« Ceci est la loi ( zoth ha-Tora ) : un homme ( adam ), lorsqu'il mourra dans une tente… » ( Bamidbar 19, 14).
Cette expression liminaire « zoth ha-Tora » peut paraître superflue, et l'on est en droit de se demander pourquoi ce verset ne commence pas par les mots : « Un homme, lorsqu'il mourra… ».

On sait qu'un cadavre, lorsqu'il se trouve dans une « tente », rend impur tout ce qui se trouve sous cette tente. Qu'en a-t-il été, se demande la Guemara (Nidda 70b), de la femme de Lot qui a été transformée en une statue de sel ? Aurait-elle rendu impur le contenu d'une tente ? Et de répondre que seul un cadavre « normal » peut rendre impur, mais non une statue de sel.

Mais n'avons-nous pas pour règle, objectent les Tossafoth , que le mot adam ne désigne que les membres du peuple juif (Voir Yevamoth 61a), de sorte que le cadavre de la femme de Lot, qui n'en faisait pas partie, n'aurait pas rendu une tente impure même si elle était décédée normalement ?

En fait, répondent les Tossafoth , le titre de adam n'a été conféré aux enfants d'Israël qu'après qu'ils ont reçu la Tora , de sorte que les règles d'impureté, avant la révélation au mont Sinaï, s'appliquaient à tous les êtres humains.

Voilà pourquoi l'énoncé des règles d'impureté définies dans notre paracha est précédé de l'expression : zoth ha-Tora , comme pour nous rappeler que c'est la Tora qui a élevé les enfants d'Israël à la dignité de adam .

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Haftarath parachath ‘Houqath – Iphigénie, personnage biblique ?

Selon le Sédèr ‘Olam , les Hébreux sont sortis d'Egypte en 2448. Cette date correspond, selon la chronologie adoptée par notre tradition, à 1313 ans avant l'ère commune. La conquête des territoires de Transjordanie, accordés aux tribus de Ruben, Gad et à la moitié de celle de Manassé, a eu lieu la même année que le commencement de la conquête d' Erets Yisrael , donc quarante ans plus tard (2488).

Toujours pour le Sédèr ‘Olam , c'est dans la deuxième année de son accession au pouvoir que Jephté rappelle au roi des Ammonites que la conquête par Israël des territoires transjordaniens a été réalisée trois cents ans auparavant ( Choftim 11, 26) . Autrement dit, son avènement s'est produit en 2746.

Nous savons par ailleurs que Jephté a gouverné Israël pendant six ans ( Choftim 12, 7), donc de l'an 2744 à 2750, soit de 1015 à 1009 avant l'ère commune (12, 7).

Or, il est couramment admis que Homère, dont l'Iliade constitue l'une des œuvres maîtresses, serait né, s'il a effectivement existé, entre le dixième et le sixième siècles avant l'ère commune.

Nous savons que les Grecs étaient habiles à s'approprier les histoires des autres peuples et à en faire des fables.

On peut donc imaginer quelque parenté entre ce qu'il est advenu à la fille de Jephté et le mythe d'Iphigénie, sacrifiée sur un autel.

Il est tout à fait possible que Homère ait eu connaissance par des voyageurs de ce qui était arrivé à Jephté et à sa fille, et qu'il en ait transformé le récit en un mythe qu'il aurait ensuite introduit dans l'Iliade. On peut d'ailleurs penser que le nom « Iphigénie » a pu être une déformation de « Yephtigenia », mot dans lequel apparaît le verbe grec γεννάω ( gennao : « engendrer »), donc étymologiquement « fille de Jephté ».

Jacques KOHN zal