L’un des thèmes essentiels de Roch hachana est constitué par la ‘aqeidath Yits‘haq, expression souvent traduite – bien à tort – par : « sacrifice d’Isaac ».

Pour comprendre le lien entre ce « sacrifice » et cette fête, il faut retenir que la ‘aqeida a comporté deux parties distinctes. La première s’est étendue entre le moment où Hachem a ordonné à Abraham de faire monter son fils en holocauste, et celui où un ange lui a demandé d’éloigner le couteau avec lequel il s’apprêtait à égorger Isaac (Berèchith 22, 1 à 12).
Objet Inconnu

Quant à la seconde partie, elle commence avec l’offrande par Abraham d’un bélier dont les cornes s’étaient empêtrées dans un buisson, et elle s’achève avec l’énoncé des bénédictions promises par Hachem (versets 13 à 18).

On remarquera que les promesses et les bénédictions sur lesquelles se termine le chapitre n’ont été prononcées qu’après que le bélier a été égorgé. On se serait pourtant attendu à ce qu’elles soient la réponse de Hachem au dévouement d’Abraham lorsqu’il s’est montré prêt à offrir son fils. Ce décalage semble indiquer que l’acte de sacrifice du bélier, dans les circonstances où il a eu lieu, s’est situé à un niveau encore plus élevé de service divin que l’obéissance à l’ordre initial.

Lorsque Abraham a emmené Isaac pour le sacrifier, il l’a fait par crainte de Hachem – par crainte, et non par amour, comme souligné au verset 12 (« … car Je sais maintenant que tu “crains” Eloqim »). En revanche, l’offrande du bélier a été un acte spontané, dicté par l’amour de Hachem à l’état pur. C’est par amour de Lui qu’Abraham a tenu à le présenter en sacrifice.

C’est dans ce même état d’esprit que nous devons aborder Roch hachana. Nous ne pouvons pas, bien évidemment, être jugés sur nos seuls mérites : Ils sont trop insuffisants pour nous faire mériter la grâce et le pardon divins.

Mais il existe un domaine qui dépasse celui de la justice stricte : C’est celui de l’amour de Hachem. C’est au nom de cet amour que nous sollicitons Sa bienveillance et Sa miséricorde, et ce par le chofar de la ‘aqeida, ce même chofar que nous a procuré le bélier d’entre les broussailles.

C’est de la même façon que nous pouvons demander, dans nos prières, que ‘od yizkor lanou ahavath Eithan (« Veuille-t-Il nous rappeler l’amour d’Eithan »), ce même Abraham que le Midrach appelle Eithan (Wayiqra rabba 9), et que ce poème institue comme le modèle de l’amour de Hachem.

Jacques Kohn zal