A l’approche des Jours Redoutables, les Tsadiqim font le bilan de leurs actes et de leur niveau spirituel et… ils tremblent, disait le maguid de Doubno : Qui sortira innocent du tribunal divin ? Quant à nous, nous ne sommes même pas capables d’ébaucher le moindre examen de conscience…
Le maguid explique ce phénomène par une parabole :

Tous les commerçants achètent leur marchandise chez un grossiste…

Certains payent comptant mais la plupart d’entre eux règlent leur fournisseur par traites et, lorsqu’ils passent une nouvelle commande, ils ne se sont pas toujours acquittés des dettes déjà contractées. Ils doivent donc calculer avec précision le montant de leurs créances avant d’aller se réapprovisionner chez leur grossiste.

Quand le commerçant procède-t-il à ce bilan ? Lorsque ses étagères sont vides, que son stock est épuisé et qu’il doit passer une nouvelle commande. Du reste, il lui arrive souvent de découvrir, en vérifiant sa comptabilité, qu’il doit plus d’argent qu’il ne le pensait ! Il lui faut alors mobiliser la somme manquante…
C’est ce que l’on appelle faire son ‘héchbone hanéfèch, son bilan spirituel, au fur et à mesure. L’an passé, le tsadiq avait sollicité une bonne année à venir et avait payé comptant par le mérite de l’étude de la Tora et des mitsvoth accomplies pendant l’année en cours ; le reste avait été acquitté grâce aux bonnes actions accumulées durant l’année écoulée. A l’approche des Jours Redoutables, lorsqu’il procède au bilan, le tsadiq juge souvent que ses mérites ne sont pas suffisants et qu’il est encore redevable de beaucoup… Il s’efforcera alors d’accumuler des mérites pour régler ses “dettes”.
Il existe cependant des commerçants qui achètent toute leur marchandise à crédit pour un an. Le grossiste les leur fournit sans leur demander un sou. Ces commerçants profitent de leurs bénéfices sans se montrer une seule fois chez leur créancier. Pourquoi le feraient-ils s’ils n’ont pas besoin de nouvelle marchandise ? Ils n’ont ni à dresser le bilan de leur activité ni à calculer le montant exact de leurs dettes ni même à faire l’effort de se souvenir de quelque quittance oubliée. En effet, ils savent qu’aucune marchandise ne leur appartient et qu’ils devront payer “en bloc” tout leur stock. Même au terme de leur créance, ils n’effectuent aucun compte : ils sont, de toute façon, redevables de tout ce qu’ils possèdent…
Nous autres, simples Juifs, sommes comparables à ces derniers. Nous n’avons guère besoin de nous livrer à un bilan minutieux. En effet, nous avons pratiquement tout reçu sans rien payer en échange. C’est entièrement “à crédit” que nous avons profité d’une année de vie, de santé et de bonheur. Hachem nous a entretenus, nous et notre famille. Que lui avons-nous offert en échange de tous Ses bienfaits ? Au seuil de la nouvelle année, nous n’avons pas même à peser nos actes passés ni à y réfléchir. Nous sommes conscients que nous Lui devons tout et c’est donc, en “paiement”, un éveil de tout notre être, une transformation générale que nous devons opérer.
(Ohel Ya‘aqov, Emor)

Extraits de « Paraboles sur la période d’Eloul, Roch Hachana et Yom Kippour » Compilées et rédigées par Chalom Méir Wallach
Traduction de l’hébreu : Esther Meyer
Editions Daath