Kora’h et ses acolytes s’en prennent à Moché rabbénou en l’accusant de s’être emparé du pouvoir et de l’avoir seulement partagé entre son frère Aaron et ses propres compagnons. Moché, celui que la Torah qualifie d’« homme le plus modeste sur terre », est ainsi accusé d’avoir accaparé les rênes du pouvoir. Or sa réaction face à cette révolte est elle aussi pleine d’humilité : « Moché, en les entendant, se jeta sur sa face ! » (Bamidbar, 16, 4)
Or, lorsque D.ieu apparut à Moché lors du fameux épisode du buisson ardent, il est dit : « L’Éternel vit qu’il s’approchait pour regarder ; alors D.ieu l’appela du sein du buisson : “Moché ! Moché !” Et il répondit : “Me voici ‘! » Le Midrach Rabba (Chemot, 2, 13) ajoute que Moché sous-entendait par là : « Me voici pour le sacerdoce, et me voici pour la royauté ! » Mais cette réponse est a priori incompatible avec la modestie exemplaire de Moché.


L’Admor d’Alexander, Rabbi Yé’hiel zatsal, raconta à ce propos la parabole suivante.

Le rav d’une ville invita un jour des notables et leur annonça qu’il avait décidé que dorénavant, toute personne transgressant les décrets de la communauté serait punie d’« une façon exemplaire » : ainsi, sera-t-il chargé de remplir l’une des fonctions du chamach (le bedeau de la synagogue) pendant une certaine période et en fonction de la gravité de son infraction. Pour une petite faute, il devra réveiller les fidèles à la prière du matin en frappant sur leurs volets. S’il s’agit d’une désobéissance plus grave, il devra balayer la synagogue, ou même alimenter son poêle avec du charbon, voire puiser de l’eau pour ce lieu saint…
Ainsi, le poissonnier – qui augmenta un vendredi les prix de sa marchandise au-delà de la limite fixée par le rav – dut-il nettoyer la synagogue pendant plusieurs jours. Puis ce fut au tour du boulanger qui puisa de l’eau pendant deux semaines pour avoir vendu du pain qui ne pesait pas ce que sa balance était censée indiquer…
Or un beau jour, le bedeau lui-même fut accusé d’avoir manqué à son devoir, et le rav fut plongé dans l’embarras… Il était en effet impossible de le soumettre à une corvée faisant déjà partie intégrante de son train-train quotidien. Après une mure réflexion, le rav décida que le chamach serait puni d’une façon autant originale que spectaculaire : au lieu de s’asseoir à l’arrière de la synagogue dans son obscur recoin, le bedeau dut s’asseoir au rang des notables face à la foule, et subir ainsi les regards acérés de tous les fidèles ! De plus, il fut averti qu’en cas de récidive, il devrait prendre place aux côtés du rav…
Moché rabbénou était si humble qu’il fut d’emblée convaincu que c’était à cause de ses « fautes » qu’il avait été propulsé à la révélation du buisson ardent qu’il pensait ne pas du tout mériter. Il se prépara donc au pire, en ajoutant : « Me voici pour le sacerdoce, et me voici pour la royauté ! »
Par Chalom C.en partenariat avec Hamodia.fr