Nos Sages instituèrent que l’on boive quatre coupes de vin ou jus de raisin au cours de la soirée du Séder, et imposèrent cette pratique aussi bien aux femmes qu’aux enfants ayant atteint « l’âge de l’éducation ».


Comme nous l’avons vu, celui-ci se situe entre la cinquième et la septième année de l’enfant, selon les différents avis. Cependant, l’enfant ne sera pas tenu de boire une quantité de vin ou de jus de raisin supérieure à la contenance de sa propre joue (contrairement à l’adulte qui doit boire un réviit au minimum).

La coupe sera intacte, sans la moindre fêlure, et devra être remplie jusqu’à son bord.
La distribution des quatre coupes
Cette mitsva consiste à boire quatre coupes de vin au fur et à mesure de la récitation de la Haggada. Par conséquent, une personne qui se contenterait de boire les quatre coupes une à la suite de l’autre, sans les faire coïncider avec la lecture de la Haggada, ne se rendrait pas quitte de son devoir (Choul’han Aroukh 472).
Pour cette mitsva, les femmes ont exactement le même devoir que les hommes. De ce fait, si une femme a dû s’interrompre au milieu de la lecture de la Haggada, elle devra impérativement compléter les passages manquants avant de poursuivre, de sorte à faire coïncider la consommation des coupes avec la lecture de la Haggada.
La coupe
On prendra une coupe contenant au minimum un réviit, qui correspond à 86 ou 150 grammes selon les avis (cf. dans le chapitre sur les préparatifs du Séder). On optera de préférence pour une coupe en argent (Kaf Ha’haïm), ou pour une coupe en verre selon d’autres avis (‘Haïm Léroch). Par ailleurs, on ne prendra pas une coupe de trop grande dimension, dans la mesure où selon certains avis, il convient de boire la plus grande partie de la contenance du verre (Choul’han Aroukh 472).
Rincer la coupe
Même si l’on n’en a généralement pas l’habitude durant l’année, on s’appliquera à Pessa’h à rincer le verre utilisé pour les quatre coupes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur (Michna Beroura 479). Si le verre est parfaitement propre, on devra tout de même le rincer selon les prescriptions cabalistiques (Aroukh Hachoul’han 271).
Pour la seconde coupe de vin, il ne sera pas nécessaire de rincer le verre, dans la mesure où il est considéré comme propre dès le premier rinçage (Michna Beroura 473). Mais certains avis maintiennent que pour le Séder, on doit rincer les verres avant chacune des quatre coupes de vin, même si ceux-ci sont parfaitement immaculés (Darké Moché et Ben Ich ‘Haï).
Le vin
Dans l’absolu, on peut utiliser pour les quatre coupes du Séder du jus à peine extrait des raisins, et n’ayant absolument pas fermenté (Choul’han Aroukh). Cependant, la mitsva est accomplie de manière plus parfaite si l’on utilise du vin. Par ailleurs, il est préférable de prendre du vin qui n’a pas été bouilli, sauf si ce dernier est de meilleure qualité que le vin ordinaire.
Le jus de raisin
Le jus de raisin que l’on trouve de nos jours sur le marché peut parfaitement être utilisé pour les quatre coupes du Séder. Il reste cependant plus indiqué d’opter pour du vin alcoolisé (Mikraé Kodech). On rapporte au nom de rav Moché Feinstein que même si le vin risque d’indisposer ou de provoquer des maux de tête, celui-ci reste néanmoins préférable au jus de raisin. Et au demeurant, le mélange de vin et de jus de raisin est une option préférable au jus de raisin pur.
Des coupes nocives
Si la consommation des quatre coupes de vin ou de jus de raisin s’avère désagréable ou provoque des maux de tête, on devra néanmoins s’efforcer de les boire (Choul’han Aroukh). En revanche, si cette consommation s’avère nocive au point de provoquer l’alitement, on est alors dispensé de boire les quatre coupes du Séder. Il reste cependant possible de remplacer le vin ou le jus de raisin avec une boisson considérée comme courante et importante dans le pays où l’on réside (‘hamar médina) (Michna Beroura).
Qui verse le vin ?
Comme preuve de liberté, le maître de maison ne versera pas lui-même le vin, mais il demandera à autrui de le faire (Rama 473). D’autres décisionnaires sont d’avis qu’il ne convient pas d’agir ainsi, car il est vaniteux pour un homme d’exiger de sa femme qu’elle le serve de la sorte (‘Hayé Adam). D’autres écrivent qu’on demandera aux enfants de servir leur père.
Quelle quantité boire ?
Idéalement, on s’efforcera de boire le verre entier, c’est-à-dire un réviit complet. Mais à posteriori, on peut se suffire de la majorité de cette mesure (Choul’han Aroukh 472). Certains avis soutiennent qu’à Pessa’h, il convient de boire la plus grande partie du verre que l’on possède – et pas seulement un réviit. A cet égard, on veillera à ne pas utiliser un verre d’une trop grande contenance. Mais au demeurant, l’exigence stricte de la Halakha consiste uniquement à boire la plus grande partie d’un réviit (Michna Beroura).
Pour la quatrième coupe, on s’appliquera à boire un réviit entier, afin de pouvoir prononcer la bénédiction « al haguéfen » selon tous les avis.
La durée de consommation des coupes
Pour accomplir la mitsva au mieux, il convient de boire le réviit de vin d’une seule traite. Si la chose est difficile, on pourra se contenter de boire la majorité du réviit d’une seule traite, tant que la consommation totale ne dépasse pas le temps que l’on prend généralement pour boire un réviit.
Si l’on a tout de même mis plus que ce laps de temps pour boire le réviit ou la plus grande partie du réviit, la règle est identique à celle évoquée plus haut concernant l’accoudement, pour lequel la coutume séfarade exige que l’on boive les coupes à nouveau et où la coutume ashkénaze voit une distinction entre les différentes coupes. En revanche, si l’on a pris plus du laps de temps de « kédé akhilat perass » (entre 2 et 9 minutes) pour boire la coupe de vin, on devra réitérer selon toutes les opinions.
La bénédiction sur les coupes
D’après les décisionnaires séfarades, on ne prononce la bénédiction de « boré péri haguéfen » que sur la première et la troisième coupe, consécutive au bikrat hamazon. Selon la coutume ashkénaze, on prononce une bénédiction pour chacune des coupes, mais on ne récite la bénédiction finale (al haguéfen) que sur la dernière coupe. Même d’après cette opinion, il est préférable d’avoir l’intention, au moment où l’on prononce la bénédiction sur la première et la troisième coupe, de ne pas vouloir se rendre quitte par elle pour les coupes de vin suivantes.
Manger et boire entre les coupes
Entre la première et la deuxième coupe de vin, il est interdit de boire du vin ou toute autre boisson courante dans le pays (‘hamar médina, cf. plus haut). Cependant, si au moment du kidouch, on a eu l’intention explicite de vouloir boire entre ces deux coupes obligatoires, on pourra alors boire même du vin si cela s’avère hautement nécessaire, sans prononcer de bénédiction supplémentaire (Choul’han Aroukh 473). En revanche, consommer toute autre boisson ou même des fruits reste parfaitement permis (certains l’interdisent cependant à partir du moment où l’on a rempli la deuxième coupe de vin).
Après la deuxième coupe de vin, on peut boire à sa guise du vin ou toute autre boisson, sans prononcer de bénédiction particulière (sauf si l’on n’avait pas l’intention de boire de vin durant le repas).
Après la troisième coupe de vin, il est interdit de boire du vin ou du ‘hamar médina, mais toute autre boisson reste permise (certains avis ne permettent à ce moment-là que la consommation d’eau).
Enfin, après la quatrième coupe, on ne pourra boire que de l’eau ou du thé (Choul’han Aroukh et Michna Beroura 481). Il est alors préférable de s’abstenir de boire du café (Kaf Ha’haïm). Toutefois, en cas de grande nécessité, il sera permis de boire toute boisson non alcoolisée (Michna Beroura). Par ailleurs, il est interdit de fumer après la quatrième coupe, dans la mesure où le tabac altère le goût de la matsa (Béer Hétev).
La coupe d’Eliyahou
La coutume est de remplir et de poser sur la table du Séder une coupe supplémentaire que l’on ne boit pas. Elle est appelée : « La coupe du prophète Eliyahou ». Celle-ci marque la conviction qui nous habite que de la même manière que D.ieu nous délivra jadis d’Egypte, ainsi Il nous délivrera très prochainement, en annonçant la nouvelle par l’entremise du prophète Eliyahou (Michna Beroura 460). Cette coupe devra être plus haute et plus large que les autres, en l’honneur du prophète. La coutume veut également que ce soit le maître de maison lui-même qui remplisse cette coupe (Vayagued Moché).
Certains remplissent cette coupe au tout début du Séder, au moment où l’on verse la première coupe, d’autres ne la remplissent que vers la fin, après le Birkat Hamazon et avant que l’on entame le passage « chefokh ‘hamatékha ».
On ne boit pas cette coupe de vin pendant toute la nuit, on la recouvre et on la conserve pour le kidouch du lendemain matin (‘Hatam Sofer). D’autres ont l’habitude de reverser ce vin dans la bouteille après la fin du Séder. Hormis les communautés marocaines, la majorité des communautés séfarades n’observent pas la coutume de la coupe d’Eliyahou. 

Par Yonathan Bendennnoune ( Source amodia.fr)