Qu’est-ce que le Tanakh ?

Il est une habitude bien ancrée chez les Juifs de désigner notre Bible sous le nom de Tora.

En réalité, ce vocable, par une synecdoque, ne définit qu’une partie de la Bible, puisque celle-ci se compose en réalité de trois parties …

 

– La Tora à proprement parler, ou « Pentateuque », du latin pentateuchus (« ouvrage composé de cinq livres »).

– Les Neviim, ou « Prophètes ».

– Les Kethouvim (« écrits »), ou « Hagiographes » (du grec hagio et graphein : « écriture sainte »).

Mieux vaut donc, s’agissant de la Bible en son entier, employer l’expression acronyme Tanakh, laquelle n’est autre que l’abréviation formée par les lettres initiales de ces trois parties.

L’ensemble du Tanakh se compose d’un certain nombre de livres – vingt-quatre au total, selon la tradition talmudique – eux-mêmes divisés en chapitres.

Aux origines, les seules divisions de la Bible reconnues dans le judaïsme étaient celles que dictait la massora (« tradition »), à savoir les paragraphes « ouverts » (parachioth pethou‘hoth) et les paragraphes « fermés » (parachioth setoumoth).

La différence entre les uns et les autres est purement graphique : Les lettres qui suivent un paragraphe « ouvert » sont écrites après un retour à la ligne, alors que celles qui suivent un paragraphe « fermé » sont écrites après un blanc et sur la même ligne. Il n’existe, et n’a jamais existé, aucune numérotation de ces paragraphes massorétiques.

La division en chapitres est beaucoup plus tardive, puisqu’on l’attribue à un théologien chrétien, Hugues de Saint-Cher, qui l’a réalisée au treizième siècle.

Les circonstances ont voulu qu’elle fût imposée aux Juifs à l’époque où on les forçait à débattre avec des Chrétiens dans des « disputations », du genre de celles qui ont opposé Ramban ou rabbi Ye‘hiel de Paris à des adversaires résolus à faire triompher leur doctrine.

Nous avons cependant retenu cette division en raison de sa commodité, et nous la trouvons aujourd’hui dans tous les ouvrages réalisés par les éditeurs juifs.

Elle procure en effet l’avantage, que n’offre pas la massora, de permettre de repérer aisément n’importe quel passage du Tanakh, d’où un avantage inappréciable pour l’étude et pour l’enseignement.

Cette division doit cependant être reçue avec quelque circonspection, car il arrive qu’elle aboutisse à de véritables contresens. Il en est ainsi, par exemple, du chapitre 36 de Chemoth, dont le premier verset se rattache nécessairement à ceux qui le précèdent, et non à ceux qui le suivent.

 

Le Tanakh est accompagné de compléments quasi-officiels appelés Targoumim (« traductions » [en araméen]), dont voici les plus importants :

Targoum Onqelos : sur la Tora.

Targoum Yonathan ben ‘Ouziel (souvent appelé « pseudo-Yonathan ») : sur la Tora.

Targoum Yerouchalmi : sur la Tora.

Targoum Yonathan : sur le Nakh.

On ne peut parler du Tanakh sans évoquer ses nombreux commentateurs. Ne pouvant les citer tous, nous énumérerons ici les plus connus, ceux qu’il est convenu d’appeler les « classiques » :

Rachi (Rabbi Chelomo ben Yits‘haq, 1040-1105).

Rachbam (Rabbi Chemouel ben Méir, 1085-1174).

Ibn Ezra (1089-1164).

Da‘ath zeqènim : Commentaire de la Tora rédigé par les Tossafistes.

Radaq (Rabbi David Qim‘hi, 1160-1235).

Ramban (Rabbi Moché ben Na‘hman, ou Nahmanide, 1194-1270).

Rabbeinou Be‘hayé (1265-1340).

Ba‘al ha-tourim (Rabbi Ya‘aqov ben Achèr, 1270-1343).

Ralbag (Rabbi Lévi ben Guerchon, ou Gersonide – 1288–1344).

‘Hizqouni (Rabbi ‘Hézéqia ben Manoa‘h, 13ème siècle).

– Sforno (Rabbi Ovadia ben Ya‘aqov  Sforno, 1470-1550).

Keli Yaqar (Rabbi Efrayim Chelomo de Luntshitz, 1550-1619).

Sifthei ‘hakhamim  (Rabbi Chabtaï Bass, 1641-1718).

Or ha-‘hayyim (Rabbi ‘Hayyim Ibn Atar, 1696-1742).

Avi ‘ézèr (Rabbi Chelomo ha-kohen de Lissa, 18ème siècle).

Metsoudath David et  Metsoudath Tsion (Rabbi David Altschuler, 18è siècle).

Malbim (Rabbi Méir Leibouch, 1809-1879).

à suivre…

Jacques KOHN.