« On n’en découvre les bienfaits qu’à la fin »

Rabbane Gamliel a enseigné : « Quiconque n’a pas prononcé ces trois mots à Pessa’h n’est pas quitte de son obligation : Pessa’h, Matsa et Maror. »

« Pessa’h », car Hachem a sauté sur les maisons des enfants d’Israël pour les sauver de la plaie qu’Il avait infligée aux Egyptiens. Ce mot « sauter » signifie, en fait, qu’Il leur a permis de franchir une étape et d’être délivrés alors qu’ils ne le méritaient pas encore : Il les a élevés au-dessus de leur niveau spirituel réel. Ce dévoilement de la présence divine était plus important que leur niveau véritable. Les Bnei Israël ont réussi à franchir “le grand saut” et à se situer au palier nécessaire.

Et c’est cette petite flamme d’authenticité qui existe chez chacun d’entre nous, flamme qui peut être comparée à la Matsa, laquelle ne comporte ni prétention, ni ambition, flamme qu’ils portaient en eux et qui leur a permis d’obtenir leur émancipation. Cette Matsa a donc été pour eux le pain de la liberté.

Le Maror représente notre devoir de remercier Hachem, même pour nos difficultés, pour notre vie amère ainsi que pour la galouth, car elles sont toutes également imposées pour notre bien. Même si elles représentent des souffrances difficiles, la Chekhina est présente parmi nous même dans ces moments d’épreuves.

Et c’est pour cette raison qu’il nous est prescrit de présenter le Maror en troisième et dernier lieu, bien qu’il représente l’épreuve et l’exil, alors que la Matsa symbolise la libération. Alors pourquoi avoir inversé leur ordre logique ?

C’est pour nous faire prendre conscience de ce que, dans l’épreuve et l’exil, nous sommes assistés par la même Présence Divine que celle qui nous a procuré notre délivrance.

Nous avons tous dans notre vie un moment qui nous est prédestiné pour franchir ce grand saut, ce « Pessa’h ». Tout particulièrement cette année avec nos malades et dans notre confinement  nous devons vivre ce moment avec vigilance et promptitude, comme celle qui doit présider à la fabrication de la Matsa. Nous découvrirons alors que même les épreuves qui avaient l’air amères comme le Maror, ne l’étaient pas en réalité. Elles nous ont tout simplement permis de nous élever spirituellement et de franchir le grand saut pour nous rapprocher de Dieu. Ce n’est que plus tard que nous nous rendrons compte qu’en réalité, elles étaient là pour notre bien. Ces difficultés étaient là pour nous éprouver et nous rapprocher du droit chemin.

C’est pour cette raison que le Maror vient en dernier, car on n’en découvre les bienfaits qu’à la fin, qu’après avoir été sauvés.

C’est également la raison pour laquelle on accomplit le geste de Korekh, ce « sandwich » de deux matsoth qui contient du Maror. Il n’y a en effet que le Maror qui puisse nous permettre d’atteindre ce « niveau de Matsa » et nous faire découvrir réellement ce contraste « souffrance-délivrance ». On pourra apprécier davantage notre délivrance de cette façon et nous saurons ainsi que tout n’était en fait que pour notre bien.

Puissions-nous, à l’approche de Pessa’h, dans cette situation du Coronavirus nous engager dans cette voie et franchir ce grand saut !

 

Refoua Chelema, une guérison complète à tous nos malades.

Rav Dov Roth-Lumbroso