« Ne laboure pas avec un bœuf et un âne attelés ensemble ! », (Devarim, 22, 10). Rachi ajoute à ce propos qu’il en va de même pour toutes les espèces animales existantes qui diffèrent rentes ; et il en va de même si on les mène harnachés par paires pour transporter quelque fardeau (Traité talmudique Baba Métsia, page 8/b).

Le ‘Hatam Sofer raconte à ce sujet la parabole suivante…
Dans sa jeunesse, ce grand sage voyagea en calèche en compagnie de son maître, l’illustre rabbi Nathan Adler. C’était en plein hiver, et les chevaux avançaient difficilement sur la route… Soudain, la diligence s’enfonça dans la neige et malgré les efforts de son attelage durement encouragé par des coups de fouet répétés, le cocher ne parvint pas à la faire sortir de cette ornière aussi profonde que glissante. Si bien qu’il détela l’un des chevaux, le sella et galopa vers le village le plus proche pour aller chercher des renforts.
Deux heures plus tard, il revint avec plusieurs bêtes qu’il attela à la carriole. Rabbi Nathan Adler, qui avait continué jusqu’à ce moment, impassible, son étude quotidienne de Torah, ressentit la secousse qui ébranla le véhicule. Il se pencha alors par la fenêtre pour voir ce qui se passait. Mais soudain, il sauta de la voiture, laissant même ses chaussures dans la cabine, et se mit à danser avec ferveur dans la neige sous les yeux ébahis de son élève.
Ce dernier s’enquit auprès de son maître afin de savoir pourquoi il avait ainsi sauté si précipitamment dehors, sans même rendre le temps de lacer ses chaussures. Rabbi Nathan pointa son doigt vers l’attelage, et le ‘Hatam Sofer comprit immédiatement : le cocher avait ramené du village deux bœufs et les avait attelés aux côtés de ses chevaux pour dégager la calèche de l’ornière. Et donc Rabbi Nathan avait sauté immédiatement dans la neige pour ne pas transgresser l’interdit de se faire traîner par un tel attelage…
Quant à la raison de sa danse dans la neige, ajouta rabbi Nathan, elle manifestait son immense joie d’avoir eu ainsi la possibilité – assez rare au demeurant – d’accomplir cette mitsva. On le sait : l’occasion d’appliquer certains préceptes spécifiques de la Torah ne se présente presque jamais à ceux qui étudient la Torah, confinés qu’ils sont, la majeure partie du temps, dans leur Bet Hamidrach. Résultat : ils étudient « virtuellement » ces mitsvot, mais ils ne peuvent que très rarement les observer.
« Je remercie Hachem de m’avoir donné l’occasion d’observer cette mitsva ! », conclut rabbi Nathan en jubilant.