La Hilloula de Rabbi Shimon Bar Yo'haï à Méron attire chaque année plusieurs centaines de milliers de Juifs venus d'horizons divers. À l'occasion de Lag Baomer, Hamodia vous propose d'en savoir sur ces célébrations et sur les us et coutumes de cette grande Hilloula.

Rabbi Chimon bar Yo'haï : pour certains, le fait même de prononcer le nom du rédacteur du Zohar, élève de Rabbi Akiva, réjouit et met un baume de émouna au cœur. La Hilloula de Rachbi attire chaque année plus de monde dans le petit village de Méron qui devient, pour quelques heures, le pôle d'attraction de Juifs de tous bords : 'Hassidim et Traditionalistes, Séfarades et Ashkénazes, portant kippot noires, crochetées ou Breslev. À l'approche de Lag Baomer, Hamodia vous propose d'en apprendre un peu plus sur cette célébration et de faire plus ample connaissance avec ses us et coutumes, mais aussi avec son aspect technique.



  Ils seront plusieurs centaines de milliers à prendre la route samedi soir, ou dimanche après-midi (voir encadré), pour se rendre sur le tombeau de rabbi Chimon bar Yo'haï à Méron. Parmi eux, les inconditionnels, ceux qui viennent chaque année et ne rateraient pour rien au monde la Hilloula. Mais il y aura également les « novices », ceux qui viendront pour la première fois, attitrés par les légendes qui circulent autour de ce moment bien particulier de l'année. Il y aura également ceux qui viendront chercher un remède à leur souffrance, des réponses à leurs questions et qui évoqueront le mérite de l'auteur du Livre de la Splendeur, le Zohar.
Chaque année, de plus en plus d'Israéliens et de Juifs venus de Diaspora se rendent à Méron pour assister aux festivités de Lag Baomer. Ce lieu et cette date attirent les foules.
Durant 24 heures, le petit village de Méron devient le théâtre d'un immense festival où se côtoie le peuple d'Israël dans toute sa diversité et où mélodies 'hassidiques et chants orientaux se succèdent et s'imbriquent dans une magnifique harmonie.
Et c'est peut-être là que réside le secret de Rabbi Chimon et de sa Hiloula : dans cette capacité à réunir des Juifs qui, 364 jours par an, ne se fréquentent pas, ne se parlent pas, mais qui, arrivés au 33e jour de l'Omer, se souviennent soudain que quelque chose les unit.
Les plus prudents ou ceux qui ne veulent pas être bloqués dans les embouteillages ont décidé de passer carrément le Chabbat à Méron ou dans ses environs. Certains choisissent l'hôtel, d'autres les fameux « tzimmer », ces chambres d'hôtes si répandues en Galilée. D'autres encore, plus téméraires, dormiront sous des tentes. Quant aux plus courageux, ils n'hésiteront pas à dormir… dans des poulaillers !


On peut les comprendre : il y a quelques années, Méron et ses environs avaient connu lors de Lag Baomer l'un des plus impressionnants « bouchons » de l'histoire d'Israël. Mais depuis quelques années, et depuis que la responsabilité du maintien de l'ordre sur les routes a été confiée au département de la circulation de la police, ce problème est réglé. Le département de la circulation se prépare un mois à l'avance à ce qu'il considère comme l'évènement le plus complexe et important de l'année.
Des parkings géants sont mis à la disposition du public autour de Méron. Ainsi, après avoir garé leur voiture, les pèlerins utiliseront les dizaines de navettes qui feront constamment l'aller-retour jusqu'au tombeau lui-même. Des centaines d'autobus de la compagnie Egged mais également de compagnies privées sont attendus. Selon la police, il est d'ailleurs fortement recommandé de renoncer à prendre sa voiture et d'utiliser les transports en commun qui seront déclarés prioritaires en cas d'embouteillages.
Quand le feu de Méron se propage dans tout Israël
À Méron, c'est l'allumage de la première médoura (feu de camp) qui marque le début des festivités (voir encadré). Mais ce n'est pas qu'à Méron que le feu illumine. En effet, dans tout le pays les Israéliens se rassemblent sur des terrains vagues ou dans des clairières pour allumer des milliers de feux de joie. Concrètement, cela fait plus d'un mois que les enfants, issus là encore de tous les horizons, recueillent soigneusement des troncs d'arbres, des palettes de bois, des branches plus légères ou même de simples brindilles pour faire de leur « médoura » la plus belle et la plus haute du pays.


Quelle est la source de cette coutume ? En fait, c'est le Zohar lui-même qui nous en révèle le secret (3e partie, page 291b). Dans un texte qui décrit le départ de ce monde de Rabbi Chimon Bar Yo'haï, ses élèves décrivent comment durant toute cette journée, Rabbi Chimon a prophétisé et leur a révélé les secrets mystiques les plus profonds de la Torah : « Et voici de saintes paroles, que je n'ai jamais révélées jusqu'à aujourd'hui et que je veux révéler maintenant… Qu'on ne dise pas que j'ai quitté ce monde en ayant manqué quelque chose ». Rabbi Abba, un de ses plus proches élèves, écrit ensuite : « Et je n'ai pas levé ma tête, car la lumière était si forte que je ne pouvais pas voir… Durant toute cette journée, le feu n'a pas cessé d'illuminer la maison et personne n'a pu s'en approcher, car la lumière et le feu étaient autour de lui… »

Pourquoi le feu ? Car la Torah a été comparée au feu. Le feu est un élément physique qui se transforme en énergie. La Torah fait de même : elle nous conduit à agir dans le monde matériel pour en retirer l'énergie spirituelle. Le Zohar, le livre de la Splendeur et de la clarté, le livre écrit par Rabbi Chimon Bar Yo'haï et ses élèves, est porteur de ce même message…Par Laly Derai, en partenariat avec Hamodia.fr