Contrairement à d’autres sites juifs, la grande synagogue Choral de Saint Petersburg a invité les chasseurs de Pokémons à venir sur place dénicher les petites créatures.

Inutile de présenter le dernier jeu « Pokémon Go » et l’engouement qu’il a suscité. Inutile, aussi, de rappeler que de nombreux sites, y compris le camp d’Auschwitz, le Musée juif de Varsovie ou l’Holocaust Museum de Washington (pour ne citer que trois exemples), ont demandé aux joueurs de s’abstenir, par respect, de venir chasser le Pokémon chez eux.

Il est, néanmoins, un endroit où lesdits joueurs sont plus que les bienvenus : il s’agit de la Grande Synagogue Choral de Saint Petersburg dont les responsables offrent même une bouteille de vin cacher à quiconque attrape un Pokémon sur place. Ce, afin d’attirer du monde. Le premier gagnant de cette offre surprenante a été Daniel Gurevich, un juif qui habite la ville dont c’était, seulement, la seconde visite dans cette même synagogue.

L’heureux chasseur a expliqué à un journaliste qu’il s’était rendu en ce lieu après que le staff de la synagogue eut posté une invitation aux joueurs sur son site « Facebook », invitation reprise par la presse locale. « Je faisais du roller non loin, j’ai regardé les news sur mon (smartphone) et j’ai vu que la synagogue voulait que je vienne chercher des Pokémons, a-t-il raconté. Je m’y suis rendu immédiatement et j’en ai attrapé un. C’est super que notre synagogue soit à la pointe de la mode », a-t-il ajouté.

De son côté, un porte-parole du lieu de culte a précisé qu’il n’y avait là, aucune contradiction avec le respect dû au site. « Une personne à peu près informée vous dira qu’une synagogue n’est pas un temple, c’est un lieu de rencontre ». Où il est tout à fait licite, dans une mesure acceptable, de s’amuser comme lors des fêtes organisées lors de Pourim, par exemple. « Nous voulons beaucoup que la jeunesse sache que la synagogue est un endroit moderne et pas un lieu ennuyeux », a dit, encore, le même. A cela s’ajoute que la Synagogue Choral est, en fait, un complexe qui fonctionne aussi comme centre communautaire, complexe qui possède, entre autres, une cafétéria cachère avec une connexion WiFi où les habitués viennent travailler avec leurs ordinateurs.

Rappelons, enfin, pour mémoire, que cette synagogue, dont la construction s’est achevée en 1888, est l’une des plus grandes d’Europe. Fermée dans les années 30 et quasiment détruite par l’artillerie nazie lors du siège de Leningrad, elle fut reconstruite après la guerre. Néanmoins, sous le pouvoir communiste, elle ne fonctionnait que comme un outil de propagande destiné à montrer au monde que la liberté de culte existait en URSS. D’ailleurs, des agents du KGB épiaient les rares fidèles qui la fréquentaient à partir d’un immeuble situé en face du bâtiment, où ils avaient fait installer une fenêtre spéciale destinée à surveiller la porte d’entrée.

Catherine Garson pour Actuj