Une synagogue construite en 1906 dans la ville de Tomsk, en Sibérie, par des Juifs ‘cantonistes’ enrôlés de force dès l’âge de 12 ans dans l’armée du Tsar, vient d’être restituée à la communauté juive locale.

Ces enfants soldats subissaient la politique appliquée à partir de l’année 1827, sous le règne du Tsar Nicolas 1e. Il avait édicté une loi obligeant chaque communauté juive à donner 10 enfants de plus de 12 ans pour 1 000 Juifs. Ces mesures ont cessé dès l’accession au trône du fils de Nicolas 1e, Alexandre II, 29 ans plus tard.

Mais tant qu’elles étaient en vigueur, les malheureux enfants arrachés à leur famille étaient placés dans des pensions militaires et incorporés dans l’armée à l’âge de 18 ans pour 20 ans de service !!  Il y a eu au total près de 75 000 Juifs ‘cantonistes’ et près de 300 000 jeunes soldats non-juifs qui étaient intégrés à l’armée du Tsar à l’âge de 17 ans.

C’est dans cette belle synagogue construite entièrement en bois que priaient avec ferveur ces jeunes conscrits éloignés de leur foyer. En 1930, elle a été confisquée par les autorités communistes qui l’ont transformée en établissement municipal avant d’y aménager des appartements où se sont installées 17 familles.

Ces dernières années, des démarches ont été entreprises pour que l’édifice soit rendu à la communauté juive de Tomsk qui compte aujourd’hui près de 1 000 membres. Et la ville a répondu à cette attente en 2013, a précisé le Rav Levi Kaminetsky, grand rabbin de Tomsk et émissaire H’abad de toute la région.

La municipalité a trouvé des solutions de relogements pour les habitants qui vivaient dans les appartements et a entrepris des travaux pour remettre en état la maison dont les fondations sont en mauvais état. De son côté, la communauté juive termine la construction d’un centre communautaire adjacent.

La cérémonie organisée à l’occasion de la restitution de la synagogue à la communauté juive était très émouvante. Elle a eu lieu jeudi dernier en présence notamment du grand rabbin de Russie, Rav Berel Lazar.

Une heure avant l’événement, l’assistance a eu la surprise de voir arriver le petit-fils de l’homme qui était l’administrateur (Gabaï) de la synagogue. Il est venu avec un Sefer Tora qui avait servi dans ce lieu de prières et avait été écrit par l’un des ‘cantonistes’, Tzvi Hertz Yankelowitz, dont les initiales figurent sur le rideau de l’arche sainte (Paroh’et) très bien conservé.