Cela fait trois ans que le gouvernement portugais a commencé à proposer la citoyenneté portugaise aux descendants de Juifs expulsés du pays il y a plus de 500 ans. Selon le Jewish Chronicle, le projet suscite toujours autant d’intérêt.

Tout comme l’Espagne, le Portugal revoit son histoire et cherche à réparer les erreurs commises dans un passé lointain, au moment de la terrible Inquisition, en offrant la nationalité du pays aux Juifs dont les ancêtres ont dû quitter leur terre natale.

Le site juif britannique cite pour cela un exemple parmi tant d’autres : celui de l’Israélien Yigal Ben Zion qui a grandi à Kfar Saba dans les années 1970. Sa grand-mère Esther Dias lui parlait généralement en ladino, langue judéo-espagnole développée par les Juifs exilés d’Espagne et du Portugal au cours du 15e et du 16e siècle. Il est convaincu que les conversations de son enfance ont fait naître en lui une connexion profondément émotionnelle avec le Portugal.

Il y a huit mois, il a pu acquérir la nationalité portugaise après avoir suivi les consignes du programme conçu pour accorder la citoyenneté aux descendants de Juifs portugais. Enthousiasmé par ce changement, il a visité plusieurs fois le pays ces dernières années et il y est retourné il y a quelques semaines pour passer la journée de Kippour dans la ville de Porto.

Depuis que le programme a été lancé en décembre 2014, on compte 713 descendants de Juifs portugais qui ont entamé des démarches et obtenu satisfaction. Jusqu’à présent, un seul candidat a vu sa demande rejetée.

A l’heure actuelle, 8 100 requêtes seraient examinées par le gouvernement portugais qui en reçoit en moyenne entre 400 et 500 par mois. Les postulants doivent démontrer soit un rapport avec la communauté séfarade du Portugal soit ‘des liens affectifs’ avec le Portugal à travers des antécédents familiaux ou par la langue.

Les demandes viennent essentiellement d’Israël, mais il y en a également un certain nombre de Turquie, d’Argentine et du Maroc. Parmi ceux qui ont déjà reçu la nationalité portugaise, les Turcs sont les plus nombreux (171). Ils sont suivis de Juifs d’Israël (56) et du Brésil (39).

Les candidats doivent être prêts à envoyer des documents personnels tels que leur passeport et leur acte de naissance, une attestation de leur résidence actuelle, une somme forfaitaire de 150 euros et des preuves concrètes de leur connexion avec le Portugal ou avec une communauté de Juifs portugais.

D’après l’écrivain Richard Zimler, auteur d’un certain nombre d’ouvrages sur les Juifs séfarades, les historiens estiment que les Juifs sont arrivés pour la première fois au Portugal il y a environ 2 000 ans avec la conquête romaine de la Péninsule Ibérique.

Il a rappelé qu’en 1497, le roi Manuel a ordonné aux Juifs, qui représentaient entre 5 et 10 % de la population, de se convertir au christianisme. Au cours des siècles suivants, ceux qui avaient opté pour la conversion et souhaitaient pratiquer ouvertement leur religion (juive) ont fui vers la Turquie, l’Italie, la Hollande, l’Angleterre et d’autres pays, donnant ainsi naissance à la diaspora séfarade.