En ce Chabbat Para, nous lisons la paracha de la « Vache rousse » qui énonce – entre autres – qu’après avoir mélangé les cendres de cette bête avec de l’eau, le Cohen doit en asperger ceux qui se sont rendus impurs au contact d’un mort. Or, le Cohen lui-même devient impur pour avoir touché à ce mélange, alors que – paradoxalement – la personne aspergée retrouve sa pureté…


On sait que cette mitsva est le symbole même de ce que l’on appelle les ‘houkim : cette catégorie de commandements divins dont nous ne pouvons pas saisir les causes et le fonctionnement.

Le soir du Séder de Pessa’h, le récit de la « Hagadah » énumère les réactions fort différentes des quatre fils attablés ensemble face aux préparatifs de la longue soirée qui va suivre. Le Sage demande : « Qu'est-ce que ces lois, ces statuts et ces règlements que l'Éternel, notre D.ieu, vous a imposés ? » (Devarim, 6, 20). Quant au méchant, il interroge : « Que signifie pour vous ce rite ? », (Chemot, 12, 26).

Alors, en quoi les questions de ces deux fils diffèrent-elles tellement – au point d’avoir été considérés comme totalement aux antipodes l’une de l’autre –, bien que tous deux semblent s’intéresser au sens réel de tout ce service divin ?
Le Maguid de Doubno raconte à ce sujet la parabole suivante…
Un homme d’affaires acheta une grande demeure mise en vente avec tout son contenu. Le lendemain, il se rendit sur place, accompagné de son fils : fier d’en être devenu le propriétaire, il arpenta avec plaisir les diverses pièces luxueusement meublées, ouvrant de temps en temps un placard pour vérifier son contenu.
Or, après avoir terminé son tour de découverte, il revint vers les armoires et, à la stupéfaction de son fils, il les vida de leur contenu… Ainsi tria-t-il méticuleusement les effets de certaines d’entre elles en en faisant des petits tas, alors que d’autres affaires furent empilées sur le parquet sans aucune distinction. Puis, il demanda à son fils de procéder à l’emballage de ces petits tas, mais en respectant scrupuleusement la sélection qui avait été faite. Pour les autres articles n’ayant pas fait l’objet d’un quelconque tri, ils pouvaient être mis en vrac dans des sacs.
Son fils se sentit obligé de lui demander selon quel « critère » il avait donc bien pu procéder pour sélectionner tout cet assortiment. Le père répliqua : « Ce que j’ai décidé d’utiliser à titre personnel, je l’ai trié sur le volet. Quant au reste, qui m’est inutile, je l’ai laissé en vrac, et je vais donc essayer de m’en débarrasser pour un bon prix. »
Le fils sage de la Hagada est plein d’engouement et de zèle pour accomplir toutes les mitsvot, même celles dont il ne comprendra jamais les raisons profondes, comme dans le cas si emblématique du ‘hok de la Vache rousse. De ce fait, dans l’énoncé de sa question, il a la sagesse d’avoir déjà trié les préceptes divins en trois groupes : les édot (lois), les ‘houkim (statuts), et les michpatim (règlements). Un tri qui atteste de son haut intérêt personnel à obéir à la Torah.
Par contre, le fils rebelle ne cherche que la première occasion pour se débarrasser du joug des mitsvot : voilà pourquoi, dans son attitude de refus et de rejet, il demande « en vrac » de manière globale « que signifie pour vous ce rite ? »…
(Sources: Hamodia)