Hachem parla à Moché, dans le désert de Sinaï. (1, 1)

Chaque année, nous lisons la section Bamidbar le Chabbath avant Chavou?oth. Selon l’enseignement des Tossafoth (Meguila 31b s.v. qelaloth), c’est afin de ne pas faire suivre les malédictions de la parachath Be?houqothaï ? dernière du ?houmach Wayiqra ? directement par la fête.
Rav Moché Feinstein explique cela différemment : Certaines personnes sont tentées de se dire : « Qui suis-je et quelles sont mes capacités ? De toute façon, même si je m’adonnais sérieusement à l’étude, je n’arriverais pas à grand-chose et je n’acquerrais pas un haut niveau d’instruction. Sous l’influence de ce manque de confiance et d’une telle déconsidération d’elles-mêmes, elles en viennent à la paresse et au laxisme tant dans l’étude que dans la pratique de la Tora.

Voilà pourquoi ce Chabbath-là, nous lisons la sidra de Bamidbar, où apparaît le recensement du peuple d’Israël. Dans ce dénombrement, chaque individu, chaque Juif, petit ou grand, simple ou savant, est pris en compte. Chaque membre d’Israël détient de l’importance et possède sa valeur intrinsèque ; il constitue une entité irremplaçable au sein de la communauté.
Voilà pourquoi la lecture de cette paracha renforce et prépare chacun de nous en vue de la réception de la Tora.

Dans le désert de Sinaï? (1, 1)

Enseignement du Midrach (Bamidbar Rabba 1, 7) : « Celui qui ne [s’abaisse pas] au point d’être comme une zone désertique libre d’accès est inapte à acquérir la sagesse et la Tora. »
Cette section de Bamidbar ? « dans le désert de Sinaï » ? fait directement suite au verset final du livre de Wayiqra : « Celles-ci sont les mitswoth que Hachem a données à Moché? » Car celui qui ne se fait pas humble comme le désert ne peut être le dépositaire de la Tora et des commandements.

Dans le désert de Sinaï [?] le premier [jour] du deuxième mois. (1, 1)

Hachem a compté les enfants d’Israël ? pour la troisième fois ? lorsqu’Il est venu faire résider sur eux Sa présence, commente Rachi. Le Tabernacle a été érigé le 1er nissan, et Il les a recensés le 1er iyar.
Cette explication de Rachi est fort étonnante. La Chekhina ne régnait-elle pas sur Israël dès le 1er nissan, jour de l’édification du Michkan ? La Tora atteste elle-même (Chemoth 40, 17-34) : « Ce fut, le premier mois (nissan) de la deuxième année, le premier du mois, que fut dressé le Tabernacle [?] la nuée couvrit la tente d’assignation et la gloire de Hachem emplit le Tabernacle. » Pourquoi alors a-t-Il attendu un mois avant de les recenser ?
Il est de principe, répond le Teroumath ha-Déchèn, que pour être considéré comme tochav ? « résident » ? dans une ville, et pour recueillir les avantages mais aussi les obligations qu’implique ce statut, il faut y habiter au moins trente jours (Baba Bathra 8a). Telle est la durée qui s’impose pour établir un état de « permanence ».
On peut donc dire que même si la Chekhina s’est épanchée sur Israël le 1er nissan, Sa Présence n’était pas encore « permanente ». Pour être considérée comme telle, il a fallu attendre que s’écoulent trente jours.
Voilà pourquoi Hachem a compté les enfants d’Israël un mois après l’érection du Michkan, le 1er iyar.

« Relevez (seou) [le nombre] des têtes de toute la communauté des enfants d’Israël. » (1, 2)

Commentaire de Rachi : « Par l’affection qu’Il leur porte, Il les compte à tout moment? »
Le décompte n’atteste pas seulement l’attachement éprouvé par celui qui l’accomplit envers les éléments qu’il recense. Le fait même d’inventorier quelque chose lui confère de la valeur.
Dès l’instant où il a été recensé, explique le ?Hiddouchei Harim, chaque membre d’Israël a acquis son importance. En tant qu’élément du décompte, aucun d’eux n’a pu se sentir mis de côté ou insignifiant, étant de règle que « ce qui est dénombré ne peut être annulé en étant mêlé à une majorité, même dans le rapport de un à mille » !

Ce principe étant toutefois établi par les Sages du Talmud et donc dé-Rabbanan (« d’origine rabbinique »), Hachem Lui-même a enjoint que le peuple d’Israël soit dénombré, afin que midé-Oraïtha (« de par la Tora »), aucun Juif ? élément du décompte ? ne puisse être considéré comme « négligeable » et insignifiant. »