Trois ans après l’adoption d’une loi en Espagne et au Portugal donnant aux descendants des Juifs de la région, expulsés pendant l’Inquisition il y a plus de 500 ans, la possibilité d’obtenir la nationalité du pays dont leur famille est originaire, on estime à seulement 10 000 le nombre de personnes ayant bénéficié de cette nouvelle mesure après avoir apporté des preuves de leur filiation.

Pourtant, à l’heure actuelle, ils doivent être des centaines de milliers dans le monde à avoir pour ancêtres des Juifs qui ont été contraints de quitter leur terre natale sous le règne du roi Ferdinand et de la reine Isabelle la Catholique.

Lorsque les gouvernements espagnol et portugais ont pris l’initiative de présenter cette loi en 2015, ils ont indiqué qu’ils tentaient ainsi de ‘réparer une injustice historique. Il faut dire qu’avant de lancer ce processus, l’Espagne avait déjà œuvré pour valoriser son riche héritage juif. En 1992, le roi Juan-Carlos avait évoqué l’idée d’un ‘retour à la maison’ des Juifs originaires du pays. Depuis lors, l’Espagne a financé plusieurs organisations ayant pour objectif de ‘promouvoir et préserver la culture séfarade en Espagne et ailleurs’.

Au départ, la proposition de l’Espagne et du Portugal n’a pas été accueillie très favorablement par les communautés juives. Mais elle a finalement intéressé un certain nombre de Juifs séfarades étant donné qu’elle leur permettait en même temps de recevoir un passeport européen. L’application de ce programme, qui devait arriver à échéance au mois d’octobre, a été reconduite pour une année supplémentaire.

Le nombre des bénéficiaires semble inférieur à ce qu’on attendait au départ. Pour certains, cela est dû sans doute aux difficultés bureaucratiques auxquelles se heurtent les requérants. D’après un rapport publié par le quotidien espagnol El Pais, seuls 221 Juifs américains auraient acquis par ce biais la nationalité espagnole, alors qu’ils seraient 860 en Israël.

En Amérique Latine, ils seraient plus nombreux : 3 374 auraient cherché à obtenir la nationalité en vertu de cette nouvelle loi. Le plus grand nombre de candidats a été recensé en Turquie où 2 693 personnes auraient démarré le processus.

L’une des bénéficiaires, Doreen Alhadeff, courtière en immobilier à Seattle, a été la première candidate américaine à obtenir la nationalité espagnole. Elle a confié ses motivations au site Hamodia : « Pour moi, c’est surtout une question de fierté, a-t-elle souligné. Beaucoup de gens sont émus à l’idée de réclamer quelque chose qui leur a été pris ».