Définition du «  chofèt  »

Le mot hébreu Choftim qui a donné son nom à notre paracha est traduit le plus souvent par : « Juges ». Cette transposition risque cependant d’être source de malentendus.

On pourrait penser que l’état de chofèt désigne exclusivement, comme c’est le cas en hébreu moderne, celui qui est chargé, au nom de la puissance publique, de trancher des litiges et de rendre des jugements.

Il en va tout autrement en hébreu biblique, où le mot chofèt n’évoque pas une fonction judiciaire. Les « juges » sont des personnages que Hachem a choisis pour sauver ou délivrer le peuple d’Israël dans des situations difficiles. C’est ainsi que, dans sa première occurrence dans le livre de Choftim 2, 16 à 18), le mot chofèt apparaît en parallèle avec le verbe hochi?a (« sauver ») : «  Hachem suscita des juges ( choftim ) ; ils les délivrèrent ( wayochi?oum ) de la main de ceux qui les pillaient » (2, 16).

Le chofèt biblique est par conséquent un chef politique, dont la mission est de protéger et de guider le peuple à la tête duquel il a été placé.

Le Targoum Yonathan traduit le mot chofèt par «  naguid  » (« prince », ou « représentant de Hachem  »), terme souvent employé plus tard par les prophètes comme synonyme de « roi » (voir notamment I Samuel 9, 16 ; I Samuel 13, 14 ; I Rois 14, 7).

On peut rapprocher le mot hébreu «  chofèt  » de celui de « suffète », également d’origine sémitique, qui désignait, dans la Carthage antique, le dignitaire comparable au « consul » romain investi de tous pouvoirs pour diriger la cité, et notamment pour faire la guerre. Or, les consuls romains, personnages essentiellement politiques, étaient également désignés sous le nom de iudices (« juges »).