Avec la révolte de Qora‘h nous assistons une nouvelle fois à une querelle au sein d’une même famille, thème récurrent dans la Tora. Après l’épisode des frères ennemis : Caïn et Abel, Jacob et Esaü et Joseph et ses frères, voici celui des cousins que tout sépare. Qora‘h est en effet le cousin germain de Moïse, leurs pères, Yitshar et Amram étant frères, fils de Qehath (Chemoth 6, 18).

Mais tandis que l’enjeu des trois premières querelles était de nature successorale, celle qui a opposé Qora‘h à Moïse se voulait égalitariste : Pourquoi, argumentait Qora‘h, réserver le sacerdoce à la seule caste des descendants de Lévi, alors que l’ensemble de la communauté d’Israël participe de la même sainteté (Bamidbar 16, 3) ?Argument démagogique, employé pour flatter l’ensemble du peuple, et contre lequel Moïse aura le plus grand mal à sa défendre.Il est cependant frappant de constater certaines similitudes de la révolte de Qora‘h avec la querelle de Caïn et Abel.

C’est ainsi que la terre, dans les deux cas, « ouvre sa bouche », la première fois pour recueillir le sang d’Abel (Berèchith 4, 11), et la seconde pour engloutir les factieux qui avaient entouré Qora‘h (Bamidbar 16, 32), et l’on sait que « la bouche de la terre » a fait partie des dix choses que Hachem a créées le sixième jour de la création au crépuscule (Avoth 5, 6).

D’autre part, les noms mêmes des personnages principaux ne sont pas sans rapport. Celui d’Abel (הבל en hébreu) évoque la buée, tandis que celui de Qora‘h (קרח en hébreu) renvoie à l’idée de glace, soit les deux états extrêmes de l’eau.

Signalons encore que, tandis que la descendance de Caïn a disparu de l’histoire (à l’exception de Naama, fille de Lémekh, descendant de celui-ci, et épouse de Noé), les fils de Qora‘h, personnages vertueux, y ont laissé une trace en composant onze des cent-cinquante Psaumes.

Jacques KOHN Zal