« Après qu’il eut frappé Si‘hon, roi du Emori, qui demeurait à ‘Hechbon, et ‘Og, roi du Bachane, qui demeurait à ‘Achteroth, à Edré‘i » (Devarim 1, 4).

Pourquoi Moïse n’a-t-il adressé ses remontrances aux enfants d’Israël qu’après la conquête de Si‘hon et de ‘Og ?

Moïse, comme premier dirigeant dans l’histoire du peuple juif, a voulu transmettre un message aux dirigeants qui allaient venir après lui :

Il est dans la nature humaine de rejeter les réprimandes. Si donc celui qui en adresse veut qu’elles soient acceptées, il doit obligatoirement les accompagner par des paroles positives. Une fois que ses auditeurs l’ont reconnu comme énonçant des propos agréables, ceux qui contiennent des reproches seront plus facilement acceptés.

Si‘hon et ‘Og ont fait courir de graves périls aux enfants d’Israël. Lorsque Moïse a risqué sa vie en prenant leur défense contre ces deux rois, il a gagné leur respect et il a pu alors leur faire entendre et leur faire accepter des reproches (D’après VEDIBARTA BAM).

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Haftarath Chabbath ‘Hazon – Trois fois eikha

« Trois prophètes ont employé le mot eikha. Moïse a dit : “Comment (eikha) porterai-je moi seul votre charge et votre fardeau, et vos querelles !” (Devarim 1, 12). Isaïe a dit: “Comment (eikha) est-elle devenue une prostituée, la ville fidèle ?” (Isaïe 1, 21). Jérémie a dit : “Comment (eikha) est-elle assise solitaire, la ville si peuplée !” (Eikha 1, 1).

Rabbi Lévi a enseigné : A quoi cela peut-il être comparé ? A une femme distinguée qui était accompagnée par trois servantes différentes. L’une d’elles l’a vue dans sa splendeur et sa dignité, la deuxième l’a vue alors qu’elle était engagée dans le péché, et la troisième l’a vue alors qu’elle subissait les conséquences de ses péchés. Moïse qui a vu les enfants d’Israël dans leur gloire [au début de leur histoire en tant que peuple] a dit : “Comment puis-je composer avec les problèmes d’un si grand peuple ?” Isaïe, qui les a vus alors qu’ils étaient engagés dans le péché, a déclaré : “Comment est-elle devenue une prostituée.” Jérémie, qui les a vus à devoir faire face aux conséquences de leurs péchés, a dit : “Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée !” » (Eikha rabba 1, 1).

Ce midrach reconnaît la grandeur et la dignité du peuple d’Israël. Le comportement de ce peuple, dicté par une volonté fortement affirmée, a été un cadeau, mais il a également porté les germes d’une chute possible. Moïse, le plus grand des prophètes, a voulu qu’il reconnaisse l’existence de ce risque avant d’avoir à souffrir de ses conséquences. Son déclin vers le désastre a été un processus graduel. Ses problèmes auraient pu à tout moment être décelés et corrigés, et les catastrophes être évitées. Isaïe l’a exhorté à examiner ses comportements et à les corriger avant qu’il soit trop tard. Il ne restait plus à Jérémie, à la fin, qu’à déplorer que ces avertissements soient restés ignorés. Le midrach nous incite à examiner attentivement ce que nous sommes comme peuple et ce que nous faisons, car nos actions, si elles sont susceptibles de nous apporter notre rédemption, pourraient aussi produire un autre tich‘a be-av.

Jacques KOHN zal