les Sages du Talmud (Arakhin 15b) affirment: «Les affections lépreuses résultent du lachon ha-ra’ (médisance).»

Ne nous étonnons pas, explique le Mé’am Lo’èz ?citant le Aqeida  si de nombreuses personnes habituées à médire sont en bonne santé et ne souffrent pas de tsaraath ni d’aucune autre maladie. En réalité, la «lèpre» dont parle la Tora affecte soit le corps, soit l’âme. Si elle n’a pas atteint le premier, c’est parce qu’elle a touché la deuxième. Or, la tsaraath de l’âme est la plus grave et, selon l’enseignement du Zohar , un emplacement particulier, dans le Palais de Hachem, est réservé aux âmes de ceux ayant médit, où elles souffrent et endurent leur punition.

Si c’est en raison du lachon ha-ra’ que ces plaies lépreuses s’abattent sur l’homme, note le Hafets Hayim , pourquoi n’affectent-elles plus tous ceux qui, aujourd’hui encore, commettent ce grave péché?

Et ce Maître de répondre: Comme nous ne sommes plus en mesure d’apporter des sacrifices et d’obtenir le pardon complet de nos fautes, nous ne pourrions guérir entièrement de la tsaraath . Hachem nous a donc pris en pitié, et ne nous inflige plus de châtiment dont il est devenu impossible de nous faire pardonner ce qui l’a provoqué.

Il était un colporteur, lisons-nous dans le Midrach , qui avait coutume de parcourir les localités voisines de Tsipori en proclamant: «Qui désire acquérir l’élixir de vie?», et attirait ainsi une foule de curieux. Rabbi Yanaï, qui se trouvait chez lui et enseignait la Tora, l’entendit ainsi crier: «Qui désire acquérir l’élixir de vie?» Il lui dit: «Viens donc ici, et vends-le-moi!

« Ni toi ni tes semblables n’en ont besoin! » lui répliqua le marchand ambulant. Comme le Maître insista, il monta chez lui, sortit le livre des Tehilim , et lui montra le verset (34, 13): «Quel est l’homme qui désire la vie, qui aime les jours pour voir du bien?» Or, qu’est-il écrit juste ensuite? «Préserve ta langue du mal et tes lèvres des discours perfides?» Rabbi Yanaï fit remarquer: «Toute ma vie, je lisais ce passage, mais j’ignorais à quel point il est simple, jusqu’au moment où est venu ce colporteur» ( Wayiqra Rabba 16, 2).

Ce passage du Midrach est quelque peu étonnant.
Quelle grande nouveauté cet homme a-t-il apportée à Rabbi Yanaï, en lui citant ce verset si connu et une explication évidente ?!

Rav Yits’aq Blazer donne la réponse suivante: La «vie» est un terme très général qui, accompagné d’une simple épithète, peut exprimer des concepts très différents. Ainsi, nous parlons d’une «vie longue» ou «bonne», mais parfois aussi d’une «vie mauvaise» ou «amère». Il y a des gens dont «la vie n’en est pas une», et d’autres «considérés de leur vivant comme des morts».

En proclamant: «Qui désire acquérir l’élixir de vie?», le colporteur ne voulait pas parler de la vie en ce monde, ou d’une «longue vie», mais d’une «vie bonne», à savoir dirigée vers un but et chargée de signification. En cela, son affirmation est véritablement innovatrice, car suivant le sens simple du Texte, la question ? «Quel est l’homme qui désire la vie??» ? semble juste exclure le contraire de la «vie», à savoir la «mort», sans plus. La nouveauté apportée par le colporteur a donc été que le terme «vie» ne désigne pas simplement ici le fait de «vivre» ? en tant que contraire de la mort ? mais celui de vivre une «vie bonne», chargée de sens.

Cela pour nous apprendre que tous les plaisirs de ce monde n’entrent pas dans la définition de la «vie». Celle-ci n’est acquise que par celui qui retient sa langue de proférer le mal, et qui s’attache à une existence de Tora et de mitswoth .

Celle-ci sera la loi du lépreux. (14, 2)

La suite de ce verset des Tehilim ? où le roi David parle de «celui qui aime les jours pour voir du bien» ? requiert, elle aussi, une explication. A qui cette expression fait-elle référence? Le Choél ou-Méchiv rapporte l’interprétation suivante du Qetsoth ha-?Hochèn : Dans leurs tournées et voyages, les colporteurs et commerçants affrontent de tels dangers et tribulations qu’ils attendent avidement de retrouver leurs foyers. Mais après avoir passé un certain temps chez eux, s’occupant de leurs affaires et préparant leurs prochains déplacements, ils se demandent anxieusement quand, enfin, ils pourront repartir au loin et reprendre leurs négoces. C’est ainsi qu’ils attendent constamment que «les jours passent» et que le temps s’écoule?

Un homme intègre, sincèrement attaché à la Tora et aux mitswoth , ne guette pas, lui, que «les jours passent». Bien au contraire, «il aime les jours» parce qu’il s’y affaire «pour voir le bien» qu’ils contiennent. Il en exploite chaque instant au profit de la Tora et du service de Hachem.

C’est ainsi que nous pouvons comprendre la réponse faite par le marchand à Rabbi Yanaï: «Ni toi ni tes semblables n’en avez besoin!» Autrement dit, des hommes comme ce Sage savent exploiter leurs jours et en retirer tout le «bien» pour y progresser et s’y élever. Contrairement aux gens de la masse, ils n’attendent pas que le temps passe?

La dernière réaction de Rabbi Yanaï  «mais j’ignorais à quel point il est simple» mérite, elle aussi, quelques éclaircissements.

Rav Yerou?ham Leivovitz, le Machguia’h de Mir, avait l’habitude de dire que l’homme doit atteindre un niveau où les sujets ayant trait à la Tora et aux mitswoth sont si clairs et patents qu’il peut en parler comme un colporteur ou un commerçant vante ses marchandises sur la place du marché.

Voilà donc ce qu’a voulu dire Rabbi Yanaï a : Je n’étais pas conscient à quel point ce verset des Tehilim pouvait prendre une consistance si pratique et concrète!