Le premier des «quatre fils» dont parle la Haggada est le hakham , le Sage. Il demande: «Que sont ces témoignages, ces statuts, ces lois, que Hachem , notre Dieu vous a ordonnés ?» Et nous lui répondons par une explication détaillée des lois de Pessah .

Le suivant est le racha’ , le méchant. Sa question est: «Que signifie ce culte pour vous?» Et la Haggada de nous faire savoir que ce fils-là ne mérite pas qu’on lui réponde, et qu’il faut le réduire au silence pour avoir posé une question par laquelle il s’exclut implicitement de l’accomplissement des mitswoth .

Notre réaction négative à l’égard du racha’ est due, en effet, à l’emploi dans sa question du pronom «vous».

Mais n’en est-il pas de même du hakham , qui emploie le même pronom «vous» («que Hachem , notre Dieu vous a ordonnés»). Pourquoi lui répondons-nous, et pas au racha’ ?

Le Maguid de Doubno répond, comme à son habitude, par une parabole: Un homme avait décidé de modifier l’agencement de sa maison et de réunir en une seule deux de ses pièces.

Muni d’un marteau, il commença d’abattre le mur qui les séparait.

Un premier voisin accourut, alerté par le bruit: «Vous êtes devenu complètement fou, lui dit-il. Pourquoi abattez-vous un mur en aussi excellent état?»

Un peu plus tard arriva un autre voisin:«Excusez-moi, mais pourquoi abattez-vous ce mur?»

La question était la même, la seule différence résidait dans le ton: Le premier ne cherchait qu’à trouver une faute, tandis que le second était curieux de savoir la raison du spectacle auquel on le faisait assister.

Il en va de même du hakham et du racha’ : Leurs questions sont identiques, mais elles diffèrent par le ton qu’ils y mettent. Le racha’ ne cherche qu’à critiquer, tandis que le hakham veut essentiellement comprendre. Voilà pourquoi, d’ailleurs, il emploie dans sa question l’expression «notre Dieu».

Jacques KOHN zal’