« Ce sera parce que (eqev) vous aurez écouté « 

Le mot hébreu « éqèv » , que nous avons traduit par « parce que », peut également signifier « talon ». Selon la Michna (Avoth 1, 4), fait remarquer le Hatham Sofèr, la connaissance de la Tora s’acquiert « en s’asseyant à la poussière des pieds [des Sages] et en buvant avidement leurs paroles ».

Ces deux attitudes sont interdépendantes : En « s’asseyant à la poussière des pieds » des talmidei hakhamim, on parvient à saisir leurs propos et la sagesse qui s’en dégage, laquelle est aussi bénéfique que l’eau à un homme assoiffé. Par le passé, ceux qui voulaient étudier la Tora circulaient souvent de ville en ville à la recherche d’un maître qui leur convînt, et qui fût apte à étancher leur soif. Notre verset recommande cette façon de faire, car il peut être interprété comme signifiant : « Wehaya éqèv, ce sera, par le talon » c’est-à-dire par le mérite de tous vos déplacements et vos voyages à la recherche d’un maître « tichmeoun, vous écouterez » vous entendrez et comprendrez alors « ces lois-là. »

Ce sera, parce que vous aurez écouté. (7, 12)

La Tora et les mitswoth sont qualifiées de « plus précieuses que l’or » (Tehilim 19, 11), le texte ajoutant (verset suivant) : « ton serviteur y est aussi attentif, en observant celles grandement [foulées au] éqèv (talon) ».
Le Midrach Tanhouma explique ce passage comme suit : David dit à Hachem : « Maître de l’univers ! Ne crois pas que j’observe Tes paroles simplement parce qu’elles sont plus précieuses que l’or ! Mais Ton serviteur y est attentif, et il observe même celles, parmi elles, qui sont simples ! » C’est pourquoi il est écrit (Ibid. 31, 20) : « Comme il est considérable, le bien que Tu dissimules pour ceux qui Te craignent », à savoir l’immense récompense que Tu réserves à ceux qui, Te craignant, accomplissent dûment les commandements « faciles ».
L’homme pourrait être tenté de concentrer ses efforts sur les mitswoth les plus difficiles, explique le Sefath Emeth, en leur attribuant à tort plus d’importance qu’aux autres. Or, déclare ici le roi David, c’est pour avoir attaché un soin et une attention extrêmes à ces injonctions « faciles » que les gens ont tendance à piétiner de leurs talons, que « ton serviteur est aussi attentif bahèm, à elles », à savoir aux mitswoth plus ardues et graves.
Le véritable homme de foi reconnaît qu’Il nous récompense pour toutes nos mitswoth, y compris pour celles pouvant être réalisées facilement et sans effort.

Moché a annoncé aux enfants d’Israël, explique dans le même sens Rachi, que la récompense promise par Hachem sera offerte « si vous écoutez les mitswoth faciles, que l’homme piétine avec ses talons ». Or, cela est difficile à comprendre : Pourquoi mériterions-nous toutes Ses bénédictions pour avoir accompli précisément les commandements « faciles » ?
Rabbeinou Yona (Chaarei Techouva 3) cite la Guemara (Berakhoth 4b), selon laquelle celui qui transgresse les enseignements des Sages est passible de mort. Cela tient, explique-t-il, à ce que les gens se permettent de violer ces préceptes au motif qu’ils sont moins importants que les commandements. Il en va de même pour ce qu’on appelle des mitswoth faciles. L’homme tend à les minimiser et à y contrevenir, et une fois qu’il les a enfreintes, il se justifie de manière ridicule, comme s’il voulait se convaincre qu’il peut en trouver d’autres, plus difficiles à observer, et donc plus « prometteuses ». Or, au contraire, puisqu’elles sont « faciles » et couramment sous-estimées, notre libre arbitre à leur égard est plus considérable, ainsi que la récompense value par leur pratique zélée.

Ce sera, parce que vous aurez écouté ces lois (michpatim). (7, 12)

La Tora parle ici de michpatim de lois logiques, dont nous pouvons comprendre les motifs, fait remarquer le Choèl ou-Mèchiv, et non de houqim, de décrets divins que notre raison ne peut cerner, et dont l’observance pourrait donc sembler plus méritoire. Or, une autre dissemblance sépare ces deux catégories de commandements : Quoique la mise en pratique des « lois » soit plus facile, il est cependant malaisé de les observer sans arrière-pensées, exclusivement en tant qu’injonctions de Hachem, et ce précisément parce qu’elles s’imposent logiquement. Quant aux houqim, notre entendement ne pouvant participer à leur observance, il est plus facile de les accomplir le-Chèm Chamayim, parce qu’Il nous les a imposés et à seule fin de répondre à Sa volonté. Tenant compte de cette différence, Hachem nous assure que si l’on pratique les michpatim avec une totale pureté d’intentions, Il nous en récompensera abondamment.

Ce sera, parce que vous aurez écouté ces lois Hachem, ton Dieu, te gardera l’alliance et la bonté qu’Il a jurées à tes pères. (7, 12)

La Tora établit ici un lien entre l’accomplissement de Ses commandements et Sa promesse à nos aïeux, fait remarquer le Chèm mi-Chemouèl, car les descendants de Essaw auraient pu faire valoir leur mérite ancestral, étant issus eux aussi, d’Avraham et de Yitshaq. Voilà pourquoi il est stipulé ici que cette promesse est conditionnée par le respect de Sa parole. Par l’observance des mitswoth, nous montrons que nous sommes vraiment les enfants de ceux auxquels Il a donné Sa parole. Ainsi, « Il te gardera à toi seulement l’alliance et la bonté »