Le dialogue de Bil’am avec son ânesse contient certains aspects bizarres. Ce dialogue, qui s’étend entre Bamidbar  22, 22 et 22, 34, peut être divisé en trois parties :

Entre les versets 22 et 27, il a pour acteurs un ange de Hachem , Bil’am et l’ânesse. Puis, aux versets 28 à 30 il oppose Bilam à l’ânesse. Et enfin, du verset 31 au verset 35, c’est entre l’ange et Bilam que s’articule le dialogue.

Dans la deuxième partie, on peut lire comme une protestation naïve de l’ânesse : «  Que t’ai-je fait, que tu m’aies frappée en ces trois circonstances ? » (verset 28). Ces mots laissent apparaître que l’animal n’imagine pas un seul instant que son maître ait pu ne pas voir ce qu’il a vu lui-même. Ce à quoi Bil?am lui répond : «  Que n’ai-je une épée dans ma main, car maintenant je te tuerais ! » (verset 29), ce qui ne fait qu’accentuer l’étrangeté de la situation. L’ânesse se tient en effet face à une épée brandie par un ange, tandis que Bil?am la menace avec une épée qu’il ne détient pas.

Remarque de Rachi sur ce verset, au nom du Midrach Tan?houma  : « Voici un homme qui se dit capable d’aller détruire un peuple entier par la puissance de sa bouche, et à qui il manque une arme pour tuer son ânesse ! »

Sur quoi rétorque l’ânesse (verset 30)  : «  Ne suis-je pas ton ânesse, moi que tu as montée depuis que tu existes jusqu’à ce jour-ci ? Est-ce que j’étais habituée à agir ainsi en vers toi ? » Elle ne lui a toujours pas dit ce qu’elle a vu ni pourquoi elle s’est comportée de la sorte. Et Bil?am , par sa réponse laconique : « Non ! », montre bien qu’il est embarrassé et humilié.

 

Jacques Kohn Zal.