Norman Eisen est un diplomate brillant qui a eu la chance, au cours de ses études à l’université de Harvard, de faire la connaissance de Barack Obama et de devenir son ami.

Des années plus tard, lorsque Barack Obama a été élu président des Etats-Unis, il a nommé son ancien camarade de promotion au poste de ‘conseiller spécial’ pour la réforme éthique et en 2011, Eisen devenait ambassadeur des Etats-Unis en République tchèque.  
 
Il ne s’agit certainement pas d’une coïncidence, comme le souligne Robert Sussman dans un article publié dans le ‘Jewish Life Magazine’. Eisen a rappelé à cette occasion que ‘le président avait pensé que ce serait quelque chose d’exceptionnel pour le fils d’une rescapée de la Shoah de retourner dans le pays natal de sa mère pour représenter les USA’.
 
Il a alors souligné ‘qu’aucun membre de sa famille n’était revenu en Tchéquie depuis que sa mère Frieda avait fui le régime communiste en 1949’. En 1944, Frieda, ses parents, ses frères et sœurs et d’autres proches avaient été déportés à Auschwitz. Elle est la seule, avec deux de ses frères, à avoir survécu à la tourmente.
 
Norman Eisen, qui est un Juif pratiquant, a raconté ses premiers jours dans la villa de Petschek où se trouvait l’ambassade. Il a d’abord découvert qu’elle avait appartenu à un industriel juif, Otto Petschek, qui s’était enrichi dans l’exploitation de mines de charbon et dans la banque et était considéré dans les années 1920 comme l’un des hommes les plus fortunés de Tchécoslovaquie jusqu’à sa mort en 1934.
 
Sa famille a fui le pays en 1938 et un peu plus tard, la demeure a été réquisitionnée par les Nazis qui l’ont transformée en QG du commandant de la Wehrmacht de Prague.  Elle a ensuite été occupée par les Russes et les Tchécoslovaques avant d’être louée en 1945 par les Américains et achetée en 1948.
 
En arrivant à la villa avec sa famille, Eisen, tenant à rendre à la résidence son passé juif, a fait cachériser les cuisines et a fixé des mezouzot à toutes les portes. Mais le jour de son installation, il a eu une surprise incroyable : juste après les cérémonies, son intendant, Miroslav Cernik, est venu l’informer qu’il voulait lui montrer quelque chose.

Il lui alors désigné une petite table et lui a suggéré de se baisser pour voir ce qu’elle cachait. L’ambassadeur s’est donc mis à genoux et a découvert, collée en dessous, une étiquette avec l’image d’un aigle et d’une croix gammée, emblème du parti nazi. Ironie du sort : c’est cette table qu’Eisen utilisera par la suite pour poser sa Hanoukia, lors de l’allumage des bougies de Hanouka.  
 
La mère de Norman Eisen, Frieda, est décédée en 2012 sans avoir jamais émis le désir de retourner dans son pays natal. Mais elle a ressenti une immense fierté de voir son fils ambassadeur y représenter la nation la plus puissante du monde. Elle ajoutait : « Les Nazis nous ont déportés dans des fourgons à bestiaux et mon fils y est retourné à bord du ‘Air Force One’ ». Elle faisait allusion au voyage de Norman Eisen à bord de l’avion privé du président des Etats-Unis, en compagnie de Barack Obama, lors de la visite officielle de ce dernier en République Tchèque en 2010.