En novembre prochain, La Havane aura officiellement cinq cents ans. Pour marquer l’évènement, les édiles de la capitale cubaine ont décidé de relooker la ville. C’est ainsi que des rues sont en cours d’être pavées, des monuments « rafraîchis » et des sites historiques restaurés. Parmi ces derniers, se trouve le plus vieux cimetière juif de la cité.

C’est, en effet, en 1906, que le premier groupement juif « cubain » organisé achète un terrain à Guanabacoa, un quartier situé à l’est de La Havane. Quatre ans plus tard, un cimetière juif y est inauguré, cimetière où furent enterrés des juifs (et leurs descendants) venus, pour l’immense majorité, d’Europe Centrale ou d’Europe de l’Est. Parmi eux, nombreux sont ceux qui, dans la période entre les deux guerres mondiales, ont fui les persécutions.

Mais, si l’on en croit David Prinstein, le vice-président de la communauté, après leur départ de Cuba suite à l’arrivée au pouvoir des communistes en 1959, beaucoup de juifs ont oublié « ceux qui avaient été laissés ici ». Ceci explique pourquoi, pendant des années, la communauté juive locale n’a pas réussi à trouver les 200 000 dollars nécessaires à une rénovation totale du site. Tout au plus quelques juifs américains ont-ils versé des fonds pour l’entretien de certaines tombes spécifiques. Ce qui fait que le cimetière, dans son ensemble, s’est peu à peu dégradé.

Dans une interview donnée à la télévision cubaine, Pilar Vega, une ingénieure qui travaille au très officiel « Département d’histoire » de la Havane, a déclaré qu’il y avait environ un millier de tombes dans ce même cimetière, qu’une cinquantaine avait déjà été réparée et que cent cinquante autres devraient l’être avant la fin de l’année. De plus, si elle n’a pas précisé si le lieu allait être restauré totalement, elle a, néanmoins, annoncé que la chambre mortuaire où était effectuée la « tahara » des défunts avait, elle aussi, été remise en état.

Que la restauration soit totale ou partielle, elle n’en est pas moins méritoire dans un pays qui traverse de graves difficultés économiques. « Nous ne sommes pas le seul problème du pays, a dit Adela Dworin, la présidente de la communauté. Il y a beaucoup d’endroits qui ont besoin de l’intervention du Département d’histoire ». Du coup, nous sommes particulièrement reconnaissants pour leur intérêt et l’amitié qu’ils montrent envers le peuple juif ».

A noter, enfin, que ce cimetière abrite, aussi, un monument, haut de trois mètres, qui est dédié aux six millions de juifs assassinés pendant la Shoah. Une demi-douzaine de savons, censés avoir été manufacturés avec de la graisse humaine par les nazis, sont enterrés non loin du mémorial.

Source: Actualité Juive