Le jeûne du 10 téveth correspond au jour anniversaire du commencement du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, prélude de la destruction du premier Temple et de l’exil de Babylone.

« Il arriva, en la neuvième année de son règne [de Sédécias], au dixième mois, le dixième jour du mois, que Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint contre Jérusalem, lui et toute son armée, et campa contre elle ; et ils bâtirent contre elle des retranchements tout à l’entour. La ville fut assiégée jusqu’à la onzième année du roi Sédécias… » (II Rois 25, 1 et suivants).

Deux ans ont donc séparé le commencement du siège de l’assaut final et de la destruction du Temple.

Le prophète Ezéchiel a reçu de Hachem l’ordre de « noter le nom de ce jour, de ce jour même » (Ezéchiel 24, 2).

Le jeûne du 10 téveth est celui que le prophète Zacharie a appelé « le jeûne du dixième mois » (8, 19).

Il offre une particularité qui lui est spécifique : Tandis que le jeûne d’Esther, s’il tombe un vendredi, est anticipé à la veille jeudi, celui du 10 téveth ne l’est pas. La halakha a tenu compte, en effet, de ce que le verset cité d’Ezéchiel impose que le jeûne ait lieu « ce jour même ».

Il en résulte une situation exceptionnelle :

– Le jeûne du 10 téveth est le seul qui puisse tomber un vendredi.

– Il n’est alors rompu qu’à la tombée de la nuit, c’est-à-dire un certain temps après l’entrée du Chabbath .

– C’est la seule fois qu’une paracha de la Tora et une haftara peuvent être récitées un vendredi après-midi.

On peut s’interroger sur la pertinence de ce jeûne, qui marque un événement vieux de plus de deux millénaires et demi, événement qui n’avait, au surplus, rien de catastrophique. Si en effet le jeûne du 9 av , qui marque la destruction des premier et deuxième Temple, s’applique à un désastre de notre histoire, ce n’est nullement le cas de celui du 10 téveth , qui correspond à un fait historique beaucoup moins important et nullement irréversible.

« A la vérité, explique Rambam , la signification essentielle de nos jeûnes [dont celui du dix téveth ] n’est pas principalement de marquer les événements catastrophiques auxquels ils s’appliquent. Leur but est d’éveiller les cœurs vers le repentir et de nous rappeler à la fois les fautes de nos ancêtres et les nôtres, ainsi qu’il est écrit ( Wayiqra 26, 40) : “ Ils confesseront leur crime et le crime de leurs pères…” » ( Hilkhoth ta‘aniyoth 5, 1).

JACQUES KOHN zal’