Nous lisons dans notre paracha que c’est à l’âge de vingt-cinq ans que le léwi commencera de servir dans l’armée et dans la tente d’assignation ( Bamidbar  8, 14), alors que nous avions appris plus haut (4, 3) que son entrée dans la carrière avait lieu à trente ans.

Explication de Rachi ( ad 8, 14) : « À l’âge de vingt-cinq ans, il vient apprendre les règles applicables au service, et ses études durent cinq ans. Et à trente ans, il fait le service. D’où l’on apprend que l’élève qui n’a pas obtenu de bons résultats après cinq années d’études n’en obtiendra jamais plus » ( ‘Houlin 24a ).

Ce commentaire prend appui sur une Michna qui nous apprend que c’est à trente ans que l’on atteint la plénitude de ses forces ( Avoth 5, 21), et Rabbi Ovadia mi-Bartenoura d’ajouter que trente ans était justement l’âge à partir duquel les lewiim dressaient le sanctuaire, chargeaient et déchargeaient les chariots servant à son transport, et en portaient les différentes pièces sur leurs épaules.

Rabbi Eliyahou Mizra’hi (Constantinople [1455-1526]) va plus loin dans son commentaire de la Tora ( Bamidbar  8, 24) : Il serait illogique de supposer que tous les lewiim devaient poursuivre cinq ans durant leur apprentissage avant de pouvoir être admis à assumer les tâches qui leur étaient dévolues. Il y avait certainement parmi eux des « apprentis » qui avaient besoin de moins de temps que d’autres. Il faut par conséquent considérer que la durée de cinq ans qu’il leur fallait consacrer à leur formation devait être celle que l’on réservait aux débutants les plus lents. Si cette durée était la plus longue, on pouvait effectivement considérer qu’elle était également celle à la fin de laquelle celui était encore inapte était voué à le rester définitivement.

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Haftarath parachath Beha’alothekha : Tabernacle et troisième Temple

A la fin de la haftara (Zacharie 2, 14 à 4, 7), l’ange qui conversait avec le prophète lui montra une menora en or, flanquée de deux oliviers situés de part et d’autre d’une coupe et alimentant en huile ses sept lampes par ses sept conduits (Zacharie 4, 1 à 3 et Rachi ).

Et alors que le prophète manifestait une totale incompréhension devant cette vision, l’ange lui en donna la clé : «  Ni par force, ni par puissance, mais par Mon Esprit, a dit Hachem des armées » (4, 5 et 6).

Expliquant le rapport, quelque peu mystérieux, entre cette parole divine et la vision de la menora , Radaq ( ad  4, 6) commente : « De même que toi, Zacharie, tu as vu que les besoins de la menora seront satisfaits sans intervention humaine pour arranger les lampes ni pour les alimenter en huile, de même le Temple sera reconstruit sans intervention humaine et uniquement par l’esprit de Hachem . »

Ce rôle purement passif que réserve ce texte à ceux qui assisteront à la construction du troisième Temple est à confronter avec celui, très actif au contraire, que la Tora , dans notre paracha , a dévolu à Aaron pour l’entretien et l’allumage de la menora du Tabernacle ( Bamidbar  8, 1 à 4).

Ce contraste s’explique peut-être par ce qu’écrit Rachi (ad Bamidbar  8, 1), citant le Midrach Tan’houma  : « Pourquoi le chapitre relatif à la menora fait-il immédiatement suite à celui relatif aux princes ? Parce que Aaron, lorsqu’il a assisté à l’inauguration par les princes, s’est affligé de ne pas avoir été avec eux, ni lui ni sa tribu. Le Saint béni soit-Il lui a alors déclaré : ?Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières? ».

Hachem n’a pas été absent lorsque Aaron a joué dans le Tabernacle le rôle qui a été le sien, mais Il a créé une situation qui lui a permis de Le servir dans la dignité.

A l’inverse, nous qui espérons et prions pour que soit reconstruit le Temple, recevons de la prophétie de Zacharie l’assurance que son rétablissement aura lieu de façon miraculeuse.

Jacques KOHN zal