Parachath Wayèra – Les « railleries »
d’Ismaël

« Sara vit le fils de Hagar l’Egyptienne, qu’elle avait engendré
à Abraham, se livrer à des railleries (????). Elle dit à
Abraham : Renvoie cette servante et son fils ! Car le fils de cette servante
n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac » (Berèchith
21, 9 et 10).

Ce mot ???? a été diversement compris par nos Sages, et Rachi
(ad loc.) nous livre certaines de leurs interprétations, dont celles
que propose rabbi ‘Aqiba dans la Tossefta (Sota 6) : Ismaël se livrait
à l’idolâtrie, à l’adultère et au meurtre.

Rabbi Chim‘on bar Yo‘haï en propose une quatrième : Comment
se pourrait-il, proteste-t-il, que des crimes aussi graves aient été
commis au foyer de celui au sujet duquel il est écrit : « Car Je
l’ai distingué afin qu’il ordonne à ses fils et à
sa maison après lui de garder la voie de Hachem, en pratiquant la vertu
et la justice… » (Berèchith 18, 19) ? !

Si Ismaël a été ainsi rejeté par Sara, explique-t-il,
c’est parce que ses « railleries » portaient sur un problème
d’héritage. « C’est moi qui suis l’aîné,
et je prendrai double part ! » Nous n’en comprenons que mieux la
réaction de notre matriarche : « Renvoie cette servante et son
fils ! Car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils,
avec Isaac » (21, 10).

– :- :- :- :- :- :- :-

Haftarath parachath Wayèra – Qui était
ce créancier ?

La haftara de la parachath Wayèra (II Rois 4, 1 à
37) nous raconte deux épisodes de la vie du prophète Elisée,
prophète qui présente la particularité, de même que
son maître et prédécesseur Elie, de s’être davantage
révélé par des actes miraculeux que par des discours. Il
ne nous a laissé aucun écrit, contrairement aux nombreux livres
que nous ont légués les prophètes scripturaires.

Dans le premier de ces épisodes, il vient au secours de la veuve d’un
« fils de prophètes », qu’un créancier impitoyable
menace de la saisie de ses fils et de leur réduction en esclavage.

Le texte biblique ne nous indique pas le nom du mari défunt de cette
femme, ni celui du créancier qui la harcèle, et c’est le
Targoum Yonathan, repris par Rachi, Radaq et Metsoudath David, qui nous renseigne
sur le premier : Il s’agissait du prophète Obadia.

Quant au second, il n’était autre que Joram, le fils et futur successeur
du roi Achab et de la reine Jézabel. Nous apprenons ainsi que ce prince
se livrait à l’usure, contrevenant ainsi à l’interdiction
du prêt à intérêt stipulée par la Tora.

Il en sera durement puni puisque, devenu roi d’Israël à la
mort de son père, il sera tué par Jéhu (Midrach Tan‘houma
Michpatim), dont la dynastie se substituera à celle des Omrides.

Jacques KOHN.