Tandis que la Tora décrit avec force détails la façon dont sont morts les partisans de Kora’h , elle ne dit mot nulle part sur ce que fut la fin de Kora’h lui-même.
C’est la Guemara ( Sanhédrin 110a) qui nous informe sur son sort …

Selon rabbi Yo’hanan , Kora’h n’a été ni du nombre de ceux qui ont été engloutis ni du nombre de ceux qui ont été brûlés. Mais, précise Rachi , il a péri dans l’épidémie qui a suivi ( Bamidbar 17, 14). Il n’est mort, explicite rabbi Yo’hanan , ni avec ceux qui ont été engloutis, puisqu’il est écrit : « avec tous les gens qui avaient suivi Kora’h » (16, 32), ni avec ceux qui ont été brûlés, puisqu’il est écrit que « le feu a dévoré les deux cent cinquante hommes (26, 10), et donc pas Kora’h lui-même, qui était le deux cent cinquante et unième.

Mais rabbi Yo’hanan est contredit par une autre source selon laquelle Kora’h a été du nombre de ceux qui ont été brûlés puis engloutis. Du nombre de ceux qui ont été engloutis, puisqu’il est écrit que « la terre les a engloutis ainsi que Kora’h » ( Ibid .), et du nombre de ceux qui ont été brûlés, puisqu’il est écrit qu’un feu est sorti de devant Hachem qui a dévoré les deux cent cinquante hommes, ceux qui avaient offert de l’encens (16, 35). Or, Kora’h était de ceux-là.

Haftarath parachath Kora’h : Conduite méritoire ou non

A la fin de la haftara (I Samuel 11, 14 à 12, 22), le prophète Samuel, après avoir fait taire ceux des enfants d’Israël qui le soupçonnaient, tout comme l’avaient fait Kora’h et ses sympathisants envers Moïse, de s’être enrichi dans ses fonctions, et après avoir obtenu du peuple son quitus, termine son testament spirituel sur une note d’espoir : « Car Hachem ne délaissera point Son peuple à cause de Son grand Nom, parce que Hachem s’est plu à faire de vous Son peuple » (12, 22).

Ce verset est à rapprocher d’un autre, qui lui ressemble beaucoup : « Car Hachem ne délaissera point Son peuple et n’abandonnera point son héritage » (Psaumes 94, 14).

Le Midrach Ruth rabba (2, 11) rapporte à ce sujet un enseignement de Rabbi Chemouel bar Na’hman : Il arrive que le Saint béni soit-Il sauve Israël afin de préserver Sa propre réputation, et il arrive aussi qu’Il le fasse pour le délivrer lui-même ainsi que son héritage. A ce sujet, Rabbi Aybi a enseigné : Lorsque la conduite d’ Israël est méritoire, Hachem le sauve pour lui-même, et lorsqu’elle ne l’est pas, Il le sauve à cause de Son grand Nom. Et les rabbins ont enseigné que Hachem sauve Son peuple, en Erets Yisraël , pour lui-même, tandis qu’Il le sauve en diaspora pour préserver Sa propre réputation, ainsi qu’il est écrit : « À cause de Moi-même, à cause de Moi-même, Je le ferai? » (Isaïe 48, 11).

Rav Baroukh ASCHLAG (1907-1991) rapproche cette confrontation des deux versets en question de l’interprétation que donne la Guemara ( Sanhédrin 98a) du verset : « Le petit deviendra mille, et le moindre, une nation forte. Moi, Hachem , en son temps je le hâterai » (Isaïe 60, 22). Ce verset veut dire, explique Rabbi Alexanderi , que s’ils le méritent Hachem hâtera l’événement (c’est-à-dire l’ère messianique), et s’ils ne le méritent pas il n’arrivera qu’au temps qui lui a été fixé.

De la même manière, explique rav ASCHLAG, c’est « à cause de son grand Nom » que Hachem nous sauvera si notre conduite n’est pas méritoire, et c’est « pour Son peuple et son héritage » qu’il nous libérera si nous le méritons.

Jacques KOHN zal’