Lorsque l’auteur d’un homicide involontaire avait été condamné au bannissement dans une ville de refuge, il devait y rester jusqu’à la mort du kohen gadol, et ce n’est qu’à sa mort qu’il avait le droit de retourner chez lui (Bamidbar 35, 28).


Nous apprenons dans une michna (Makoth 2, 6) que les mères des kohanim guedolim procuraient aux bannis de la nourriture et des vêtements afin qu’ils ne prient pas pour que meure leur fils.

Pourquoi cette fonction était-elle dévolue aux mères, et non au kohen gadol lui-même ?

La vie dans une ville de refuge était très confortable. Le meurtrier y jouissait d’une totale sécurité et d’une subsistance assurée. Si le kohen gadol lui-même avait été le fournisseur de la nourriture et des vêtements, il aurait encouragé des indigents à fuir vers une ville de refuge en prétendant avoir commis un homicide involontaire, assurés qu’ils pourraient y rester jusqu’à la mort du kohen gadol avec tous les avantages procurés par cet hébergement.

Par conséquent, ce n'était pas au kohen gadol de fournir cette nourriture et ces vêtements, mais à sa mère. Celle-ci pouvait en effet mourir peu de temps après l’arrivée du banni, et le kohen gadol risquait de lui survivre pendant de nombreuses années, laissant ainsi la personne exilée sans revenus garantis aussi longtemps que lui-même serait vivant. Par conséquent, il ne serait pas bénéfique pour le banni d’avouer un homicide imaginaire, car il pourrait alors vivre de nombreuses années dans une ville de refuge sans ressources financières.

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Haftarath parachath Mass‘ei – Maison de Jacob, maison d’Israël

La haftara de la parachath Mass‘ei commence par les mots : « Ecoutez la parole de Hachem, maison de Jacob, et toutes les familles de la maison d'Israël ! » (Jérémie 2, 4).

Et il est écrit dans la Tora : « Et Moïse monta vers Dieu, et Hachem l’appela depuis la montagne en disant : Tu diras ainsi à la maison de Jacob, et tu raconteras aux fils d’Israël » (Chemoth 19, 3).

La « maison de Jacob » dont parle la Tora, expliquent les commentateurs traditionnels, ce sont les femmes, tandis que les « fils d’Israël » ce sont les hommes.

Il en est autrement dans le verset de Jérémie.

Selon Malbim, la « maison de Jacob » désigne le commun des mortels, tandis que « les familles de la maison d'Israël » caractérisent les grands personnages.

Ce commentateur s’appuie sur un verset d’Isaïe (9, 7) : « Dieu a envoyé une parole à Jacob, et elle est tombée sur Israël ». La « parole » dont parle ce verset est un oracle, comme ceux auxquels croyaient les peuples de l’Antiquité. Mais « elle est tombée sur Israël », imprégnant également de façon dangereuse les esprits des élites.
Jacques Kohn