Parachath Nasso  Sota et nazir

Parmi les divers sujets qui sont traités dans la parachath Nasso , on trouve les lois concernant la sota (« femme soupçonnée d’adultère ») et celles du nazir (« abstème »).

Pour expliquer cette proximité insolite, la Guemara (voir notamment Berakhoth 63a) recommande à celui qui a vu la sota dans sa déchéance de s’abstenir comme nazir de consommer du vin.

Peut-être peut-on découvrir, au-delà de cette exhortation didactique, d’autres liens entre ces deux institutions :

Elles font intervenir l’une et l’autre des sacrifices expiatoires. C’est ainsi que le mari de la sota présente « son offrande pour elle, un dixième de eifa de farine d’orge, il ne versera pas d’huile sur elle, et il ne donnera pas sur elle d’oliban, car c’est une oblation des jalousies, une oblation de souvenir, rappel du crime » ( Bamidbar  5, 15).

Quant au nazir , il doit présenter à la fin de sa période d’abstinence deux tourterelles ou deux petits de colombe comme expiatoire et comme holocauste ( Bamidbar  6, 10 et 11).

D’autre part et surtout, l’un des rôles essentiels joués pour dénouer l’état de la sota comme celui du nazir est celui du kohen . C’est un kohen qui fait boire à la femme les « eaux amères » qui la disculperont ou la condamneront. Et c’est un kohen qui reçoit des mains du nazir l’expiatoire et l’holocauste.

De plus, le voeu que fait le nazir emporte pour lui l’interdiction, tout comme celle à laquelle est soumis le kohen , de se rendre impur au contact d’un mort. Et cette interdiction est encore plus rigoureuse que celle du kohen puisque le nazir n’a même pas le droit de se rendre impur ni pour son père et pour sa mère, ni pour son frère et pour sa soeur ( Bamidbar  6, 7).

On comprendra mieux, dès lors, que ces paragraphes de la sota et du nazir soient immédiatement suivis de celui de la birkath
kohanim .

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Haftarath parachath Nasso 

La nazirouth de Samson

L’un des principaux sujets traités dans la parachath Nasso concerne le nazir , c’est-à-dire celui qui a fait v?u d’abstinence ( Bamidbar  6, 1 à 21). Sa réplique dans le séfèr Choftim est constituée par le récit de la naissance et de la vie de Samson, et sa haftara est empruntée au chapitre 13 qui retrace les événements ayant précédé la naissance de ce « juge ».

De multiples dissemblances différencient toutefois l’état de nazir tel qu’il est réglementé par la Tora et le destin de Samson :

En premier lieu, selon la Tora , les principales interdictions qui s’imposent au nazir sont les suivantes :

1°. Interdiction de consommer du vin ou des boissons à base de raisins.

2°. Interdiction de se couper les cheveux.

3°. Interdiction d’entrer en contact avec un mort.

4°. Interdiction de se rendre impur lors du décès d’un de ses proches (père, mère, frère et s?ur).

Dans le cas de Samson, cependant, seules lui ont été applicables les deux premières interdictions, et celui-ci, en de multiples circonstances, a tué des Philistins ? et s’est donc rendu impur  sans encourir aucun reproche quant à sa conduite (voir Radaq
ad  14, 19).

En deuxième lieu, l’état de nazir , selon la Tora , est provisoire : Il dure normalement trente jours ( Michna Nazir  1, 3), et celui qui a fait v?u d’abstinence est tenu, à la fin du temps imparti, d’apporter un sacrifice expiatoire, et ce pour avoir « péché contre son âme » ( Bamidbar  6, 11). En effet, expliquent les rabbins, il a eu le tort de rejeter les biens terrestres que Hachem lui a accordés et dont il aurait profité s’il n’avait pas prononcé son engagement. Se mortifier inutilement est aller à l’encontre de Sa volonté (voir notamment Taanith 11a).

Samson, au contraire, a été un «  nazir perpétuel » (« dès le ventre [de sa mère] »  13, 5).

Enfin, l’état de nazir ne s’impose normalement qu’à celui qui a fait v?u de le devenir, et il n’entraîne aucun effet sur sa famille. Dans le cas de Samson, au contraire, sa mère a reçu l’ordre de s’abstenir, avant même la conception de son fils, de tout vin et de toute boisson forte, ainsi que de tout aliment impur (13, 4 ? 7 ? 13 ? 14).

Jacques KOHN Zal