XII ème siècle

Génération des TOSSAFISTES : Les Baalei ha-Tossafoth, disciples de Rachi, souvent aussi ses descendants, se sont donné la mission gigantesque d’interpréter et d’expliquer les commentaires de leur maître sur la Guemara. Témoignant à celui-ci un immense respect, ils ont passé ses explications au crible, s’attachant à chacun des mots employés. Le mot Tossafoth vient de le-hossif (« adjoindre »). Leurs explications ont été enregistrées dans des kountrassim (« carnets ») appelés Tossafoth.

Contrairement à Rachi, qui privilégiait le pechat (« sens littéral ») de la Guemara, les Ba?alei ha-Tossafoth ont favorisé un examen plus approfondi des différents points analysés à travers l’ensemble du Talmud. Lorsqu’ils découvraient une contradiction apparente au sein des différents traités, ils la décortiquaient minutieusement jusqu’à ce qu’ils découvrent un moyen de la résoudre. C’est dans ce contexte très particulier qu’il faut considérer les désaccords, parfois rigoureux, qui les opposent parfois à leur illustre devancier.

L’étude de Rachi et celle des Tossafoth sont devenues des outils indispensables de l’étude de la Guemara, le plus illustre des Ba?alei ha-Tossafoth étant Rabbi Ya?aqov ben Méir, mieux connu sous le surnom de Rabbeinou Tam.

Rav Méir (1060-1135), un géant en Tora, était originaire de Ramerupt, localité située aujourd’hui dans le département de l’Aube, non loin d’Arcis-sur-Aube, et à une trentaine de kilomètres au nord-est de Troyes. Ramerupt était alors, comme elle l’est encore aujourd’hui, au c?ur du vignoble champenois.

Il a étudié à la yechiva de Worms comme disciple de Rav Yits?haq Halévi, le maître de Rachi. Devenu, par son mariage avec Yokhéved, le gendre de celui-ci, il a été appelé à servir comme rabbin à Ramerupt et à prendre la direction de la nouvelle Yechivath Ba?alei ha-Tossafoth. Le prestige de ses quatre fils, Rav Chemouel ben Méir (Rachbam), Rav Yits?haq ben Méir (Rivam), Rav Ya?aqov ben Méir (Rabbeinou Tam) et Rav Chlomo ben Méir, lui vaudra le titre de « père des rabbanim ».

1100/?, R.Yéhouda de Barcelone, « Ha-Bartseloni »

Il est né à Barcelone en 1100, fils de Barzilaï l’un des Sages d’Espagne de la fin du 11ème siècle, d’une famille juive aristocratique dont les membres portaient le titre de Prince de génération en génération. De tous ses contemporains, nul ne l’égale dans la connaissance encyclopédique de la littérature des Gaonim, laquelle forme le fond et la base de son grand oeuvre halakhique qui malheureusement ne nous est pas parvenu dans son intégralité. Son seul ouvrage qui a survécu est un commentaire sur le Séfère Yétsira. On y reconnaît son génie et ses vastes connaissances tant toraniques que philosophiques ou scientifiques.

?/1175, R. Éfrayim de Regensburg

fils de Yitshaq, il est l’auteur de Arbaâ Panim, commentaire du Talmud, des piyoutim, pour les sélihot, du 10 Tévèt, en l’honneur de son grand-père et père; disciple de Rabbènou Tam et de Riba.; il est mort en Allemegne en 1175.

?/1170, R. Maïmone Ben Yossef Hadayan, père du Rambam

Né à Cordoue (Espagne) décédé en Èrets Yisraèl en 1170, fils de Yossèf, talmudiste et professeur, il est bien connu comme étant le père de Rambam, mais il est lui-même un grand professeur et un leader. Éminent élève de l’illustre R’ Yossèf ibn Migach, R’ Maïmone devient dayane à Cordoue suivant une très longue tradition familiale. Il est également astronome, mathématicien et philosophe. Rambam cite fréquemment les commentaires talmudiques et halakhiques de son père, ainsi que R’ Abraham ben Ha-Rambam. R’ Maïmone rédige aussi, en arabe, des lois sur les fêtes, prières, pureté rituelle, et de nombreuses responsa. Sa vie est pleine de souffrances et de tragédies, mais il demeure une source de courage et d’inspiration non seulement pour sa famille, mais aussi pour de nombreuses communautés juives. Les troubles commencent lorsque les Almohades conquièrent Cordoue en 1149, et obligent les Juifs à choisir entre la conversion, la mort et l’exil. R’ Maïmone et sa famille fuient Cordoue, et ainsi commence une longue période sans racines, fuyant l’hostilité et les persécutions qui durent jusqu’à la fin de ses jours. Après dix ans de fuite constante en Espagne, R’ Maïmone amène sa famille à Fès, au Maroc, où ils trouvent une situation ressemblante. Là aussi, il est défendu aux Juifs de pratiquer leur Judaïsme publiquement. Pire encore, il y a un faux Messie Juif qui trouble le peuple. R’ Maïmone prouve l’imposture de ce faux Messie. Cependant, de nombreux Juifs sont déprimés, pensant que D’ieu a abandonné Israël et choisi une autre nation. R’ Maïmone écrit l’illustre Iguérèt Ha-Néhama (Lettre de consolation) en arabe, raffermissant la foi du peuple en D’ieu et en la rédemption, et les exhortant à tenir les mitsvot même s’ils doivent le faire secrètement. Il compare les persécutions des Musulmans à un homme qui se noie, et la Tora à une corde venant du ciel. Celui qui s’y accroche, même par le bout des doigts, a l’espoir de survivre, tandis que celui qui la lâche, se noiera sûrement. Après avoir écrit cette lettre, R’ Maïmone ne peut plus rester à Fès, et, avec sa famille, se rend en Èrets Yisraèl qui ne s’est pas encore remis des ravages de la deuxième Croisade. La vie est pauvre et dangereuse, et R’ Maïmone encourage sa famille à se rendre en Égypte. Étant lui-même déjà âgé, il choisit de terminer ses jours en Èrets Yisraèl où il meurt peu de temps après, probablement à Jérusalem, bien qu’il soit enterré à Tibériade près de Rambam.

R. TOBELEM

TOSSAFISTE Joseph Ben Samuel dit Tobelem Autorité rabbinique majeure de France

Jacob ben Samson

TOSSAFISTE Jacob Ben Samson, (début du XIIème siècle). Disciple de Rachi.

1100/1171, Rabbénou Tam

TOSSAFISTE, fils de R’ Méir ben Shmuel, Rabbénou Tam (Yaacov ben Meïr, surnommé Tam -simple, parfait- comme Jacob dans la Bible). Né en 1100 à Ramerupt, décédé le 4 tamouz 1171 à Troyes, on dit de lui que, lorsque son grand-père Rachi mourut, Rabbenou Tam, âgé de quatre ans, dit à sa mère : ne t’inquiète pas de la lumière tombée, je la reprendrai! Ce Tossafiste français fut l’un des plus importants de son temps, et on lui doit la matière principale des Tossafot du Talmud de Babylone, ainsi qu’une somme de « Responsa », réunies dans le Sefer Hayachar.

Il commença à étudier sous la direction de son père, Rav Méir, et celle de son frère aîné, Chmouel ben Méir (Rachbam). Ce dernier, qui avait été très proche de son grand-père, et qui avait recueilli et assimilé tous ses enseignements, est considéré comme le premier propagateur de son commentaire sur le ?Houmach. C’est auprès de ces maîtres que Rav Ya?aqov s’est imprégné de son approche exceptionnelle de la Tora et du Talmud.

Au décès de Rav Méir, c’est Rabbeinou Tam qui a pris sa succession à la tête de la Yechivath Ba?alei ha-Tossafoth à Ramerupt, ainsi qu’au poste de rabbin de cette localité. Cette yechiva a connu sous sa direction un développement considérable, en attirant à elle des géants en Tora venus de toute l’Europe. Il a conféré la semikha à trois cents disciples et a accueilli auprès de lui quatre-vingts Ba?alei ha-Tossafoth, parmi lesquels Rav Eliézèr de Metz et Rav Chimchon de Sens. Ses disciples se sont éparpillés à travers la France, ainsi qu’en Allemagne et en Grande-Bretagne, pour y ouvrir de nouvelles Yechivoth, contribuant ainsi à disséminer à travers le continent européen les enseignements et les méthodes de Rachi et des Tossafoth.

Il a été l’une des plus éminentes autorités halakhiques de son temps. Ses décisions étaient respectées par tous, et son beth din s’est acquis une prééminence dans tous les domaines. Jouissant d’une très grande fortune, il a entretenu de ses propres deniers la Yechivath Ba?alei ha-Tossafoth et il a financé la construction de la synagogue de Ramerupt.

Comme banquier, il prêtait de l’argent à la noblesse du pays. Il était également vigneron, ayant pris la suite de son grand-père Rachi, et il s’occupait de textiles avec le fil produit par les chèvres de son frère, le Rachbam.

Son expérience dans les affaires a donné à Rabbenou Tam un champ de vision particulièrement éclairé dans l’élaboration de ses responsas. C’est ainsi qu’il a décidé qu’il est permis de faire réparer par des non-Juifs une cuve de vin présentant une fuite, malgré l’interdiction de le leur faire toucher. Il considérait en effet que le réparateur n’avait pas l’intention de toucher le liquide pendant son travail.

De même a-t-il décidé qu’une banque appartenant à un Juif a le droit d’ouvrir pendant ?Hol ha-mo?èd, étant donné qu’elle risquerait, si elle devait rester fermée une semaine entière, de perdre des clients et de compromettre le gagne-pain de ses propriétaires juifs.

Une de ses innovations les plus originales, dont les conséquences se font encore sentir de nos jours, a consisté à encourager l’étude de la Tora par tous les hommes, et pas uniquement par ceux qui aspirent à une semikha.

En tant qu’autorité reconnue à travers toute l’Europe, Rabbenou Tam édicta de nombreuses taqanoth destinées à adoucir la situation critique dans laquelle se trouvait le peuple juif et à préserver la gloire de la Tora. Nous évoquerons ici l’une de ces taqanoth, approuvée par tous les Sages de l’époque, et incorporée par la suite dans le Choul?han ?aroukh (Evène ha?ézèr 53, 3) :

En ces temps-là, le peuple juif souffrait de nombreuses calamités. Beaucoup de femmes décédaient peu de temps après leur mariage, soit après avoir accouché, soit avant. En outre, beaucoup d’entre elles étaient massacrées par les Croisés.

Etant donné que, selon la Tora, le mari hérite des biens de sa femme, les parents qui perdaient leur fille récemment mariée voyaient avec amertume la dot qu’ils lui avaient donnée passer dans le patrimoine d’une personne désormais étrangère à leur famille. Ils souffraient ainsi non seulement de la perte de leur enfant, mais aussi d’une perte d’argent qui pouvait être importante. (Notons qu’il en était différemment dans le cas de la naissance d’un enfant, celui-ci ayant vocation à hériter des biens de la défunte.)

Pour atténuer les effets de cette situation, Rabbeinou Tam décida que, dans le cas de décès d’une femme dans les douze mois de son mariage, le mari devait restituer sa dot à ses parents.

Il fixa aussi pour règle que seuls les noms hébreux pouvaient être utilisés dans un guet, décision qui s’imposait avec d’autant plus d’acuité que beaucoup de femmes avaient abandonné l’observance de la Tora et souhaitaient ne faire figurer sur ce document que leurs noms chrétiens nouvellement adoptés.

Plus tard, lorsqu’il devint président du beth din de Troyes, il lutta avec obstination contre ceux qui portaient leurs litiges devant les tribunaux non juifs, persuadés que ceux-ci faisaient exécuter leurs décisions plus efficacement que les batei din. Il excommunia ceux qui, directement ou indirectement, obligeaient d’autres Juifs à se présenter devant ces juridictions.

C’est lui qui justifia la récitation des piyyoutim pendant les offices de Roch hachana et de Yom Kippour, s’opposant ainsi à ceux qui prétendaient les écarter au motif qu’ils auraient constitué des interruptions interdites. Il justifia le maintien de ces textes dans le canon des prières au motif qu’ils avaient été institués par les Sages de la Michna, et donc que leur récitation était tout à fait légitime.

Il était lui-même poète, et a composé de remarquables élégies remplies de l’aspiration vers Hachem, sanctifiant Son Nom et mettant Sa souveraineté en valeur. L’une d’elles, intitulée Yetsiv pithgam et chantée à Chavou?oth, est débordante de sainteté.

Il arrivait à l’époque que des copistes reproduisent inexactement des textes du Talmud, faute souvent de les avoir compris. Il rédigea un ouvrage, le Séfèr ha-yachar, pour corriger ces erreurs et rétablir une présentation correcte. Ce livre fut rapidement adopté par les érudits en Tora.

L’une des plus célèbres controverses dans laquelle s’impliqua Rabbeinou Tam est celle qui a porté sur la confection des tefiline. Selon la légende, Rabbeinou Tam, encore tout jeune enfant, se serait un jour assis sur les genoux de Rachi lorsqu’il arracha soudain les tefiline de son grand-père. Celui-ci aurait alors prédit prophétiquement que, parvenu à l’âge adulte, son petit-fils contredirait son opinion sur celles-ci.

En réalité, cependant, la controverse avait déjà pris naissance plusieurs siècles auparavant.

Le débat porte sur l’ordre dans lequel les parchiyoth doivent être rangées dans les boîtiers des tefiline. Ces parchiyoth, qui portent le nom sous lequel est désigné leur premier verset, sont : Chema’ (Devarim 6, 4 à 9), Wehaya im chamo?a (Devarim 11, 13 à 21), Qadèch li kol bekhor (Chemoth 13, 2 à 9) et Wehaya ki yeviakha (Chemoth 13, 11 à 16).

Selon les anciens Sages d’Erets Yisrael, les parchiyoth doivent se présenter dans l’ordre suivant : Qadèch, Wehaya ki yeviakha, Chema’ et Wehaya im chamo?a. Ceux de Babylonie estimaient, en revanche, que l’ordre doit être : Qadèch, Wehaya ki yeviakha, Wehaya im chamo?a et Chema’, la différence d’appréciation concernant uniquement la place que doivent occuper les deux parchiyoth finales.

Etant donné que les Juifs de France suivaient les coutumes d’Erets Yisrael, Rachi avait décidé qu’il fallait suivre l’ordre fixé par elles. C’est ainsi que ces tefiline sont appelées : tefiline chel Rachi.

Les Juifs d’Espagne, quant à eux, respectaient les décisions et les coutumes des Sages de Babylonie.

Rabbeinou Tam était d’avis que les usages en honneur chez les Sages de Babylonie respectaient plus fidèlement les prescriptions talmudiques. C’est donc leurs exigences qu’il fallait observer.

L’opinion de Rabbeinou Tam a été combattue par beaucoup d’autorités, et la halakha considère que c’est à celle de Rachi qu’il faut obéir. Certains cabbalistes espagnols l’ont cependant adoptée par la suite, sans être toutefois suivis par la plupart des autorités de leur pays. On a finalement admis que les gens de plus stricte observance pouvaient porter les tefiline de Rabbeinou Tam après celles de Rachi. Les rabbins d’obédience hassidique ont fixé la même règle. Selon le Choul?han ?aroukh (Ora?h ?hayim 34, 2), « ceux qui craignent le Ciel portent les deux sortes ».

C’est également Rabbeinou Tam qui a institué ses règles propres sur le calcul de la tombée de la nuit.

L’une des raisons pour lesquelles le qualificatif de Tam a été ajouté au nom de Rav Ya?aqov est que, à l’instar de son ancêtre et éponyme, il a été connu comme un ich tam (« un homme intègre » ? voir Berèchith 25, 27). Mais cet adjectif traduit également un « constant dévouement » à Hachem, caractéristique de la personnalité de cette personnalité hors du commun.

Il lui est souvent arrivé d’affirmer des points de vue qui allaient à l’encontre des tendances et des opinions de son époque, ainsi que de celles qui avaient été émises sur des points de halakha par des autorités rabbiniques de France, d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne. On relèvera en particulier son attitude, contraire à celle de ses contemporains, consistant à se montrer tolérant envers les Juifs qui avaient été convertis sous la contrainte au christianisme et qui aspiraient à retourner à leur foi ancestrale. Rabbeinou Tam s’est obstinément attaché à son point de vue, épargnant ainsi au judaïsme achkenaze les affres d’un schisme à une époque où il lui fallait, plus que jamais, affirmer son unité face aux terribles persécutions qui allaient commencer.

L’époque des croisades : Né quatre ans après la première d’entre elles, Rabbeinou Tam a traversé l’un des plus terribles moments de l’histoire humaine, monstrueusement féroce pour les Juifs, celle des Croisades.

La première Croisade, mieux connue dans l’histoire juive sous le nom de Gezèroth tatnou (abréviation de l’année 4856 [1096]), a été lancée par des milliers de Croisés assoiffés de sang, qui se sont rassemblés en France afin de gagner Erets Yisrael pour le conquérir et en chasser les infidèles musulmans. En chemin, des moines excités par la haine les ont encouragés à commencer leur campagne de « purification » en massacrant tous les Juifs qu’ils allaient rencontrer au cours de leur périple. C’est à Rouen qu’ont commencé les tueries. Ayant forcé les Juifs de la ville à se réunir dans l’église, ils ne leur ont laissé le choix qu’entre la conversion et la mort. Les malheureux ayant tous refusé de renier leur foi, ils furent massacrés pour la sanctification du Nom divin. Les Croisés se dirigèrent ensuite vers Troyes où ils répétèrent les mêmes forfaits. Après la traversée du Rhin, ce fut au tour des communautés juives d’Allemagne comme Spire, Worms et Mayence de subir des atrocités.

La deuxième Croisade, tout aussi atroce que la première, commença en 1146.

Le deuxième jour de Chavou?oth 1146, des Croisés déchaînés, qui savaient que Rabbeinou Tam était l’une des plus éminentes autorités rabbiniques de la communauté juive, firent irruption dans sa maison à Ramerupt. Ils commencèrent par lacérer, sous ses propres yeux, son Séfèr Tora, puis ils l’appréhendèrent et l’entraînèrent vers une colline proche dans l’intention de le tuer.

Dans ce lieu isolé, ils le torturèrent, lui tailladèrent le visage et plantent cinq couteaux dans sa tête. Passa alors par là, comme par miracle, un gentilhomme qu’il connaissait. Rabbeinou Tam le supplia de le soustraire à ses bourreaux, lui promettant, pour le récompenser de son aide, un excellent destrier ? cadeau très apprécié par les nobles de l’époque. Le gentilhomme ordonna à la meute enragée de relâcher sa victime, lui promettant, comme pour apaiser sa conscience ainsi mise à mal, d’inciter lui-même Rabbeinou Tam à se convertir. Celui-ci quitta aussitôt Ramerupt, abandonnant sa fortune et notamment sa bibliothèque, et il partit pour Troyes où il demeura jusqu’à son décès.

C’est en 1171, tandis que les Croisades faisaient encore rage, que fut lancée à Blois, pour la première fois dans l’histoire, une accusation de meurtre rituel. On y reprocha à trente Juifs de s’être rendus complices du prétendu meurtre d’un enfant chrétien. Ceux-ci, parmi lesquels figuraient deux disciples de Rabbeinou Tam, furent brûlés vifs sur le bûcher.

Rabbeinou Tam demanda que l’on rédige un compte-rendu de cette accusation et des événements qui lui firent suite. Ce compte-rendu figure dans un ouvrage intitulé Séfèr Gezèroth Achkenaze we-Tsorfath.

Ce malheur exerça un profond impact sur les communautés juives de l’époque, non seulement à cause du caractère horrible de l’événement, mais aussi parce qu’il a préfiguré le début d’une ère de catastrophes pour nos frères. Beaucoup de poètes ont composé des élégies pour commémorer cette épreuve, Le 20 Sivan 1171, une loi sanglante promulgue l’incendie de toutes les synagogues de la ville, et Rabbènou Tam décrète cette date comme jour de jeûne pour les Juifs de France, de Grande-Bretagne et d’Allemagne.

Presque cinq cents ans après, lorsque commencèrent les pogroms de Ta?h we-tat (5408 [1648] ? 5409 [1649]), Rav Chabtaï ha-Kohen, le Chakh, fixa lui aussi au 20 siwan un jour de jeûne pour les Juifs d’Europe de l’est.

Très affecté par les événements de Blois, Rabbeinou Tam décéda deux semaines plus tard, le 4 tamouz, au cours d’une visite à Ramerupt.

Rabbeinou Tam a été inhumé à Ramerupt, au lieu-dit Ohel Qodchei Ramerupt, où sa tombe est encore visible aujourd’hui.

Dans son éloge funèbre, Ibn Ezra, avec qui il correspondait souvent, l’appela un malakh Eloqim (« ange de Hachem »). De même le Rivach (Rav Yits?haq ben Chéchett Perfett [Espagne et Algérie ?1326 ?1408]) a dit de lui qu’il a été l’un des plus éminents talmidei ?hakhamim de tous les temps.

R.Abraham le prosélyte

TOSSAFISTE Abraham le Prosélyte (XII siècle). Originaire de Hongrie, il se convertit au judaïsme, et étudia auprès de Rabbenou Tam.

Le Bekhor Chor

TOSSAFISTE R.Bekhor Chor (Yossef ben Itshak) . Exégète du Talmud, disciple de Rabbenbou Tam, poète et tossafiste, il vécut dans le Nord de la France notamment à Orléans.

R. R.Yom de Tov de Joigny

TOSSAFISTE gendre de Rachi, mort en martyre à Londres.

R.Yaacov d’Orléans

TOSSAFISTE gendre de Rachi, mort en martyre à York.

?/1184, R.Elhanan ben Itshak de Dampierre

TOSSAFISTE Elhanan ben Isaac de Dampierre (décédé en 1184). Tossafiste français, il subit le martyre dans des circonstances mal connues.

?/1185, Le RI

TOSSAFISTE Isaac Ben Samuel de Dampierre dit le Ri (décédé en 1185). Tossafiste, neveu et disciple de Rabbénou Tam. Il fut l’un des grandes figures en Halakha du Judaïsme du Nord de la France et de l’Allemagne. Il enseigna dans la yeshiva de cette ville.

R. Itshak ben Abraham de Dampierre le Jeune

TOSSAFISTE Isaac Ben Abraham de Dampierre le Jeune. Successeur du Ri et frère de Samson ben Abraham de Sens, il dirigea la yeshiva de Dampierre jusqu’au début du XIIIème siècle. Il entretint une correspondance avec Meir Ben Todros Abulafia de Toléde et son enterrement fut décrit par Rabbi Perez de Corbeil

?/1265, R. Yehiel ben Joseph de Paris

TOSSAFISTE Yehiel Ben Joseph de Paris (décédé en 1265): Talmudiste et tossafiste français, il fut l’un des principaux protagonistes de la Disputation de Paris en 1240. Il s’exila à Saint-Jean-d’Acre où il fonda une yeshiva.

1105/1170 R.Yossef Qimhi

né en Espagne en 1105, mort à Narbonne (France) en 1170, fils de Yitshaq, commentateur et grammairien; les persécutions par la secte des Almohades le forcent à fuir l’Espagne. Il se réinstalle à Narbonne, en Provence, où il enseigne, et il rédige des commentaires de la Bible soulignant la grammaire et la ponctuation. Son interprétation de la Tora (Sefer Ha-Tora), des Prophètes (Sefer HaMiknah), et du Cantique des Cantiques, n’a pas été publiée, mais est connue soit sous forme de manuscrit, soit par des citations d’autres commentateurs. Ses oeuvres Sefer Chukah sur les Proverbes et Tikvas Enosh, commentaire sur Job, ont été publiées. Il rédige également Sefer HaBris, sous forme de dialogue entre un Juif loyal et un apostat sur les mauvaises interprétations des versets bibliques par les Chrétiens. Parmi ses diverses oeuvres sur la grammaire hébraïque, son Sefer HaZikaron est accepté par les générations suivantes ainsi que ses classifications des voyelles hautes et basses, et son identification de huit classes de verbes. Ses ouvrages, Sefer HaGalui et Chibur Hateket, ne sont pas publiés. R’ Yossèf Qimhi est le père de Radak et de R’ Mochè Qimhi.

1110/1180, le Ravad I

ABRAHAM, Ibn Daoud, (Ravad I) Né à Cordoue en 1110, tué à Tolède en 1180

connu sous le pseudonyme de Ravad I pour le distinguer du Ravad de Posquières, auteur des gloses sur le Rambam et du Séfer ha-Qabala. Médecin, historien et philosophe. Son ouvrage traite de l’histoire du peuple juif depuis les origines. Il tente particulièrement d’y démontrer, face aux Caraïtes, la chaîne ininterrompue qui relie le judaïsme rabbinique à Mochè. À noter une mise au point remarquable sur la datation de l’époque du Nazaréen selon les sources de la Guémara.

1110/1179, le Ravad II

ABRAHAM, Bèn Daoud (Ravad II) né à Montpellier en 1110, mort à Narbonne en 1179

fils de Yitshaq, il étudie avec R’ Yitshaq ben Mervane Ha-Lewi à Narbonne. Il se rend ensuite en Espagne où il étudie avec R’ Yéhouda de Barcelone. À son retour à Narbonne, l’éminent leader communautaire, R’ Todros ben Mochè, le nomme Av Bèt Din de Narbonne, d’où le surnom Ravad (R’ Abraham Av Bèt Dine). Il dirige l’académie talmudique de Narbonne et plusieurs étudiants de Provence le rejoignent. Parmi eux se trouvent Ravad III, qui devient son gendre, et R’ Zérahya Ha-Levi. Auteur de Séfère Ha-Maor, ; Séfère Ha-Echkol, ; son oeuvre, essentiellement sur le rituel quotidien, a eu un grand impact sur les générations suivantes. De son commentaire du Talmud, seulement quelques passages de ses écrits de Baba Batra, , lui ont survécu, mais on retrouve ses idées dans les oeuvres de Razah, Rambane et Rane. Il rédige également plusieurs responsa dont il ne reste que quelques unes. Séfère Haîttour, ; cite Ravad II sous le nom de Ha-Hassid Ha-Qadoche à cause de sa grande piété. Il est réputé étre un des premiers qabbalistes devant qui le Prophète Èliyahou est apparu et a révélé l’enseignement de la Qabbale.

1120/1197, le Ravad III

ABRAHAM DE POSQUIERES (Ravad III) né à Narbonne en 1120, décédé à Posquières (France) en 1197

fils de David. Talmudiste et halakhiste, il étudie avec R’ Mochè ben Yossèf Ha-Levi, R’ Mechoullam ben Yaâqov de Lunel et Ravad II qui, par la suite, devient son beau-père. Très jeune, il devient une autorité rabbinique à Lunel, et dirige une académie talmudique à Nîmes qui devient la plus importante yéchiva de Provence. Plus tard, à Posquières, il crée une importante académie et prend à sa charge les dépenses des étudiants pauvres. Parmi ses disciples se trouvent R’ Yitshaq Ha-Kohen de Narbonne, R’ Avraham Ha-Yarchi, R’ Meir de Carcassonne et R’ Asher de Lunel. Bien que très riche, pour écarter les mauvais penchants, Ravad vit une sainte existence. En 1172, Elzéar, le Lord de Posquières, qui enviait la richesse de Ravad, le remet aux autorités publiques qui l’emprisonnent. Cependant, le Comte Roger II de Carcassonne obtient sa libération et fait bannir de Carcassonne le Lord de Posquières. Très jeune, Ravad commence son oeuvre, d’abord en rédigeant l’enseignement de ses mentors puis, étant devenu lui-même un penseur indépendant, il repousse certaines de leurs interprétations et offre ses propres commentaires. Auteur de Êdouyotes , Kinnim , et Baba Kamma. Il écrit également ses commentaires sur le Midrachim halakhique de la Tora. Meiri le cite comme le plus grand des commentateurs et le place au même niveau que Rif, Rachi et R’ Yehuda de Barcelone en tant que patriarches du Talmud. Auteur également de Issour Mashehu, Torat Ha-Bayit sur les lois diététiques, Tamim Deim sur tous les aspects pratiques et affaires religieuses, Téchouvot ou-Pessaqim La-Ravad, décisions et responsa, Derashah L’Roche Ha-Chana, écrits halakhiques sur les fêtes de Roche Ha-Chana et Yom Kippour. Vers la fin de sa vie, il écrit Baalei Ha-Nefesh, contenant les lois de pureté familiale, et des lois sur la construction d’un mikvé. Qabbaliste renommé, Ravad reçoit une instruction mystique de Ravad II et du Prophète Eliyahou qui lui est apparu. Il transmet ses connaissances qabbalistiques à son fils, Rabbi Yitshaq Sagi Nahor.

1135/1204, le Rambam

né à Cordoue (Espagne) à Pessa’h en 1135, mort à Fostat (Égypte) en 1204 le 20 Tévét. Rabbi Moché ben Maïmone, ou ben Maïmoun, Maïmonide reçut l’éducation la plus élevée auprès de grands maîtres des sciences arabes. Il écrivait en arabe. On le nommait Abn Imram Moussa ibn Maïmoun ibn Abdoulah. On le surnomme aussi Hannéchér haggadol, le grand aigle. En 1148, Cordoue, sa ville est prise par les musulmans qui donnent le choix entre la conversion ou l’exil. Sa famille part ailleurs en Espagne puis à Fez où ils doivent se faire passer comme musulmans pour éviter la mort. Dévoilé, il ne peut que fuir et se rend à Acco puis Jérusalem puis au Caire où il devient célèbre comme médecin, naguid ou dirigeant de la communauté; il est conseiller du roi Saladin et rabbin écrivain.

Le 6 ‘Héchvane est le jour de la première prière du Rambam sur le Mont du Temple après son âlia sur la terre d’Israël (an 1166). Il le décrète yom tov. Le 9 ‘Héchvane est le jour de la première prière du Rambam sur les tombes des patriarches et matriarches à ‘Hévrone après son âlia (an 1166). Il le décrète aussi yom tov, qu’il célèbrera avec joie et grand repas familial. Il est enterré à Tibériade où il est écrit sur sa tombe : « de Moché à Moché, il ne s’est levé personne comme Moché ».

Sa tombe se trouve à proximité de celle du Chla haqqaddoche.

Son livre principal Michné Tora ou Hayad ha’hazaqa est écrit dans un hébreu michnaïque limpide et forme la base de toute formation du juif ; il a 14 parties. C’est une somme d’examen des cas rencontrés, sans indiquer les références des sources ; les commentateurs les ont ensuite ajouté. Ses 13 principes de la foi juive sont admis et chantés par toutes les communautés.

Il publia aussi un traité sur la Michna (Kittab alSSiradi)

Son livre Dalalate alHayarine ou le Guide des Egarés, fut traduit à sa mort sous le titre Moré Névoukhim et, expliquant et justifiant le judaïsme par la philosophie, ce livres suscita de terribles controverses.

Il publia aussi Maamar ha Yi’houd (traité sur l’unité de D.ieu), la lettre aux Juifs du Yémén persécutés (Iguérete ha Téimane), un traité sur le succès (Péraqim bé atsla’ha), un autre sur le calendrier, sur la vie sexuelle, divers traités médicaux sur les plantes, les poisons, sur l’asthme, sur l’hygiène, sur les diverses questions édicales, sur le calendrier, etc.

Son fils Avraham et son petit-fils David lui succédèrent dans ses fonctions publiques.

1186/1237, R.Abraham ben HaRambam

ABRAHAM BÈN HA-RAMBAME, né au Caire, en 1186, décédé au Caire en 1237

fils de Maïmonide, Rambam a enseigné personnellement à son fils unique, nommé sur notre Patriarche, Abraham. À l’âge de 19 ans, R’ Abraham, qui est né alors que son père avait 51 ans, lui succède comme médecin personnel du Sultan et de sa cour royale, et assume le leadership de la communauté juive égyptienne en qualité de Naggid, poste qui place toutes les cours juives sous sa juridiction et le rend responsable de la nomination de rabbins et dayanes. Sa nouvelle position lui permet d’améliorer considérablement les affaires communautaires. Il supprime la pratique habituelle des excommunications énoncées par n’importe quel petit fonctionnaire à l’encontre de ses vrais ou supposés adversaires pour la plus petite atteinte à son prestige. R’ Abraham, à ce sujet, institue un panel de trois dayanimes autorisés par le beth dine de la ville. Pour renverser l’honneur et le prestige de certains officiels, il institue une loi interdisant à quiconque de s’asseoir dans la synagogue en donnant le dos à l’arche, face à la congrégation, considérant cette position irrespectueuse envers la Tora. Comme son père avant lui, R’ Abraham est interrogé sur les pratiques religieuses par des organisations d’Èrets Yisraèl, du Yemen, de la Provence, de Bagdad, de Syrie et, bien sûr, d’Égypte. Seulement 130 de ses innombrables responsa ont été préservées en manuscrits et dans des travaux halakhiques d’autres auteurs. Certaines de ses responsa présentent des exégèses bibliques, des questions d’éthique et des défenses des décisions de Rambam sur son code. Lorsque R’ Abraham entend parler de la grande polémique contre les vues philosophiques de son célèbre père, il prend sa défense dans un essai intitulé Milhamat Ha-Chem dans lequel il rapporte que plusieurs enseignants français qui ont visité l’Égypte, sont capables de comprendre le Morè Nébouchim grâce à la traduction de R’ Yehuda al-Charizl. Dans une lettre à son disciple, R’ Yossef ibn Aknin, Rambam confirme l’élégance d’expression, la profondeur de pensée et la force du style de son jeune fils en disant : qu’il est le plus humble, en plus de ses autres nobles traits de caractère. R’ Abraham démontre une forte austérité et de l’ascétisme ainsi que les avantages d’une solitude introspective. Par des exemples pratiques, il démontre aussi que la foi doit guider les actions du croyant véritable. De son commentaire de la Bible, seuls la Genèse et l’Exode ont survécu. Un essai sur la Aggada, connu comme le Maâmar al Ha-Derachot, a été imprimé plusieurs fois. Son fils David lui a succédé comme Naggid.

1140/?, R. Abraham Hanassi, le Rabah

Né à Barcelone

fils de Hiya, l’un des plus grands Sages d’Israël de l’Espagne médiévale, auteur de nombreux ouvrages de mathématiques, d’astronomie et d’éthique, né au sein d’une famille princière à Barcelone connue sous le pseudonyme de Ha-Nassi, le prince. Il est souvent mentionné sous le surnom de Ha-Sefaradi (l’Espagnol) ou de Ha-Bartseloni. On sait très peu de sa vie et de son histoire, et on le situe chronologiquement par les dates de parution de ses livres (1116, 1133). Il jouissait du respect et de la considération des grands de ce monde. Dans la littérature chrétienne de l’époque, on l’appelle Abraham le Juif, et ses ouvrages scientifiques sont aussi célèbres que ses écrits hébraïques. Auteur de Hegyion HaNefech, ouvrage sur la morale; Megilla HaMegaleh, calcul de l’année de la rédemption messianique; son traité sur l’astronomie est d’un grand intérêt à cause du calcul du calendrier juif; Tzuras HaAretz; Halbbur, calcul sur les dates de la nouvelle lune, le début des années, des mois et des saisons; Chibur HaMeshichah VehaTishbores, sur la géométrie. R’ Abraham est seul parmi les auteurs espagnols de son ère à avoir utilisé l’Hébreu au lieu de l’Arabe, même dans ses traités scientifiques (afin qu’ils soient étudiés également par des Juifs français). R’ Abraham a joué un rôle important dans la transmission de la science grecque aux Chrétiens d’Europe en traduisant les textes originaux de l’Arabe au Latin. Quelques ouvrages de R’ Abraham ont également été traduits en Latin et en d’autres langages européens.

1150/1230, le Rach

TOSSAFISTE Chimchon Ben Avraham de Sens, le RACH auteur de commentaires sur la michna de Zrayim et Taharot

1150/1217, R.Yehouda Hahassid, « Sefer Hassidim » et « Anim Zmirot »

Tossafiste, fils de R.Chémouèl Hahassid Hakadoch, un des grands moralistes juifs et, d’une manière générale, l’un des plus profonds maîtres en matière d’éthique. Appartenant à une famille originaire d’Italie, c’est en Allemagne, à Regensburg, qu’il a cependant vécu. Il était renommé pour ses qualités morales et religieuses (d’où son surnom hé-hassid, le pieux). Son ouvrage, le Séfère Hassidime est un guide de vie morale et religieuse. Il est aussi l’auteur du « Anim Zmirot »

1160/1235, le Radak

Rabbi David Kimhi, né à Toulouse, mort à Narbonne, fils de Y.Kimhi, le Rikam et frère de Moise Kimhi le Ramak

fils de Yossèf, l’un des maîtres de Provence, l’un des plus grands grammairiens et exégètes bibliques médiévaux; connu dans le monde non Juif sous le surnom de Maistre Petit; son premier ouvrage d’importance est le Mikhlol, un traité de philologie qui comprend un célèbre lexique nommé Séfère ha-Chorachim. Auteur également de commentaires sur la Genèse une bonne partie du Tanakh, il s’illustre surtout par ses recherches et ses écrits sur la grammaire hébraïque. Lors de la polémique sur les ouvrages de Rambam, il prend position en sa faveur.

1160/1226, R. Yossef Ibn Âqnine (le Moré Névoukhim lui était destiné)

né à Ceuta (Maroc) en 1160, mort en 1226, fils de Yéhouda; disciple de Rambam, il est considéré comme l’un des sages d’Égypte où il a vécu et où il est décédé. C’est à son intention que le Rambam a écrit son Moré Nevoukhim. Philosophe et médecin, il a laissé une oeuvre du nom de Maamar be Mehouyay hametsihouth veéhouth sidour hadevarim miménou vehidouch haholam.

1165/1230, R.Elazar ben Yehouda de Worms, Séfér haroqéa’h

. Nom d’un livre de R. Elâzar ben Yéhouda de Worms (1165-1230), le plus grand Sage de l’Ecole des ‘hassidismes d’Allemagne. Il est nommé le Roqéa’h. Il était l’élève du grand R. Yehouda hé ‘Hassid. C’était l’époque terrible des croisades qui dévastaient les communautés du Rhin. Il écrivit à la fois des commentaires de la Torah basés sur le pchate et allant jusqu’à la réflexion philosophique et l’approche du sod par la science des lettres et des chiffres de la Torah, des écrits mystiques, des livres de halakha et de minhaguim, de coutumes. Il se base souvent sur les écrits des Tossafistes.

1180/1263, R.Yona hahassid de Gérondi.

fils d’Abraham, auteur de Chaârè Téchouva. Rabbi Yona hé’hassid de Gérondi (né à Gérone (Espagne) en 1180- Décédé le 28 Mar’héchvane 1263 à Tolède). Cousin et élève du Rambane. Na’hmanide. il a reçu sa formation initiale de Rabbi Chlomo de Montpellier, R’ Yona est l’un des plus actifs participants dans la controverse de son professeur contre le travail philosophique de Rambame. Cependant, lorsque 24 wagons chargés de Talmud sont brûlés par l’église à Paris, au même endroit où le Morè Nevouchim de Rambame a été brûlé neuf ans auparavant, R’ Yona, y voyant un signe de la Divine Providence, regrette ses précédentes actions contre le travail de Rambame. Comme raconté par son dévoué disciple, R’ Hillel de Vérone, R’ Yona déclare publiquement qu’il est dans l’erreur, et fait le voeu de se rendre à Tibériade sur la tombe de Rambame pour le supplier de lui accorder le pardon devant un miniane de dix personnes. R’ Yona commence son voyage, mais est retenu à Barcelone pendant trois ans. Il y donne des conférences, citant toujours les décisions halakhiques et les interprétations talmudiques de Rambame, avec infiniment de respect. Après trois ans, il espère exécuter son voeu, mais il est retenu à Tolède où la communauté le supplie de séjourner quelque temps afin de recevoir de sa part une instruction talmudique. Il y décède subitement sans jamais avoir pu terminer son voyage vers Èrets Israèl. Toute la communauté juive espagnole le pleure, et Rambame, dont la mère était la soeur du père de R’ Yona, et dont le fils R’ Chelomo est marié à la fille de R’ Yona, compose une eulogie en son honneur. R’ Yona est fameux grâce à son classique ouvrage d’éthique, Chaârè Téchouva. Il a également écrit un commentaire sur le Sefer Ha-Halakhot de Rif; ses nouvelles talmudiques, citées par de nombreux talmudistes, ont été perdues, et seulement celles de Sanhedrin et Baba Batra ont été imprimées; sa Mégilat Sesarim, mentionnée par Racheba et Rane, n’existe plus; un commentaire sur Tractae Avos, a été publié; son commentaire sur le Livre des Proverbes est loué par R’ Bahya qui dit : il a serti ses mots avec des rangées de saphirs pour illuminer les yeux. J’ai placé ses mots comme une couronne d’or fin sur ma tête, pour égayer mon âme…; il a rédigé également un traité sur Hanoukka, (cité par Rachbatz), Iguérèt Ha-Téchouva, Sefer Ha-Yira et Chaârè Téchouva, qui sont considérés comme une partie d’un ouvrage intitulé Chaârè Tsédeq; également un ouvrage d’homélies sur la Tora, Dérachot Ou-Pèrouchè R’ Yona. Parmi ses élèves, Rachba, R’ Chelomo ben Elie de Sirai, et R’ Hillel ben Chémouèl de Vérone.

Son ouvrage Chaâré hatchouva est l’un des livres principaux lus pendant la période de Eloul. Le ‘Hida dit que celui qui le lit acquièrera (yaskil) la sainteté. la piété. la téchouva dans sa lumière. Le Rambane l’appréciait, le citait et prenait conseil auprès de lui ; il exigea que son propre petit-fils porte son nom Yona. Son élève le plus connu est le Rachba. Rabbi Chlomo ben Adrét. Ces grands rabbins étaient aussi brillants en sciences, droit, affaires, philosophie et poésie qu’en judaïsme. Il a écrit également sur le Tanakh, le Talmud, la halakha et de moussar.

1180/1250, R.Yéchaya Di Trani Ha-Zaqèn

né à Trani (Italie) en 1180, décédé à Trani en 1260, fils de Mali, dit Yéchâya l’Ancien, il voyage dans tout le bassin méditerranéen et passe quelque temps en Grèce et en Érèts Yisraèl. Maintient des contacts continus avec les Sages d’Allemagne. Connu principalement pour ses commentaires extensifs et ses pessaqim sur le Talmud et, entre autres, un commentaire sur le Houmache,

le Pérouche Rabbénou Yéchâya, imprimé dans les Miqraot Guédolot, ainsi que le commentaire sur les Prophètes et Hagiographes publié sous son nom à Jérusalem en 1959, doivent apparemment être attribués à son petit-fils R’ Yéchâyahou bèn Èliyahou Di Trani.

?/1224, Sire Léon

TOSSAFISTE Yehouda bar Itshak (Sire Leon), disciple du Ri, dirige l’école de Paris

1190/1268, Sire Vives

TOSSAFISTE R.Yéhiel ben Yossef de Parise (Sire Vives), dirige l’école de Paris après R.Yehouda; le gouvernement français lui ordonne de débattre avec le converti Nicolas Donin en 1240 concernant les blasphèmes anti-chrétiens contenus dans le Talmud. 24 charettes de Talmud son brulées. Aliah à Acco en 1260 avec se élèves et son fils (Sire Délicieux) où il fonde la yéchiva Midrach Hagadol de Paris

?/1280, le Semak

TOSSAFISTE R.Itshak de Corbeil (SEMAK), auteur du Sefer mitsvots Katan

1194/1270, Nahmanide

né à Gérone (Espagne) en 1194, mort en Érèts Yisraèl en 1270

Rambane ou Na’hmanide. ou Bonastroug Da Porta, R’ Mochè fils de Nahmane, connu aussi sous le nom de GÉRONDI, l’un des maîtres les plus éminents du judaïsme espagnol du 13ème siècle. Il est le cousin de Rabbénou Yona de Girondi,

Penseur, exégète, médecin et curieux des sciences profanes, il fut rabbin de Gérone. Avec son maître Êzra bèn Chélomo (Azrièl) (1160, 1238) Yaâqov bèn Chéchèt et Yona bèn Abraham ils forment un groupe d’étude de la qabbale. Il fut Grand Rabbin en Catalogne pendant de nombreuses années, mais abandonne son poste, suite à une dispute religieuse. Il fut alors exilé pour deux ans, par le Roi d’Aragon Don Jaime. Il vécut ainsi en Castille, en France et en Palestine. D’ailleurs, il fonde une académie à Acre, très populaire auprès des étudiants. En 1260, il s’installe à Jérusalem et y recrée une communauté juive. Il comptait au nombre des 613 ordonnances religieuses de la Loi l’obligation de vivre en Terre Sainte. Depuis l’époque de Nahmanide, la Ville Sainte n’a plus jamais cessé d’être habitée par des Juifs. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le très important Pérouche âl ha-Tora, , Commentaire sur le Pentateuque; Ha-Émouna wé-ha-Bittahone, sur la morale; Iguèrèt ha-Qodèche, sur la sainteté du mariage; Torat ha-Adam, , sur les lois du deuil; Chaâr ha-guémoul, , un traité d’eschatologie; Wikouah, , controverse religieuse avec l’apostat juif Pablo Christiani, livre publié sous le titre de la dispute de Barcelone, Chaâréi hattéchouva.