Bien qu’une version de la Guemara suggère uniquement de poser les Simanim de Rosh Hashana sur la table, l’usage s’est répandu de réaliser ces augures avec enthousiasme et ferveur, en les mangeant et en priant.

D’un point de vue halakhique, cette consommation nous confronte à des questions de Berakhot. Commençons par poser les instructions optimales du déroulement du rituel par lesquelles nous contournerons ces problèmes, que nous justifierons .

1°. Après le Kidoush, on se lave les mains et on récite la Berakha sur le pain, que l’on trempe d’abord dans le sel, puis dans du sucre ou du miel.

2°. Après avoir mangé a priori 27g de pain, on prend la datte et l’on récite la Berakha de haEts, et on en goûte un peu. Puis, on dit Yehi Ratson… shéYitamou Oyeveinou… – Que Ta volonté soit, Hashem notre D-ieu, D-ieu de nos pères, d’anéantir nos ennemis, ceux qui nous haïssent et tous ceux qui veulent notre mal – et on mange le reste de la datte.

3°. On prend un fruit de la terre, dont la Berakha est Adama, tel que de la banane, le melon, la pastèque, ou une cacahuète. On dit la Berakha, et on goûte ce fruit.

4°. On prend ensuite le Silka – les épinards/blettes, et l’on dit Yéhi Ratson… shéYistalkou Oyeveinou… – Que Ta volonté soit … d’écarter nos ennemis… Attention: l’épinard est une plante dans laquelle pullulent les vers ! On veillera de ce fait à ne consommer que des légumes cultivés dans le sable (Goush Katif). Si l’on ne peut pas s’en procurer, on ne consommera que le cœur, et pas les feuilles. Autrement, on se contentera de dire le Yéhi Ratson en regardant uniquement ce Siman –comme l’indique l’une version de la Guemara– plutôt que de risquer de transgresser le grave interdit de manger un insecte en un si grand jour. Précisons au passage que celui qui n’apprécie pas le goût d’un des Siman fera mieux lui-aussi de dire le Yéhi Ratson à la vue de l’espèce uniquement, plutôt que de manger un aliment qui lui est désagréable.

5°. On prend le Karti –le poireau, et l’on dit Yéhi Ratson… shéYikartou Oyeveinou… – Que Ta volonté… soit d’exterminer nos ennemis…

6°. Vient alors le tour du Kera – la courge. Ce nom peut être prononcé de 2 manières: קרע avec un ‘ע’ (Ayin), et signifie déchirer, ou קרא avec un ‘א’ (Alef), et signifie alors lire, énoncer. Aussi, nous prions doublement Yéhi Ratson… shétiKra’ Roa Guezar Dineinou, véyiKareou Léfaneikha Zakhioteinou – Que Ta volonté Hashem… soit d’annuler nos mauvais décrets, et que nos mérites soient énoncés devant Toi.

7°. On prend alors le Roubia – le sésame, qui évoque la multiplication et l’accroissement. Certains préfèrent le fenugrec, car son nom en arabe –Loubia– ressemble à Roubia. Aussi, on prie: Yéhi Ratson… ShéYirbou Zakhouioteinou outelabévénou – Que Ta volonté… soit d’augmenter nos mérites et que nous gagnions Ton cœur.

8°. Vient le tour du Rimon – la grenade, sur laquelle on dit Yéhi Ratson… shéNiyéh Méléïm Mitsvot ka-Rimon – Que Ta volonté soit… que nous soyons pleins de Mitsvot comme la grenade. On mange aussi la pomme trempée dans du miel, ou cuite dans du sucre, sur laquelle on dit Yéhi Ratson… Shétit’hadesh Aleinou Shana Tova ouMetouka – Que Ta volonté… soit de nous donner une nouvelle année bonne et douce.

9°. Rosh Kévess – la tête de mouton. Ce Siman est double : la tête – sur laquelle on prie shéNiyhei léRosh véLo léZanav – Que Ta volonté soit… de nous placer à la tête, et pas à la queue. Et le mouton, qui rappelle le sacrifice d’Itzhak, afin d’ajouter véTizkor Lanou Akeidato véEilo Shel Itzhak ben Avraham Avinou – et de Te rappeler en notre faveur du sacrifice et du bélier d’Itzhak, le fils d’Avraham notre père.
Si l’on ne possède pas de tête de mouton, mais de la viande de mouton uniquement, on ne dira que la 2e partie du Yéhi Ratson. Et si l’on parvient à se procurer tout de même une tête de poulet ou de poisson, on dira dessus la première partie du Yéhi Ratson. Attention : selon le Zohar, on ne prendra pas une tête de bouc.

Rav Harry Dahan de 5 minutes éternelles