Parachath Bechala’h – La manne, nourriture pour les oiseaux

Il est d’usage à Chabbath Bechala’h , dans beaucoup de foyers juifs, de distribuer aux oiseaux des grains de blé ou des miettes de pain.

On trouve des élaircissements sur cette coutume dans l’ouvrage Ta’amei ha-minhaguim que le ‘Hozé de Lublin a consacré à l’explication de nos usages. Elle n’est cependant pas approuvée unanimement par nos Sages.

Elle met l’accent sur une machination qu’ont ourdie Dathan et Aviram afin de discréditer Moïse, leur ennemi de toujours.

Celui-ci avait informé les enfants d’Israël que la manne ne tomberait pas le jour de Chabbath . Le vendredi soir, les deux hommes placèrent à son point de chute habituel une partie de la double ration qui leur avait échu, puis ils incitèrent les Hébreux à aller constater que Moïse avait eu tort.

Leurs manigances ont cependant été contrecarrées par les oiseaux, qui dévorèrent la manne avant que n’arrivent les personnes que Dathan et Aviram voulaient abuser.

C’est ainsi qu’il est écrit : «  Le septième jour, quelques-uns parmi le peuple sortirent pour glaner, et ils ne trouvèrent rien » ( Chemoth  16, 27). Ils ne trouvèrent rien parce que les oiseaux avaient tout dévoré, et qu’ils avaient permis de départager les conspirateurs et celui contre lequel ceux-ci avaient ourdi leur complot.

Signalons que les autorités qui n’approuvent pas cette pratique considèrent que, étant donné qu’il ne nous incombe pas de nourrir les oiseaux qui ne nous appartiennent pas, nous n’avons pas à nous en occuper pendant Chabbath (Voir Maguèn Avraham sur le Choul’han aroukh Ora’h hayyim  324, 7). L’usage a cependant subsisté, les personnes les plus rigoureuses plaçant sur le bord d’une fenêtre, dans la journée de vendredi, une assiette contenant des grains ou des miettes recouverts d’une serviette. Puis elles ôtent cette serviette après l’entrée de Chabbath .

Haftarath Bechala’h – Débora et Lapidoth

Lorsque le texte désigne Débora comme étant «  écheth Lapidoth  » ( Choftim  4, 4), il laisse subsister une ambiguïté :

Le mot hébreu icha (ou écheth au cas construit) peut signifier, comme le mot « femme » en français, et contrairement à l’anglais qui distingue « woman » de « wife », soit une femme en général, soit une épouse.

C’est pourquoi lorsque la Tora parle, par exemple, de Sara écheth Avraham ( Berèchith 20, 18), il faut se reporter au contexte pour pouvoir affirmer avec certitude qu’il s’agit de Sara l’épouse d’Abraham.

De même, et en sens contraire, s’agissant de écheth ‘hayil (Proverbes 31, 8), c’est le contexte qui nous persuade qu’il s’agit de « la femme vaillante », et non de l’épouse d’un nommé ‘Hayil .

Le cas de Débora est plus complexe. Le mot «  Lapidoth  » ne figure nulle part ailleurs dans le Tanakh , raison pour laquelle les commentateurs s’interrogent sur la signification de ce terme et sur la raison de son emploi dans notre contexte. S’agit-il d’un homme portant ce nom, et mari de Débora ? Ou bien le mot en question ne fait-il que traduire une qualité substantielle de celle à qui il est associé dans le texte ?

Cette imprécision est ici d’autant plus embarrassante que le mot même de «  lapidoth  » peut être compris comme le pluriel du nom commun «  lapid  », autrement dit « flambeau ».

Aussi bien, selon la plupart des commentateurs, lapidoth désigne l’une des qualités essentielles que possédait Débora.

« Que veut dire écheth Lapidoth , se demande la Guemara ( Meguila 14a) ? Cela signifie que Débora confectionnait des mêches pour le Tabernacle. »

Pour le Metsoudath David , elle était zélée dans ses actes comme l’est une flamme, tandis que Ralbag relie le mot lapidoth à l’idée que sa prophétie était comme « enflammée ».

Pour le Yalqout chim’oni , Lapidoth n’est autre que l’un des prénoms de Baraq . Celui-ci, par conséquent, ne serait pas seulement le général ayant commandé les troupes hébreues contre les Canaanites, mais il serait aussi le mari de Débora.

Jacques KOHN Zal.