Nimrod a été le fils de Kouch et le petit-fils de ‘Ham, l’un des fils de Noé (Berèchith 10, 8 à 12 ; I Chroniques 1, 10). Le texte le décrit comme ayant été « un puissant chasseur devant Hachem » (ibid. verset 8), ce qui signifie, explique Rachi citant le Midrach (Berèchith rabba 37, 2), qu’il « capturait » par ses paroles la pensée de ses contemporains, et qu’il les induisait en erreur en les incitant à se révolter contre Hachem.

On trouve une autre occurrence du nom de Nimrod dans Michée 5, 5 : « Ils ravageront le pays d’Assyrie avec l’épée, et le pays de Nimrod dans ses portes… »Son nom est issu du mot marad (« s’est rebellé »), peut-être aussi de némèr (« léopard ») comme suggéré par Rabbeinou Be‘hayé ad Wayiqra 22, 27.

Dans la littérature talmudique et midrachique, Nimrod est considéré comme le modèle premier de la rébellion contre Hachem (‘Haguiga 13a) et comme celui qui a « fait se rebeller l’univers entier contre le Saint béni-soit-Il » (Pessa‘him 94b).

Comme premier chasseur de l’histoire, il a été le premier homme à avoir mangé de la viande et à avoir fait la guerre contre d’autres peuples (Pirqei de-rabbi Eliézèr 24). Il tenait sa force physique des tuniques de peau que Hachem avait confectionnées pour Adam et Eve (Berèchith 3, 21). Ces tuniques, dont Noé avait hérité, lui avaient été volées par ‘Ham, lequel les avait transmises à son fils Kouch, et celui-ci à Nimrod.

Lorsque les animaux virent ces tuniques sur le corps de Nimrod, ils s’accroupirent devant lui, lui permettant ainsi de s’emparer d’eux aisément. Quant aux hommes, impressionnés par ce qu’ils croyaient être une force immense, ils s’en firent leur roi (Pirqei de-rabbi Eliézèr ibid.).

Ces vêtements lui seront volés plus tard par Esaü, et ce sont eux que Rébecca fera porter par Jacob lorsqu’elle l’enverra recueillir les bénédictions paternelles (voir Berèchith 27, 15 et Rachi ad loc.).

Nimrod fit de Téra‘h, le père d’Abraham, son premier ministre (Pirqei de-rabbi Eliézèr ibid.).

Son orgueil le poussa à devenir un idolâtre, et c’est lui qui, dans son arrogance, construisit la Tour de Babel, appelée parfois « maison de Nimrod » (‘Avoda zara 53b).

Cependant, précise le Targoum Yonathan (ad Berèchith 10, 11), Nimrod quitta Babel avant que fût achevée la construction de cette Tour, et il partit en Assyrie où il construisit quatre autres villes : Ninive, Re‘hovoth-‘Ir, Kala‘h et Ressen (voir aussi Ramban ad loc.).

Lorsqu’il apprit la naissance d’Abraham, Nimrod ordonna que l’on tue tous les enfants mâles (Midrach Ma‘assé Avraham), et c’est lui qui, plus tard, fit jeter notre patriarche dans une fournaise ardente (Berèchith rabba 38, 13).

Plus tard, Nimrod, qui n’était autre que le roi Amrafel (Rachi ad Berèchith 14, 1 : « Il avait dit à Abraham : « Jette-toi (poul) dans la fournaise ardente » [Midrach tan‘houma. Voir aussi ‘Erouvin 53a]), se joignit à l’alliance des quatre rois écrasée par Abraham. Cette guerre fut la première de tous les conflits militaires de l’histoire (Midrach Tan‘houma Lekh lekha).-

Nimrod fut assassiné par Esaü, qui était jaloux de ses talents de chasseur et qui convoitait ses tuniques magiques (Da‘ath zeqènim ad Berèchith 25, 30).

A la fin des temps, Nimrod se présentera pour attester devant le monde entier qu’Abraham n’avait jamais adoré d’idoles (‘Avoda zara 3a).

Jacques KOHN zal’