Nos Sages rapportent que Kora’h faisait partie des « porteurs de l’Arche ». C’est-à-dire que pendant les voyages dans le désert, c’est lui qui avait l’insigne honneur de transporter l’Arche sainte. À n’en pas douter, ceci témoigne d’une certaine envergure.

Mais ce que Kora’h omit, remarque Rabbi Akiva Sofer (cité dans le Itouré Torah), c’est de tenir compte des dimensions de cette même Arche : deux coudées et demie de long, une et demie de large et une et demie de haut. La présence de décimales dans tous les côtés de l’Arche est un appel à l’humilité. Si Kora’h avait davantage médité sur ce point, il n’aurait certainement pas eu l’audace de s’élever ainsi contre le maître de tous les prophètes…
Des habits d’azur
La section relatant la rébellion de Kora’h est juxtaposée à celle énonçant le principe des Tsitsiot, ces franges azur que l’on attache aux coins des habits. En effet, pour contester l’autorité de Moché, Kora’h avait vêtu ses acolytes d’habits azur. Il se présenta ensuite devant le prophète et lui demanda : « Sur un habit de couleur azur, est-il nécessaire de fixer des Tsitsiot ? » Par cette question, Kora’h sous-entendait l’idée suivante : le rôle des Tsitsiot est de présenter des fils d’azur, dont la couleur rappelle le ciel et le Trône céleste. Mais à partir du moment où le vêtement est lui-même entièrement azur, il n’y a certainement plus lieu d’y attacher des franges ! De même pour le peuple juif : la présence d’un dirigeant est impérative pour guider des hommes désorientés. Mais dès lors que « toute l’assemblée est sainte », à quoi bon lui imposer l’autorité d’un chef ? La réponse de Moché était cependant évidente : quelle que soit la couleur de l’habit, il requiert inévitablement des Tsitsiot. Et de même, toute assemblée a besoin d’un chef, quelle que soit la valeur de ses membres…
Une polémique pour la Gloire du Ciel
Dans une petite ville proche de Parmislan, en Pologne, une polémique éclata entre certains membres de la communauté et le cho’het [abatteur rituel] local. Les premiers prétendaient que le cho’het ne vérifiait pas convenablement les poumons des bêtes qu’il abattait, et en conséquence, il y avait fort à craindre que des bêtes tréfot soient mises sur le marché. Les deux partis comparurent devant Rabbi Meïr de Parmislan et chacun lui présenta son argumentaire. Après les avoir écoutés, le maître énonça le verdict suivant : « Votre litige me laisse perplexe : selon l’ensemble des décisionnaires, la vérification des poumons après l’abattage des bêtes n’est requise que par ordre rabbinique. Et par ailleurs, le fait de susciter une polémique est, quant à lui, une interdiction formelle de la Torah… Certes, le différend qui vous oppose peut être qualifié de ‘polémique pour la Gloire du Ciel’, ce qui pourrait le légitimer. Mais il n’en est rien : dans les Maximes des Pères, nos Sages enseignent : ‘Quelle polémique fut pour la Gloire du Ciel ? Celle qui opposa Hillel et Chamaï.’ Cette michna laisse entendre que seuls Hillel et Chamaï furent en mesure de se disputer ‘pour la Gloire du Ciel’. Mais hormis eux, personne n’en est véritablement capable. Il s’avère que toute autre polémique s’apparente fatalement à celle de Kora’h et de sa faction, et doit donc être systématiquement
désamorcée… »
Par Chlomo Messica, hamodia.fr