Ceci est le statut de la Tora. (19, 2)

Pourquoi cette paracha – consacrée à la « vache rousse » – fait-elle directement suite à l’histoire de Qora‘h ?
Les lois concernant la vache rousse ont été transmises à Moché le 1er nissan – deux semaines avant Pessa‘h – le jour où fut dressé le Tabernacle, explique le ‘Hizqouni. C’est le lendemain que la première vache rousse a été brûlée dans le désert, afin de pouvoir purifier les enfants d’Israël en vue du sacrifice pascal. Ses lois n’auraient pas pu être observées avant, car une fois égorgée, il incombe d’asperger son sang vers « l’ouverture de la Tente d’assignation » (infra verset 4).


Voilà pourquoi cette paracha suit directement celle de Qora‘h : un grand nombre d’Israélites étaient devenus rituellement impurs au contact des morts – les dépouilles des deux cent cinquante hommes qui, ayant offert l’encens, avaient été consumés par un feu céleste.
Les lois de la vache rousse étaient donc nécessaires pour leur permettre de se purifier et de procéder au sacrifice du Pessa‘h.

Ceci est le statut (‘houqa) de la Tora. (19, 2)

Dans sa traduction araméenne, Onqelos rend cette expression par : « ceci est le décret (guezéra) de la Tora ».
Le Choul‘han ‘Aroukh (Ora‘h ‘Hayim parag. 590) établit la liste des jours où l’on a coutume de jeûner, en souvenir des malheurs subis par nos ancêtres. Le Maguèn Avraham ajoute, au nom du Tanya :\r\n« Le vendredi avant le Chabbath où est lue la parachath ‘Houqath, certains ont pris l’habitude de jeûner, à titre individuel, en commémoration de la tragédie qui nous a frappés, suite à nos nombreux péchés : En l’an 5004 de la création du monde [17 juin 1244], le vendredi veille du Chabbath parachath ‘Houqath, vingt-quatre chariots emplis de volumes du Talmud, de halakhoth et de aggadoth furent consumés en France [lors du “brûlement” du Talmud à Paris, en place de Grève].
Des Rabbanim qui se trouvaient là-bas ont invoqué le Ciel au sujet de ce malheur. Il fut alors répondu en rêve : “Ceci est un décret concernant la Tora” – signifiant que c’était là un décret visant le vendredi de [la paracha :] zoth ‘Houqath ha-Tora. Dès lors, des personnes de grande piété ont pris l’habitude de jeûner chaque vendredi de la section ‘Houqath, sans instituer ce jeûne à la date précise [le 9 tamouz] où s’est produit ce désastre. »

Ceci est le statut (‘houqa) de la Tora. (19, 2)

Nous lisons dans le Midrach Rabba :
« Cela s’accorde avec le verset (Iyov 14, 4) : Qui donc peut tirer une chose pure de ce qui est impur ? N’est-ce pas le [Dieu-]Un ? – Comme [Il a “tiré”] Avraham de Téra‘h, Yochiya (Josias) de Amon, Mordekhaï de Chimi, Israël des nations, et le Monde futur de ce monde-ci. »
Dans ce passage, nos Maîtres citent des exemples de « purs » ayant émané d’« impurs », explique le Admor de Satmar.
En examinant cette liste, on pourrait commettre l’erreur de penser qu’il est permis de suivre les voies de l’impureté tout en s’efforçant de produire des fruits purs, ce qui est apparemment possible, voire aisé. Ce serait là une grave méprise ! Sachons, bien au contraire, que des méchants sort généralement l’impiété, et des impurs émane l’impureté.
Certes, nous voyons avec la vache rousse que le pur s’ensuit de l’impur. Ceux qui s’occupent de sa préparation deviennent impurs, à quel stade que ce soit. Or, elle-même sert à la confection de « l’eau lustrale », destinée à purifier ceux en état d’impureté ! Mais il s’agit là d’une « innovation », d’un décret provenant de la Tora et de la volonté de Hachem.
Telle est la raison pour laquelle le Satan et les nations du monde s’en prennent à Israël au sujet de cette mitswa précisément, car ils veulent inciter notre peuple à s’attacher à l’impureté. La réponse qui leur est faite est donc : « La vache rousse est une exception à la règle ! C’est un décret émanant de l’Omniscient, et nous ne devons en aucun cas l’utiliser comme exemple à appliquer à notre conduite ! »\r\n

Pourquoi n’est-il pas écrit : « ceci est le statut de la pureté », tout comme il est spécifié (Chemoth 12, 43) : « ceci est le statut du Pessa‘h » ? La réponse suivante a été rapportée au nom de Rav Moché Feinstein :
Par cette expression, l’Ecriture semble souligner que l’aspect particulier de la vache rousse, laquelle « purifie les impurs, et rend impurs les purs », apparaît en filigrane dans toute la Tora. Par chaque trait de caractère, par chaque geste, il est possible d’accomplir une mitswa ou – qu’Il nous en préserve ! – de commettre une infraction. Comme l’affirme le prophète Hochéa’ (14, 10) : « Droites sont les voies de Hachem ; les justes y marcheront ferme, et les pécheurs y trébucheront. »
Telle est la signification de l’interprétation talmudique du verset (Devarim 6, 5) : « Tu aimeras Hachem de tout ton cœur (levavkha, avec deux beith) » – « Avec tes deux penchants – le bon et le mauvais » (Berakhoth 54a). Le mauvais penchant peut être assujetti à l’inclination au bien. Mais le contraire est également possible, à Dieu ne plaise !
La loi de la vache rousse est donc effectivement « le statut de la Tora » tout entière !"