Surprenant ! Avant même que D.ieu ne lui demande solennellement de quitter la maison de son père à Our Casdim, vers la terre qu’Il lui indiquera, Avram est déjà en route… vers Canaan (parachat Noa’h, chap. 11, 31-32).

En effet, on découvre que Tera’h père d’Avram avait décidé d’émigrer vers Canaan, seule terre qui n’avait pas été affectée par le déluge, afin d’échapper aux pogroms incessants du roi Nimrod, responsable de la mort tragique de son fils Haran dans la fournaise ardente. Dans sa quête d’une terre de refuge, Tera’h est accompagné d’Avram, de sa bru Saraï et de son petit-fils Loth.

Mais sur la route de Canaan, Tera’h va trouver un asile paisible en terre de ‘Haran. Pour lui qui fut l’apôtre de l’idolâtrie, quelle différence pouvait-il y avoir entre ‘Haran et Canaan ? Après avoir recouvré sa sérénité, c’est donc là qu’il trouvera le repos eternel.

Mais Avraham n’a que faire d’une terre d’asile. Lui qui enseigne à ses disciples, l’existence d’un D.ieu unique, maître du Ciel et de la Terre, comprend qu’il est porteur d’une autre dimension. Il sent que la terre de Canaan est privilégiée. Mais avant de s’y rendre pour réaliser son destin de père de la nation d’Israël et de père d’une multitude de nations, il attend l’appel divin du Le’h Le’ha.

Cette terre de Canaan ne sera pas pour lui une terre d’asile. Elle sera la terre que les « yeux de D.ieu contemplent du début à la fin de l’année », le socle de la présence divine sur terre. Si pour son père Tera’h, l’essentiel était d’abandonner une terre hostile, pour lui, la priorité est d’atteindre un Endroit qui rayonnera de spiritualité sur l’ensemble du monde.

Aujourd’hui, près de quatre mille ans plus tard, notre devoir est de comprendre que cette terre d’Israël ne peut pas se contenter d’être un point d’asile pour les Juifs victimes des plus grandes persécutions de l’Histoire.

Elle doit avant tout reprendre sa place de choix parmi les Nations. Et ce n’est qu’en lui redonnant sa pleine dimension spirituelle, que le peuple juif pourra la revendiquer sans complexe et la conserver sans conteste.  Daniel Haïk  Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française