La Torah stipule que lorsqu’une personne tue autrui par inadvertance, elle doit aller « s’exiler » dans l’une des villes de refuge. En effet, du « vengeur de sang » – un proche parent de la victime – avait l’autorisation de tuer le meurtrier, tant qu’il ne s’était pas réfugié dans l’une de ces villes.


Le verset énonce dans notre paracha l’obligation de désigner trois villes de refuge pour l’ensemble du territoire d’Israël : « Tu réserveras trois villes dans ce pays dont l’Eternel t’accorde la possession (…) pour que tout meurtrier puisse s’y réfugier » (Dévarim 19, 2-3). Ceci signifie qu’à l’intérieur de ces villes de refuge, le goël hadam [le vengeur du sang] n’était pas autorisé à attenter aux jours du meurtrier de son proche parent, et s’il le faisait, il était alors lui-même considéré comme un meurtrier avec préméditation.
Au total, il y avait six villes de refuge dans l’ensemble du territoire en possession d’Israël : trois à l’est du Jourdain, désignées par Moché avant son décès, et trois autres à l’ouest du fleuve, choisies par Yéhochoua. Toutefois, ces six villes sont interdépendantes : aucune d’elles n’a la possibilité de protéger un meurtrier tant que les cinq autres ne sont pas en fonction.
Il incombait au Sanhédrin de faciliter le plus possible l’accès à ces villes, afin que les personnes ayant tué par inadvertance puissent en trouver la direction facilement. De ce fait, les routes conduisant à ces villes devaient être nivelées, nettoyées de toute aspérité et ne traversaient ni monts, ni rivières. Leur largeur devait être d’une mesure minimale de trente-deux coudées (seize mètres), et à chaque intersection, des panneaux indicateurs devaient signaler la direction à suive. Ce règlement était de la plus haute importance, dans la mesure où un manque d’indication pouvait s’avérer fatal pour le meurtrier fuyant le goël hadam.
Les villes de refuge ne devaient être ni trop grandes, ni de dimension trop réduite. En effet, il fallait d’une part que les meurtriers puissent y trouver tout ce dont ils avaient besoin pendant leur séjour dans ces villes (qui se prolongeait jusqu’au décès du Cohen Gadol), et qu’ils ne soient pas contraints d’en sortir et de mettre ainsi leurs jours en péril. Mais d’autre part, ces villes ne devaient pas être non plus trop importantes, sans quoi le vengeur du sang pouvait y pénétrer en toute discrétion, et exercer sa vengeance de manière parfaitement illégale. Pour ces mêmes raisons, il fallait impérativement qu’une source d’eau passe par chacune de ces villes. Et si ce n’était pas le cas, on détournait jusqu’à elles une rivière afin d’y assurer la survie des meurtriers.
Outre ces six villes de refuge, la totalité des villes offerte à la tribu des Léviim – qui s’élevaient au nombre de quarante-deux – avait également la capacité de protéger les meurtriers par inadvertance. Il y avait cependant une différence essentielle entre ces deux catégories de villes de refuge : les villes de Léviim ne protégeaient le meurtrier que s’il y pénétrait dans l’intention formelle d’y trouver refuge, tandis que les six autres villes le protégeaient même s’il n’avait pas conscience de s’y trouver. Ainsi, si un tel meurtre se déroulait dans l’un de ces six villes, nul ne pouvait jamais porter atteinte au meurtrier dans la mesure où il y était automatiquement protégé.
Par ailleurs, une autre distinction apparaît entre ces deux catégories de villes : dans les six villes de refuge, les meurtriers étaient logés aux frais de la ville et ne devaient payer aucun loyer durant tout leur séjour, contrairement aux villes des Léviim où cette commodité n’existait pas.
Du temps du Machia’h, on ajoutera trois villes supplémentaires à ces six villes de refuge. Nous l’apprenons également des versets de notre paracha : « Si tu t’appliques à accomplir toute cette loi que Je t’impose en ce jour (…) alors tu ajouteras encore trois villes à ces trois-là » (verset 9). Ces villes seront établies dans les territoires des peuples du Kini, du Kénizi et du Kadmoni, qui complètent la terre des dix peuples que D.ieu nous a promis pour les temps futurs.Par Yonathan Bendennnoune,en partenariat avec Hamodia.fr