Dans le Traité Sanhédrin (p.96/a), il est raconté que lorsque le général Névouzaradan entreprit de mettre le feu au Temple, celui-ci s’éleva dans le Ciel, ne laissant pas le scélérat porter la main sur lui.

Le lieu du dévoilement
Cette rupture dans le cours naturel des choses met en évidence en quoi le lieu où se dévoile la gloire de l’Eternel (kevod haChem) se trouve, par essence, au-delà des actions humaines.
Comme il est dit : « L’ennemi pense avoir touché dans la hauteur, aux cieux supérieurs, mais ces mondes ne sont pas à sa portée » (Néfech ha’Haïm 1, 4).
Pure transcendance, il est intouchable. Ainsi, lorsque les armées ennemies sont sur le point d’y porter la main, le Temple rejoint le lieu d’où il émane.

Pourtant, ici-bas, le Temple a bel et bien été détruit. Ainsi, la Guémara continue-t-elle : après que le Temple s’est élevé dans les Cieux, il est renvoyé vers la terre où il se consume dans les flammes.
Tandis que le Temple est intouchable, ici-bas il brûle encore. Des mondes supérieurs, c’est l’image de sa destruction qui nous est renvoyée, comme par hologramme.

L'union Eternelle
Ainsi, un autre passage talmudique raconte que, lorsque les non-Juifs pénétrèrent dans le Saint des Saints, ils virent les deux chérubins enlacés : ce qui pour nous signifie l’union éternelle du peuple juif avec D.ieu est alors interprété par les nations comme un acte de débauche (voir le commentaire du Maharcha, Traité Yoma, p.54/b).

Cette contradiction est la preuve que, si le Temple et l’ensemble de la haute dimension spirituelle d’Israël sont intouchables, ils se dévoilent dans ce monde sous la forme que les hommes veulent bien leur prêter.

On raconta un jour le rêve suivant : volant au-dessus du Kotel haMaaravi – le mur ouest de l’enceinte du Temple, le dormeur avait vu, en lieu et place de l’immense esplanade recouvrant le lieu du Temple, des braises encore chaudes… Celles-là même de l’incendie qui avait ravagé le Sanctuaire il y a près de 2000 ans.

Ce récit onirique est le lieu d’une vérité déposée dans notre tradition : le Temple brûle encore, car « toute génération au sein de laquelle le Temple n’est pas reconstruit, c’est comme si elle le détruisait à nouveau, comme il est dit : « Souviens-toi, Eternel, pour la perte des fils d’Edom, du jour [fatal] de Jérusalem, où ils disaient : "Démolissez-la, démolissez-la, jusqu’en ses fondements » (Psaumes 137, 7) » (Talmud de Jérusalem, Traité Yoma 1, 1).Par Yehuda Ruck en partenariat avec Hamodia.fr