Le chant de Bar Yohaï , en honneur surtout dans les communautés séfarades et Hassidiques, a été composé par Rabbi Chimon Lavia.

Celui-ci, expulsé d’Espagne avec sa famille en 1492, s’est établi à Fès, au Maroc, où il est devenu un éminent kabbaliste. En 1549, il entreprit de se rendre en Erets Yisraël . Il se rendit cependant compte, lorsqu’il arriva à Tripoli, aujourd’hui capitale de la Lybie, de l’ignorance en Tora des Juifs de cette ville. Aussi renonça-t-il à poursuivre sa route et s’installa-t-il dans cette cité où il demeura jusqu’à sa mort.

Rabbi Chimon Lavia composa de nombreux chants, ainsi que des livres dont le plus célèbre est Kéthem paz , un commentaire du Zohar .

Bar Yohaï a été composé en honneur et à la mémoire de rabbi Chimon bar Yo’haï , dont il retrace les progressions successives de séfira en séefira .
« Bar Yo’haï ¸ commence le chant, tu as été consacré, heureux es-tu, avec de l’huile de joie (c’est-à-dire la sagesse) par tes compagnons ! »

Strophe N° 1 ( malkhouth ) : Bar Yo’haï ¸ tu as été consacré avec de l’huile de sainteté, celle qui ruisselle de la source de sainteté (c’est-à-dire de la miséricorde). [Comme le kohen gadol ], tu as porté la plaque, diadème de sainteté, couronne de splendeur sur ta tête.

Strophe N° 2 ( yessod ) : Bar Yo’haï ¸ dans une résidence agréable tu as résidé le jour où tu t’es enfui et as échappé [aux Romains]. [Pendant treize ans] tu es resté dans des grottes rocailleuses, et là tu as acquis ta gloire et ton rayonnement.

Strophe N° 3 ( nétsa’h hod ) : Bar Yo’haï ¸ [tes disciples sont comme] des bois de chittim , debout [utilisés pour soutenir le tabernacle (voir Chemoth 26, 15)]. En étudiant la Tora de Hachem , ils s’enflamment à la lumière brûlante [de ses secrets]. Ceux-ci ne t’ont-ils pas été enseignés par tes Maîtres ?

Strophe N° 4 ( tiféreth ) : Bar Yo’haï ¸ [tu es entré] dans le champ des pommes (c’est-à-dire le jardin d’Eden) pour y recueillir des remèdes [pour les âmes de ton peuple]. Les secrets de la Tora sont comme des bourgeons et des fleurs. C’est pour toi qu’il a été dit : « Nous ferons l’homme [à notre image] » ( Berèchith 1, 26).

Strophe N° 5 ( guevoura ) : Bar Yo’haï ¸ tu t’es ceint par la force, et dans la guerre de la Tora de feu jusqu’aux portes [où siègent les juges], tu as sorti l’épée de son fourreau, et l’as brandie contre tes ennemis.

Strophe N° 6 ( ‘hessed ) : Bar Yo’haï ¸ jusqu’à un endroit de pierres de marbre [tu es arrivé], et là [tu as durci ton visage comme un lion]. Et là, face à l’étoile Aldabaran, tu as vu, mais personne ne t’a vu, toi.

Strophe N° 7 ( bina ) : Bar Yo’haï ¸ dans le Saint des Saints [d’En-haut], [tu as percé le secret de la] « ligne verte » (la mesure de lumière avec laquelle Hachem a créé le monde) par laquelle Il renouvelle [chaque jour] les mois (c’est-à-dire l’uvre de la Création). [L’oeuvre de la Création est connue sous le nom de] « sept semaines » (c’est-à-dire quarante-neuf « portes de la compréhension ». [Et pour percer] le secret de la cinquantième, tu as attaché la lettre chine [aux deux côtés] de ta tefiline [de la tête].

Strophe N° 8 ( ‘hokhma ) : Bar Yohaï ¸ [tu as perçu le rayonnement] de la lettre yod , [symbole de] la sagesse [ineffable] de [la Tora qui] a précédé la Création. Tu as maîtrisé les trente-deux voies [qui se répandent du yod , l’essence de la Tora , également appelée] « prémice de la terouma ». Tu as, comme les chérubins [d’En-haut], reçu l’onction de la splendeur de la lumière [de Hachem ].

Strophe N° 9 ( kétèr ) : Bar Yo’haï ¸ [lorsque tu as accédé] au niveau le plus sublime de la mystérieuse lumière [cachée], tu as eu peur de [la] regarder tant elle était énorme. [Elle est ce qui est le plus] caché [de la volonté de Hachem ] et on ne peut l’appeler, [comme il est dit] : « Aucun il ne peut Te contempler. »

Strophe N° 10 : Bar Yo’haï ¸ heureuse est celle qui t’a mis au monde, heureuse est la nation [sur laquelle sont répandus) tes enseignements, et heureux sont qui pénètrent les secrets [que tu leur as révélés]. Ils revêtent le pectoral de tes ourim et de tes toummim .

Jacques Kohn Zal