La Massékheth Soferim (18, 4) recommande la lecture, le 9 av, du psaume 79, et beaucoup de communautés ont  adopté cet usage.
 

Ce psaume, annonciateur de la destruction des deux premiers Temples de Jérusalem, commence par les mots : « Cantique (מזמור) à Assaph,  Dieu ! les nations sont entrées dans ton héritage ; elles ont profané ton saint temple ; elles ont mis Jérusalem en monceaux de pierres. »
 

Pourquoi ce mot מזמור, se demande le Midrach (Eikha rabba 4, 14) ? N’aurait-il pas été plus indiqué d’employer une expression moins joyeuse, comme בכי לאסף, נהי לאסף ou קינה לאסף (« complainte » ou « lamentation ») ?
 

Et le Midrach de répondre par une parabole : Cela ressemble à un roi qui avait préparé le mariage de son fils. Celui-ci s’était dependant dévergondé, de sorte que son père est allé arracher les ornements de la salle où devait avoir lieu la cérémonie.
 

Le précepteur du fils en fut tout content et se mit à chanter.

« Comment peux-tu te montrer aussi joyeux, lui reprocha-t-on, alors que le roi vient de détruire les préparatifs du mariage de son fils ?

– Si je suis aussi joyeux, répondit-il, c’est parce que le roi n’a laissé éclater sa colère que sur des objets inanimés, les ornements de la noce, mais sans aller jusqu’à la répandre sur son fils lui-même. »
 

Il en a été de même lorsque Hachem a déversé Sa colère : Il ne s’en est pris qu’à des pierres et à des morceaux de bois, c’est-à-dire au Temple, mais Il n’a pas détruit Israël.

C’est exactement ce que nous apprend le verset : « Hachem a allumé dans Sion un feu qui en a dévoré les fondements (יסודתיה) » (Eikha 4, 11), le mot יסודות désignant dans le langage biblique ceux qui ont contribué au malheur et non ses victimes elles-mêmes (Voir Malbim ad Ezéchiel 30, 4).
 

Jacques KOHN zal.