Il est des lieux de pèlerinage qui réunissent chaque année davantage d’hommes et de femmes. Il est des lieux de mémoire qui rassemblent et unissent, au-delà des sectarismes et des clivages. Il est des lieux de prière qui sont uniques et éternels pour chacun d’entre nous. L’un d’entre eux est le tombeau de Ra’hel la matriarche. Sur la route de l’exil, à Bethléem, celle que l’on appelle encore la « mère du peuple juif » est un repère et un symbole. 

Le personnage de Ra’hel Iménou reste mystérieux par sa grandeur morale et spirituelle. Elle qui se sacrifia pour sa sœur Léa, elle qui attendit des années avant de réaliser ce pour quoi elle vivait – à savoir devenir une matriarche et donner naissance au peuple juif – doit surmonter une série d’épreuves indescriptibles. La dernière, celle d’une mort prématurée, trouve son aboutissement naturel dans la vocation qu’elle aura incarnée durant toute son existence : être pour ses descendants un repère et une source de consolation. C’est la raison pour laquelle elle est enterrée à Bethléem, sur la route qui sera celle des enfants d’Israël lors de leur déportation vers Babylone. Même dans la mort, elle reste un symbole de vie et d’espoir.
Une mère aimante
Ra’hel Iménou a une place particulière dans le cœur de chaque Juif. Comme si chacun sentait au plus profond de lui que cette femme d’exception nourrissait les sentiments d’une mère aimante, prête à tout. Le site est chaque année visité par des milliers de personnes en quête d’inspiration et de réconfort. Chacun vient épancher son cœur, prier et espérer, tenter de saisir ce que fut cette personnalité hors du commun qui inspire encore et console toujours.
Ce haut lieu de prière est également honoré par la présence de grands rabbanim, qui savent que la mère du peuple juif est encore attentive et aimante. L’un d’entre eux, rav ‘Haïm Schmoulevitz, faisait écho à la demande divine rapportée par le verset : « Ra’hel, arrête de pleurer ! Arrête de verser des larmes ! Je ramènerai tes enfants de l’exil » en s’exclamant devant sa tombe, secoué par des sanglots : « Pleure maman, pleure ! Ne cesse pas de pleurer ! Verse des larmes pour tes enfants qui sont encore en exil ! Pleure et aide-nous à sortir de cette Galout difficile et douloureuse ! »

Par Laly Derai, Hamodia.fr