Baroukh ad’naï yom yom

Ce chant, qui fait habituellement partie des zemiroth que l’on chante, en tout ou en partie, le Chabbath au repas de midi, a été composé par l’un des grands poètes juifs du Moyen-âge, Rabbi Chimon bar Yits’haq (950-1020), originaire de Mayence.

Les premiers mots de ce chant sont empruntés au livre des Psaumes (68, 20) : « Béni [soit] Hachem , de jour en jour Il nous comble [de ses dons]? »

Les lettres formant les mots Chim?on et bar figurent en acrostiches en tête des strophes suivantes, tandis que celles par lesquelles est écrit le mot Yits?haq servent à la composition de l’avant-dernière ( y etsawé ts our ?h asdo q ehilotov le-qabets? ).
Le seul rapport que ce chant entretient avec Chabbath nous est suggéré par la Guemara Beitsa (15a) : Tandis que Chammaï l’Ancien veillait chaque jour de la semaine à se procurer en l’honneur de Chabbath la meilleure nourriture qui fût, Hillel l’Ancien n’avait pas une telle préoccupation, persuadé que c’était « de jour en jour » que Hachem le comblait de Ses bienfaits.

Ce chant, rédigé dans un style quelque peu ésotérique, et en tout cas impossible à traduire en français de façon intelligible, s’appuie sur un enseignement de la Guemara Yerouchalmi ( Meguila  3b) qui nous apprend, textes à l’appui, que toutes les fois que le peuple juif a été envoyé en exil, la chekhina (« présence divine ») les y a accompagnés.

Exil d’Egypte ( we-nigla ) : « Je me suis clairement révélé à la maison de ton père, quand ils étaient en Egypte dans la maison du Pharaon » (I Samuel 2, 27).

Exil de Babylone ( be-galouth Bavèla ) : « Ainsi dit Hachem , votre rédempteur, le Saint d’Israël : À cause de vous J’ai envoyé à Babylone, et Je les ai fait descendre tous comme des fugitifs, même les Chaldéens, dans les vaisseaux où s’entend leur cri » (Isaïe 43, 14).

Exil de Perse ( ?Elam chath kiso ) : « Je mettrai Mon trône en Elam, et j’en ferai périr le roi et les princes, dit Hachem  » (Jérémie 49, 38), et Elam n’est autre que la Perse : « J’étais à Suse, la capitale, qui est dans le pays d’Elam? » (Daniel 8, 2).

Exil de Grèce ( Yawan ) : «  Je réveillerai tes fils, Sion, contre tes fils, Yawan » (Zacharie 9, 13).

Exil de Rome (Incarnation d’Esaü et de sa montagne, Séir ) : « Il m’appelle de Sèir  : Sentinelle, à quoi en est la nuit ? » (Isaïe 21, 11).

On a l’habitude, dans beaucoup de familles, de n’entonner ce chant qu’à partir de sa septième strophe, celle qui commence par les mots : Bevoo mè-Edom ?hamouts begadim , allusion au verset : «  Qui est celui-ci, qui vient d’Edom, de Botsra, avec des habits teints en rouge ? » (Isaïe 63, 1).

Ce verset préfigure en effet notre délivrance finale : C’est Hachem qui, vêtu de rouge, symbole du sang qu’Il aura versé, reviendra de Edom après avoir tué Esaü et tout ce qu’il représente ( Radaq ad loc. ).

Jacques KOHN Zal.

Air Hassidique :Pour écoutez, cliquez ici
Air Hongrois: Pour écoutez, cliquez ici
Air de la Hassidout de Boston: Pour écoutez, cliquez ici