Parallèlement à l’allumage des bougies – le cœur même de ‘Hanouka –, nos Sages instaurèrent également qu’on réalise, pendant les huit jours de cette fête, une récitation quotidienne du Hallel.

Cette prescription apparaît explicitement dans ces lignes du Talmud : « L’année suivant [les événements de ‘Hanouka], ils fixèrent et instaurèrent ces jours comme une période de fête, célébrée par des louanges et des expressions de grâce » (Chabbat 21/b). Selon Rachi (ainsi que le rapporte également le Choul’han Arou’h), ces louanges se manifestent par la récitation quotidienne du Hallel, pendant la prière du matin.
Selon le Tiféret Chlomo (sur ‘Hanouka, p. 71), l’allumage des lumières de ‘Hanouka représente lui aussi une forme de louange adressée à D.ieu : « Lorsque survint le miracle de ‘Hanouka, une nouvelle Lumière jaillit dans le monde, et c’est à l’égard de cette lumière que fut établie la mitsva de l’allumage (…) Voilà pourquoi le Talmud souligne que ‘l’année suivante, ils fixèrent ces jours…’ Pourquoi ne les instaurèrent-ils pas aussitôt, l’année même du miracle ? Parce que l’année suivante, lorsque les ‘Hachmonaïm réalisèrent que le miracle s’ancra dans le monde au point d’y générer une Lumière éternelle, ils désignèrent ces jours comme une période de louange et y établirent une mitsva pour la postérité (…) C’est pourquoi nous récitons après l’allumage : ‘Ces bougies-ci…’ car après que la lumière du miracle de ‘Hanouka s’établit de manière fixe dans le monde par les louanges et les expressions de grâce, il s’avère donc que les bougies que nous allumons chaque année rendent elles-mêmes grâce à D.ieu sous l’effet de la Lumière d’alors… »
Ce regard figure en réalité dans le corps même du texte que nous récitons après l’allumage : « Nous n’avons pas le droit d’utiliser ces lumières, mais seulement de les observer pour remercier et louer Ton grand Nom… » Il apparaît donc que la récitation du Hallel n’est pas simplement l’une des différentes mitsvot instaurées en cette période, mais elle est la charnière centrale autour de laquelle pivote l’essence même de cette fête.
Ils réciteront Mes louanges

Le Hallel ne saurait se résumer à une récitation de divers psaumes. Cette mitsva exige un conditionnement et des préparatifs indispensables, sans lesquels elle perdrait son cachet de « louanges » à proprement parler.

Selon le prophète Isaïe, la louange constitue l’identité propre du peuple juif : « Ce peuple, Je l’ai créé pour Moi, pour qu’il raconte Ma louange ! » (43, 21). Par ces quelques mots, le prophète nous signifie que le peuple juif est un « bien » que D.ieu s’est créé pour Lui-même, pour qu’il Lui rende grâce et lui exprime ses louanges. Telle est la lecture que nos Sages font de ce verset, lorsqu’ils le commentent en ces mots : « Israël fut créé pour réciter les louanges du Saint béni soit-Il ! » (Bamidbar Rabba 5, 6).
Toutefois, ce Hallel ne peut être récité à notre gré, ou en toute circonstance. Le Talmud prévient en effet que « celui qui récite le Hallel chaque jour est considéré comme s’il ‘insultait et méprisait’ D.ieu » (Chabbat 118/b). Pourquoi cela ? Plusieurs explications furent énoncées à ce sujet. Le Maharal de Prague explique que la récitation du Hallel est requise lors de l’apparition de miracles, manifestations hors nature. Lorsqu’une personne récite le Hallel chaque jour, elle suggère que le monde n’évolue qu’au rythme de miracles, et n’est pas régi par un ordre naturel, ce qui est inexact. Si tel était le cas, il n’y aurait guère plus de place au libre-arbitre, car face à l’évidence, personne n’oserait enfreindre ou mépriser la volonté divine.
L’éveil d’En-Haut
Le Sfat Emet aborde pour sa part cet enseignement sous un autre angle. Il explique que la récitation du Hallel fait suite à une manifestation spirituelle divine. Dans le cas contraire, des telles louanges resteraient superficielles, dénuées d’émotion intérieure, et il vaudrait alors mieux qu’elles ne soient pas du tout prononcées. C’est pourquoi il n’est pas convenable de réciter le Hallel chaque jour, et même lors des jours de Roch ‘Hodech ou les derniers jours de Pessa’h, l’inspiration de ces jours n’est pas suffisante pour que nous puissions y réciter le Hallel complet.
Visiblement, le Sfat Emet suit en cela sa propre approche sur le sens du mot Hallel, issu d’après lui du verset : « Son flambeau [béhilo] brillait sur ma tête » (Job 29, 3). Il apparaît donc bien que d’après le Sfat Emet, l’essence du Hallel réside dans une « illumination », c’est-à-dire une manifestation divine se révélant aux hommes. Or, souligne cet auteur, « pendant ces moments où s’ouvrent les portes du Ciel, ici-bas s’ouvrent en retour les cœurs des hommes qui se consacrent au service du Créateur, comme le suggère ce verset : ‘Fais sortir mon âme de sa geôle pour que je puisse rendre grâce à Ton Nom.’ Et c’est à ces moments-là que l’on est en mesure de louer et réciter le Hallel. »
Le sens du Hallel
Le personnage qui symbolise la louange adressée à D.ieu et qui s’illustra plus que tout autre dans ce domaine est évidemment le roi David. Mais parallèlement, David est également le symbole de la soumission et la sujétion à D.ieu, comme il le clama lui-même : « Je suis un vermisseau et non un homme… » (Psaumes 22, 7). Et de fait, d’après les éclaircissements vus plus haut, ces deux dispositions sont complémentaires : c’est précisément en vertu de sa soumission totale à D.ieu et à sa réceptivité de la Lumière divine, que David fut en mesure de devenir le Psalmiste du Créateur, qui raconta sa louange de la façon la plus émouvante qui soit.

Par Yonathan Bendennnoune,,en partenaria avec Hamodia.fr