Le livre d’Esther contient deux dispositions apparemment inutiles, et de plus difficilement conciliables.Au moment où Esther est devenue la femme d’Assuérus, il est indiqué que celui-ci a octroyé « un dégrèvement fiscal aux provinces » (Esther 2, 18).

En revanche, une fois réalisé le miracle de Pourim , « le roi Assuérus imposa un impôt sur le pays et sur les îles de la mer » (Esther 10, 1).

Quel est l’intérêt pour le lecteur de la Meguila  d’Esther qu’on lui fasse connaître de tels détails concernant la fiscalité dans le royaume d’Assuérus ?

En outre, on aurait plutôt compris que les festivités qui ont entouré le couronnement d’Esther et l’on sait la somptuosité des réjouissances célébrées à Suse entraînassent un alourdissement du budget royal et, par conséquent, une aggravation par Assuérus de la fiscalité qui pesait sur ses sujets. Or, c’est le contraire qui s’est produit.

A l’inverse, après la pendaison de Haman et de ses fils, et la mort de ceux qui voulaient s’en prendre aux Juifs, on se serait attendu à un retour au calme dans le royaume d’Assuérus, et par conséquent à un allègement des impôts.

Pourquoi est-ce le contraire qui est arrivé ?

Dans son commentaire du livre d’Esther ( ad  10, 1), le Griz ( Rabbi Yits’haq Zeèv Soloveitchik ) explique comme suit ce paradoxe :

La levée de nouveaux impôts par Assuérus a été elle-même l’un des résultats du miracle de Pourim. Haman et sa clique représentaient une force politique considérable, et l’on aurait pu redouter que le pays, à l’annonce de leur mort, se soulevât à la fois contre le roi et contre les Juifs.

Ce risque, fort heureusement, ne s’est pas réalisé. Le pouvoir d’Assuérus s’est trouvé renforcé par le miracle de Pourim , et c’est ce miracle qui lui a permis de lever de nouveaux impôts. Voilà pourquoi cet alourdissement de la fiscalité du royaume est, contre toute logique, mentionné dans le livre d’Esther.

Jacques KOHN Zal